Je ne jetterai pas la pierre à Tony Gilroy, qui s’en sort plutôt bien, de mon avis, en regard aux avis acerbes qui fusent à l’intention de The Bourne Legacy. Oui, celui-ci, prenant des allures de Spin-Off, est nettement moins bon que les trois films composant la trilogie de référence, mais comment pourrait-on faire mieux, sans Matt Damon ni Paul Greengrass? Ayant été un formidable scénariste sur la franchise, Gilroy prend la place du réalisateur, tentant tant bien que mal de succéder à l’un de ses collègues, ayant été pour moi le meilleur dans son domaine. La tâche n’est pas aisée, voire même constituée d’un cahier des charges impossible à remplir. Il en va de même pour Jeremy Renner, qui succède à Matt Damon. Là encore, l’acteur, aussi bon soit-il, n’arrivera pas à égaler la froideur, le charisme de Matt Damon, ce qui fût l’une des forces majeurs de la trilogie précédente.
En somme, de bons techniciens et de bons comédiens, tentent de redonner vie à la franchise Jason Bourne, sans autant de réussite, mais avec un certain mérite. La pression sur les épaules de chacun est énorme, sur le scénariste, sur Jeremy Renner ou encore Rachel Weisz, mais surtout sur Gilroy, également coscénariste dans l’histoire. L’on fait de mieux que l’on peut, ça se sent, tout en égarant malheureusement le public dans de nombreux changement de lieux, avec d’innombrables traits-d’union aux déboires de l’ami Jason. Si la trilogie s’inscrivait largement dans le chromo du film d’espionnage, l’on n’est plutôt ici dans le domaine de l’action, ne captivant pas autant qu’il ne le faudrait. En gros, les actes de Jason Bourne ont d’énorme répercussions sur les destins d’autres agents surentraîner et drogués, que l’on se voit forcer d’éliminer. C’est ici la rébellion de l’un d’entre eux.
Oui, le concept du super tueur à la solde du gouvernement est éculé, Gilroy intègre donc la science à tout ça, la moins bonne orientation scénaristique du film, à mon sens. Le personnage d’Aaron Cross se défend toutefois d’être un digne successeur de Jason Bourne en étant plus bavard, plus amical, tout en étant aussi froid dans l’action, en moins bien. Bref, Jeremy Renner, est bon, que dire de plus, si ce n’est que pour l’un des autres interprètes du film, Edward Norton, le bilan est moins amical. Si l’acteur était embauché pour prendre le poste du méchant de service, c’est raté. Son personnage s’efface devant la situation, bavard pour ne rien dire, manquant singulièrement de charisme. L’on soulignera toutefois que la performance de Rachel Weisz est excellente. Le casting est donc inégal, même si l’on finit par s’y retrouver facilement, ayant de préférence encore en tête le destin de Jason Bourne.
Coté scènes d’action, c’est important, Tony Gilroy se surpasse. Si les combats sont loin d’être aussi impressionnant que précédemment, il nous délivre toutefois une scène de poursuite plutôt sympathique en plein Manille. L’on notera que le réalisateur s’appuie, ce qui est inédit sur la franchise, sur des images de synthèse en vue d’agrémenter l’action, bonne ou mauvaise chose, peu importe, le résultat étant de toute manière inférieure. Le bilan est donc mitigé, mais je garde une place toute particulière pour cette franchise dans mes favoris, je ne peux donc pas accabler Gilroy, Renner, ou autres, pour avoir tenté de poursuivre l’aventure, qui se poursuivra encore, à n’en pas douter. Les codes sont respecté, le film est de qualité et les images souvent très belles. Seul fausse note, la ruse avec le loup, vous comprendrez ou vous savez de quoi je parle. 14/20