Deux ans après l'immense succès du « Pacte des loups », une version télévisuelle aux moyens beaucoup plus modestes mais se regardant avec intérêt pour plusieurs raisons. Historiques, déjà : cette « Bête du Gévaudan », malgré d'évidentes libertés, se montre beaucoup plus rigoureuse que sa prédécesseure, offrant une vision souvent juste de la France du XVIIIème siècle, profondément divisée entre croyances populaires et recours à la science. La Royauté n'est pas franchement épargnée, hautaine et méprisante, prenant des décisions purement politiques et souvent de loin (mais cela a t-il beaucoup changé?), sans dédouaner la « violence ignorante » des villageois, encouragés en cela par une Église protégeant avant tout ses propres intérêts face à une réalité qu'elle refuse d'entendre. Patrick Volson et son scénariste Daniel Vigne n'en oublient pas la dimension policière de l'œuvre, ponctuée de crimes atroces face auquel un séduisant médecin fera parler la raison pour élucider le mystère. Il y avait d'ailleurs probablement meilleure façon de mener cette intrigue : certains faits sont révélés trop tôt, notamment celle d'un
« coupable humain »
, la réalisation, au demeurant soignée, manquant de brio, de passion pour amener plus d'intensité, notamment dans le dénouement. Cela reste néanmoins de la belle ouvrage, interprétation parmi bien d'autres de ce qui a pu se passer entre 1764 et 1767 en Gévaudan, prenant soin de ses personnages, principaux comme secondaires, et pouvant compter sur une interprétation souvent de grande qualité : Sagamore Stévenin fait forte impression dans un rôle très attachant, bien entouré par son père Jean-François, mais aussi un Guillaume Gallienne quasi-débutant ou encore Vincent Winterhalter et Maxime Leroux, excellents en représentants d'un pouvoir aussi puissant que lâche, voire pervers. De la fiction télévisuelle de qualité, habile mélange de polar historique et d'opposition « croyance-sciences », à laquelle le dénouement, à première vue longuet, donne tout son sens une fois vue dans son intégralité. À (re)découvrir.