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René Kerjean
2 abonnés
5 critiques
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4,5
Publiée le 24 octobre 2023
Naked Kiss (1964, Police spéciale) n’appartient pas à mon avis au genre « film noir » contrairement à l’avis de Jean-luc Lacuve, l’excellent spécialiste du meilleur site de films @cineclubdecaen. Pour moi, un film noir doit, comme une tragédie, affirmer immédiatement que la fin va être terrible pour le personnage principal. Les motivations à l’œuvre doivent absolument être le fric et le sexe, laissant peu -ou plutôt pas- de place aux sentiments, surtout pas aux sentiments familiaux. De plus, toujours à mon avis, on ne s’identifie pas au personnage principal comme sympathique, même si on doit l’observer avec une certaine compassion car il s’agit souvent d’un (ou d’une) looser. Ici, Sam Fuller, l’auteur de Schock corridor, ce chef d’œuvre – très dur - de 1963 sur la psychiatrie et la maladie mentale où le personnage féminin est Constance Towers, une actrice au physique et au comportement spectaculaires et à l’expression d’une constante émotion et dune grande tension, ici donc Fuller nous fait connaître Kelly (Constance Towers également), une prostituée qui cherche à se recycler en partant dans une petite ville (nommée ironiquement Grantville, l’homme fort de la ville étant évidemment Michael Grant). Que penser de Kelly ? Nous ne le saurons qu’à la dernière scène. Dans l’avant-générique elle bat son proxénète avec son sac pour récupérer ses 65$. Dans la bataille elle perd sa perruque et se retrouve le crâne nu. Une fois l’homme assommée et partiellement dépouillé, Kelly remet sa perruque, se coiffe et se maquille en regardant l’écran comme si c’était son miroir. Nous nous trouvons littéralement « De l’autre côté du miroir ». Le générique se déroule pendant ce maquilage et quandf il se termine Kelly débarque à Grantville du Greyhound, faisant grande impression, évidemment sur Griff, le chef de la police, passablement véreux et plus ou moins proxénète. [spoiler] Est-ce que son activité d’infirmière auprès des enfants handicapés, activité qu’elle choisit à Grantville, où elle excelle et pour laquelle elle semble donner toute sa tendresse, n’est qu’un masque et un moyen d’accéder au milliardaire Grant qui possède la clinique où elle travaille, le séduire et se faire épouser ? Ou bien est-ce que Kelly exprime là réellement son immense tendresse maternelle pour les enfants ? Quand Grant est tué, Griff arrête Kelly et débrouille l’écheveau. Il y a donc un doute permanent pendant le film et on n’est jamais certain, comme dans un film noir, qu’on va directement au désastre et que toutes les actions des personnages ne vont faire qu’empirer la situation. Dans un film noir on ne pose pas la question « quoi ? » (la fin terrible est certaine) mais « comment » ? Ici, ce n’est pas du tout le cas, et, de plus, les sentiments maternel forment le cœur de l’intrigue. On n’a donc pas là un film noir mais un mélodrame, de façon surprenante de la part du vétéran caporal multi-décoré Fuller, et en grande partie grâce au jeu hypertendu de Constance Towers, l’un des plus beaux mélos d’Hollywood, avec ceux de Kazan Minnelli et surtout évidemment de Douglas Sirk. - Excellent édition en dvd Wildside « l’âge d’or du cinéma américain ». - Pour le titre se référer à l’épilogue.
Après le visionnage de deux Douglas Sirk plutôt mineurs ( "Les Ailes de l'espérance " et " les Amants de Salzbourg " , rien te tel qu'un précipité de modernité cinématographique avec dans la lignée de "Shock Corridor" et des "Bas Fonds new yorkais", le Cinéma de S. Fuller dans tout ce qu'il a de sauvage , d'inattendu et d’inventif avec cette manière de faire rentrer en collision les thématiques et les registres. Une Claque !
Un film magnifique. Beau, comme seul le noir-et-blanc le permettait. Tout commence par un prologue en forme de coup de poing (ou de coups de chaussures) et se poursuit en un faux film noir à l'envoûtante musique jazzy. La bande-son change (Beethoven, Sonate au clair de lune) avec le ton du film, la morale (quel autre mot choisir?) s'élève à hauteur de la mise en scène, avec quelques scènes incroyables, certaines presque surréalistes. Seule réserve : que le film ne s'achève passpoiler: sur la mort de Grant , donc aussi brutalement qu'il n'avait commencé ; l'interrogatoire, etc, justifie le titre français mais atténue l'ensemble. En tout cas , à revoir ad libitum.
Salué par la critique et #metoo avant l'heure, ce film a du mal à se dégager d'un scénario lourd et stéréotypé malgré des prises de vues très soignées. Difficile aussi de trouver de grandes qualités aux acteurs.
