C'est un film modeste, qui se contente de dispositif simple et très efficace. Le travelling dans la maison s'opère dans chaque circonstance durant le film, on est aux aguets, on change de pièce, on y revient, on en ressort. Jeanne Moreau est traqué au moindre recoins de son appartement, son fils (Hypolite Girardeau), comme le cinéaste, la traque, il la poursuit, lui impose de revenir sur ses souvenirs; sage au début du film (assis à table avec un peu de toux), il finit par véhiculer dans cette appartement et opère un transfert, et se mais à traquer sa sœur à la place de sa mère. Ce film est un film où le silence a autant de profondeur que de long dialogue, il y a une architecture dans les sonorités de ce film qui ne permette jamais aux spectateurs d'échapper à la tension mise en exergue. Au début du film, Jeanne Moreau ouvre la fenêtre pour ne plus entendre le jugement de Klaus Barbie, pour essayer de respirer un nouvel air, un air autre que celui qu'elle rumine depuis la libération, rien y fait, elle ferme la fenêtre, enferme la télé dans une pièce, s'en va de cette pièce, mais le son persiste, comme un bourdonnement. Ce bourdonnement est celui d'une mémoire dont elle ne veux plus parler. Enfin ce film se structure autour du souffle, qui existe dans la véhiculation des personnages dans un même espace comme dans une même famille. Ce film vient extirper les derniers souffles du souvenir de la Shoah, au pris du dernier souffle de la mère de ce film. Un travail de mémoire structuré autour du non-dit s'effectue sur chacun des personnages du film; il s'immisce jusque dans cette subtile conversation autour d'un thé entre et . Un travail sur le souvenir (entre le souvenir individuel -tout le long du film- et l'ouverture sur la responsabilité collectif -la scène de fin-) qui n'est une activité qui ne sera salvatrice pour personne (pas même son fils, qui continue de glaner les seuls informations sur le passé, seul, jusqu'à la fin). Enfin aux travers d'un parterre d'acteurs qui 'ne se la raconte pas' (alors qu'il pourrait!), un film simple et délictueux défile devant nous au travers de sa lumière et de sa photographie automnale somptueuse (Merci Caroline Champetier!)
Ce film ne ma pas du tout plus il dénonce seulement la protectection qu'une mère fait à son fils mais le support (la guerre mondiale) aurait mérité d'etre mieux traité !!!
La subtilité de ce long métrage se cache dans sa façon de suggérer le non-dit dans les paroles et dans les images. De manière intelligente et émouvante, Amos Gitaï développe quantité de non-dits et de silence. Tout d'abord, le non-dit familial, Rivka honteuse n'avouera jamais que ses parents, des fourreurs juifs russes, avait fui Paris pour la zone libre avant d'être dénoncés puis emmenés pour les camps de la mort. Que leur appartement avait été récupéré par ses beaux-parents, des bons français catholiques. L'acte réussi vient ensuite: le non-dit d'état ou plus exactement le déni.
"Plus tard" est un des plus beaux films d'Amos Gitai qui avait à mon avis raté le précédent "désengagement".Je commençais d'ailleurs à me démander si Amos Gitai allait se ressaisir par rapport à ses derniers films assez décevants.Voila qui est fait. Ici tout coule , fluide dans la douleur du passé. Jeanne Moreau et Hippolyte Girardot, les deux personnages centraux sont très convaincants. j'ai un peu moins aimé la séquence de retour au passé, mais dans l'ensemble on adhère à cette histoire sur la mémoire.Diffusé d'abord à la télé, ce film me parait plus destiné au grand écran là ou je l'ai vu.Un beau film de cinéma.
barbant et long!forcément bien joué:Moreau,Blanc,Devos,Girardot.le souci est ailleurs le film ne décolle jamais un tant soit peu.Tout est survolé et quand la fin arrive enfin,on attend encore la suite en vain!tout est en non-dit,en évitement,dans l'abstrait sauf le flash-back 1000 fois vus et revus.A éviter si ce n'est pour les acteurs (trices)
Plus tard tu comprendras, 2008, d’Amos Gitaï. Adaptation du livre autobiographique de Jérôme Clément, président d’ARTE, paru en 2005, avec Jeanne Moreau, Hippolyte Girardot, Dominique Blanc et Emmanuelle Devos. Ca me gêne de le dire tout de go : c’est un mauvais film. Gitaï nous avait déjà beaucoup ennuyés avec Free Zone (lent, long, mais où voulait-il en venir ?…) et là, il gâche carrément la bouleversante histoire de Jérôme Clément, mal racontée, mal filmée. A peine sauvé par l’interprétation des comédiens, le film aurait dû rester à sa place de téléfilm, sans aller au massacre prévisible du grand écran. L’erreur essentielle a peut-être consisté à prétendre faire d’une histoire personnelle poignante, qui se suffisait largement à elle-même, une fable universelle sur les racines, les rapports mère fils, les non-dits familiaux etc. C’est lourd, embrouillé jusqu’au grotesque, et je crains bien que le néophyte ne comprenne rien, ni maintenant, ni plus tard, malgré la belle promesse du titre. L’histoire et son contexte méritaient un autre traitement pour donner une chance à ce grave sujet d’émouvoir
Raconter cette histoire sans tomber dans le pathos ou le radotage etait un exercice casse-gueule. ET Amos Gitaï s'en tire franchement bien. Seule la scène de la synagogue ne cadre pas avec le reste, ne correspond pas au personnage de cette mère ayant choisi ad vitame aeternam le silence. Toutes les autres scènes sont aussi pudiques qu'efficaces. Seule exception à la pudeur : la ressemblance physique entre Jerome Clément et Hippolyte Girardot et celle de Catherine Clement avec Dominique Blanc. Il y a là quelque chose à la limite du dérangeant et on comprend aisément que Catherine Clement en ait été perturbée. C'est au final un très beau temoignage sur ces personnes d'ascendance juive d'un coté, catholique de l'autre et la difficulté à concilier ces deux histoires, surtout quand l'une a joué un rôle dans la disparition de l'autre.