Un début brillant, audacieux, avec un talent dans l'audace comme Fuller sait le faire. Et puis... plus rien, une intrigue tirée par les cheveux et une narration bien poussive, sans éclat.
Un détonnant mélange de mélodrame et de film policier où Fuller met à nu sa veine sentimentale. Constance Towers est formidable en ancienne prostituée au grand coeur qui devient la bienfaitrice d'une ville et veut sa part de rêve. Elle est le coeur battant du film. Et quand le conte de fées se teinte de noir, on est à ses côtés grâce à la mise en scène de Fuller qui nous fait participer à l'action par l'angle des prises de vue (souvent frontal). Un des meilleurs films de Fuller. Voir ma critique complète sur mon blog : newstrum.wordpress.com
Le film se remarque principalement par la performance de Constance Towers avec un rôle plutôt atypique pour l'époque. Le réalisateur aborde des thèmes chauds et soigne particulièrement son entrée en matière mais sa gestion à la louche des transitions et le jeu moyen de certains acteurs sont dommageable pour le film.
THE NAKED KISS est essentiellement connu pour sa percutante séquence d’ouverture dans laquelle Constance Towers, chauve et en soutien gorge corrige son souteneur. Malgré sa qualité et son impact, le film ne peut être résumé à cette scène spectaculaire. Loin de là. Vendu comme un film policier très olé olé sur les affiches américaines et avec un titre abusif en France (Police spéciale), Fuller développe à travers ce vrai faux polar son film le plus ambitieux. Prenant par la prostituée au grand cœur (Constance Towers étonnante, dans le rôle de sa vie) la société et sa morale convenue à contre pied, le cinéaste nous offre une peinture au vitriol de la société américaine (occidentale ?) où les satisfécits moraux varient en fonction des opinions. Dans ce qui peut être considéré comme son plus grand film, Fuller aborde la pédophilie, trente ans avant qu’elle soit dénoncée par le cinéma, car il ressentait l’abus sur enfant comme le pire des crimes. THE NAKED KISS est à la fois le sommet de sa carrière, mais aussi son chant du cygne. Le film sera un tel four qu’il en sera fait de son indépendance. Il faudra attendre 15 ans pour un nouveau projet personnel : THE BIG RED ONE.
Dès la scène d'intro, on retrouve tout ce qui fait le sel et la particularité du cinéma de Fuller : frénésie du mouvement, hystérie, audaces visuelles, son cinéma attrape le spectateur par les tripes, par surprise, et nous entraîne dans les abîmes de l'Homme. On va donc suivre le parcours de cette ancienne prostituée qui va se faire une nouvelle réputation dans cette petite ville, dévoilant peu à peu la vraie nature de chacun des notables de la ville. Il en résulte un film qui a eu du mal à me captiver toutefois, de manière inexplicable, en dépit de la magnifique photo du film, de son scénario assez subversif qui met à mal la représentation de la société US et de certains tabous. La dernier tiers redonne un peu de souffle à l'ensemble, se révélant plus dérangeant et surtout, exploitant son effet choc avec beaucoup d'intelligence. Bref, un film encore une fois intéressant d'un auteur un peu oublié, pourvoyeur de pépites écrites à l'acide et au souffre, réalisées avec savoir-faire et surtout, avec des acteurs convaincants (superbe C. Towers, bien entourée par quelques 2nds rôles de choix). D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
Il est clair qu'on ne s’attend pas à ce genre de film de la part de Samuel Fuller, pourtant on est dans son monde, noir et froid. Le baiser nu, le baiser sans âme, nous montre le triste milieu de la prostitution, souteneur violent, client abusif et flic véreux. Une histoire qui s'enlise merveilleusement, une histoire où il faut survivre, une histoire à la "Fuller", surprenante et terriblement tragique.
Une chose est sûre, j'ai vu trop peu de films de Fuller, cependant ce Naked Kiss, si c'est loin d'être le meilleur que j'ai pu voir de lui, c'est pas pour autant de la merde, vois-tu ?
On sent que Fuller déborde d'idées de cinéma, alors si même le film manque un peu de rythme, peut paraître un peu long sur la fin, il transpire d'idées, on a envie de l'aimer malgré tout. Finalement l'histoire si elle semble assez originale, n'est pas forcément le point le plus important et intéressant du film. J'aime la voir évoluer, cette femme, dans ce noir et blanc somptueux, voir finalement tout le monde qui se retourne contre elle par peur, par crainte, alors qu'elle représente en quelque sorte un modèle de vertu, mais une vertu entachée par son passé.
Et nous avons cette scène magnifique de flirt entre elle et son futur fiancé, où il lui dit que c'est rare une femme qui allie l'esprit à la beauté. Quel beau compliment. Il ajoute qu'elle est une contradiction fascinante. Quel beau passage, mieux encore, la petite utilisation de la sonate au clair de Lune sublime le tout.