Vu sur France 2 juste avant sa sortie en salle, ce téléfilm aurait sans doute pu rester sur le petit écran. Comme beaucoup de sorties récentes (Sagan, La belle personne). Parfait pour le format télé au contraire du dernier film de Gitaï Désengagement avec Juliette Binoche, qui passait très bien sur grand écran. Plus tard aurait pu être un film fort par son sujet, s'il ne l'est pas pour sa forme. La réalisation est en effet très plate et sans saveur. Sans doute cela est voulu pour ne faire passer que les idées et les sentiments. Alors certes tout est en non-dits et en regards. Mais ce manque de mise en scène bloque finalement toute émotion. Le flash-back sur l'arrestation des grands parents en plein milieu du film est inutile et malvenue. L'intérêt résidait dans le fait de ne rien voir et d'apprendre les chose par brides et témoignages divers, comme le personnage principal. Mais cette scène met un peu tout à plat en montrant et en ne suggérant plus. Nous reste alors le seul vrai moment d'émotion entre la grand-mère et les petits-enfants dans la synagogue. Mais trop tard le mal est fait. Pourtant le casting est de choix. Outre Jeanne Moreau, Hippolyte Girardot, Emmanuelle Devos et Dominique Blanc tous sont sobres et convaincants. Les intentions sont bien sûr bonnes et sincères et le film est aussi là pour nous rappeler que le devoir de mémoire doit perdurer, mais c'est long, un peu ennuyeux et manquant d'émotion. Raté. Dommage.
C'est clairement raté, et même ennuyeux, un comble pour un tel sujet. Le seul moment où le film décolle un peu c'est lorsque J.Moreau emmène ses petits enfants à la synagogue. Sauf erreur, il faut subir 1h avant cela de travellings d'une pièce à l'autre en traversant les murs.. Que c'est mauvais !. E.Devos et D.Blanc semblent complètement égarées et assurent laborieusement.
Ce film est complètement raté. Le flash back de l'arrestation est une blague, c'est horrible, on en est presque mal à l'aise tellement c'est à côté de la plaque. Seules les séquences de Jeanne Moreau à la synaguogue et qui fait à manger à son fils sont regardables C'est à peine croyable les critiques que ce film reçoit de la presse
Amos Gitaï, souvent attaché à la richesse des thématiques entourant la religion juive et la persécution du peuple juif durant la Seconde Guerre Mondiale, ou du moins les réactions et attitudes qui en ont découlées jusqu'à nos jours, réalise ici un drame sur la mémoire, réalisé pour la télévision. Il n'y a pas de véritable innovation, dans le fond comme dans la forme, mais toujours, chez Gitaï, une force dominante qui vient de l'intérieur, du vécu des sujets et de l'attachement aux racines qu'il défend fortement. Sa mise en scène, faite de plans-séquences qui ne s'éteignent jamais, et suivant la symétrie du montage (évanescence de l'atmosphère au début, allègement de la fin) dont le coeur est le point culminant en plein milieu du récit (une reconstitution plombante et lacrymale du passé de la famille de Victor), parvient, à force d'étirements et de la justesse des durées, à créer une intimité partagée, douce et sincèrement prolongée dans le Temps. "Plus tard, tu comprendras" peine pourtant à décoller tant l'essentiel devoir de mémoire et l'Histoire côtoient l'anecdotisme des situations, laissant la douleur du souvenir et le besoin d'une reconstitution personnelle au stade d'un acte rare et dont l'universalité (qui, dans n'importe quelle situation, n'a pas vécu cela?) est laissée de côté. Reste qu'il est toujours agréable, dans cette oeuvre mineure, de retrouver ce mystère planant dans le langage d'Amos Gitaï, sûrement plus à l'aise dans son précédent film, "Désengagement" , mais toujours aussi émouvant dans sa conquête des vérités et son acharnement pointu à revivre après les drames. Sa direction d'acteurs, elle aussi, est l'un des sommets de son film, comme souvent : Jeanne Moreau y est splendide en mère fatiguée gardant en elle les secrets d'une vie, Hippolyte Girardot impressionnant d'accaparation, et Emmanuelle Devos égale à elle-même, c'est-à-dire fragile, déchirée, de lambeaux d'une infinie douceur, qui se tiennent.