C'est pour moi l'une des scènes clés du film, avec cette révélation, on entend l'enregistrement du chant des enfants et ces gros plans terrifiants.
Si the naked kiss c'est pas un grand film, ça reste malgré tout du bon cinéma. C'est pas un film où on se moque de toi. Après si l'on excepte les deux scènes que j'ai cité j'ai trouvé que ça manquait un peu d'émotion, j'aurai aimé être plus touché.
"The Naked Kiss", traduit bêtement "Police Spéciale" en français est loin d'être le meilleur film de Samuel Fuller. On n'y retrouve pas la fulgurance de la mise en scène habituelle à laquelle on avait le droit dans "Shock Corridor" mais le style Fuller est bien là, résidant dans son scénario : Kelly, une ancienne prostituée fuit sa vie et se réfugie dans une petite ville où elle compte repartir à zéro. Mais un policier véreux découvre ce qu'elle était et ne cesse de la harceler. L'histoire est bien pessimiste, Kelly n'ayant pas le droit à la rédemption qu'elle cherche et qu'elle mérite, s'occupant en plus d'enfants handicapés dans un centre spécialisé. Pour le policier, elle ne peut échapper à sa vraie nature : celle d'une perverse qui vend son corps aux autres hommes. Et voilà pourquoi elle sera acceptée facilement par le riche homme de la ville, cachant lui aussi une perversité. Aucun homme n'est à sauver dans le scénario et Kelly doit se débattre seule pour s'en sortir. Mais si le fond de ce scénario est vraiment puissant, il est parfois maladroitement mis en scène avec de courtes séquences abruptes qui ne viennent pas se loger au sein de l'histoire. Le film perd donc de sa puissance et ce malgré les prestations des acteurs qui sont tous très convaincants.
Loin d'être parfait, et recueillant d'ailleurs des avis très divergents, The Naked Kiss mérite sans doute surtout d'être vu pour son scénario. Une ancienne prostituée tente de refaire sa vie et pense y parvenir lorsqu'elle est est confrontée à un cas de pédophilie. On est en 1964 et j'ignore si le sujet avait déjà été abordé au cinéma auparavant. Se pose alors le problème de la place accordée par la société aux prostituées: au mieux lorsqu'elle les tolèrent, elle ne leur accorde aucun crédit et ne veut surtout pas se mêler à cette catégorie de personnes. On a donc un regard assez critique sur une certaine hypocrisie de nos sociétés (et 50 ans après, cela resta vrai). L'autre mérite de ce film est de présenter un personnage principal féminin particulièrement fort. Le fait reste encore suffisamment rare aujourd'hui pour mériter d'être souligné. Si les dialogues sont dans l'ensemble assez moyens, on retiendra surtout les scènes dépourvues de dialogues. En somme, c'est un film non dénué de défauts, mais qui mérite d'être vu car novateur.
Pour adorer ce film il faut adorer le cinéma,le pur cinéma celui qui ne s'encombre de rien, mélange de rêve,de réalité,d'excès humains; tout cela porté par une mise en scène magistrale qui nous met si loin du réel. Tel est le cas de ce chef d'oeuvre absolu qui rejoint sur la forme ''la nuit du chasseur'' mais en beaucoup plus intellectuel sur le fond. Il y aurait tant à dire, plus on le visionne plus il plaît et plus il devient émouvant. Samuel Fuller n'est pas à son vrai rang dans la hiérarchie des réalisateurs, il n'occupe pas encore la place de Van Gogh en peinture et comme ce dernier sa plus belle oeuvre n'a eut aucun succès de son vivant: cela viendra. C'est dommage pour nous, car après cet échec commercial Fuller s'est retenu et il n'a plus rien produit de ce niveau dans les 30 années qui ont suivi. C'est un film inracontable tant chaque courte séquence contient de richesses. Pour les amateurs de John Ford, découvrir en plus sous ce jour l'héroïne des ''cavaliers''et de ''sergent noir'' n'a pas de prix .
Avec ce "Police spéciale", Samuel Fuller démontrait qu'il savait faire autre chose que des films de guerre ou des films noirs. Ici, le réalisateur du "Port de la drogue" et des "Maraudeurs attaquent" traitent du sujet difficile de la pédophilie. Il permet à Constance Towers de jouer là le rôle de sa vie, dans la peau d'une ancienne call-girl reconvertie en garde-malade pour enfants handicapés. Fuller ne lâche jamais son sujet et imprime à tout le film une sorte de tension qui permet à l'intrigue de se nouer peu à peu autour d'un étrange triangle amoureux. Un très bon film magnifiquement interprété.