Il est indispensable d’être indulgent envers quelques vieux westerns. On se doit de les placer dans un certain contexte.
Et puis c’est comme tout : il y en a de réussis et de ratés.
Certains de bien ridés, d’autres qui portent de belles rides.
Question de sensibilité aussi.
Il est clair qu’avec l’arrivée de Sergio Leone, du nouvel Hollywood avec « Le soldat bleu » par exemple, de Clint Eastwood, « Danse avec les loups » ou « Hostile » ou des séries comme « The Godless », « 1883 » ou dernièrement « The English », ce « Taza, fils de Cochise » paraît, naïf et ridicule.
Taza, c’est Rock Hudson. Il campe un indien honorable et relativement crédible.
Les corps à corps avec son frère Naiche (Rex Reason) et les quelques combats sont de l’ordre du naïf.
La torniole donnée par Aigle Gris (Morris Ankrum) à sa fille Oona, Barbara Rush, potiche de service, prête à rire. Mais ce sont surtout les dialogues qui frisent le ridicule.
A eux seuls, ils donnent un sacré coup de vieux à ce film respectable.
Enfin, la volonté de Taza de poursuivre l’oeuvre de paix de son père Cochise pose question dans son traitement par rapport à Geronimo (Ian MacDonald) et Naiche, le frère de Taza.
Douglas Sirk, l’européen, veut apporter sa pierre sur l’autel de la réhabilitation des indiens.
A sa façon, il tient à dénoncer le traitement humiliant et caricatural fait aux indiens.
Si à travers la figure de Taza, l’indien est honoré, que penser de Geronimo et Naiche ? Ils demeurent caricaturaux et leur caricature est tournée en ridicule.
A travers la figure de Taza, Hollywood se donne une bonne conscience.
D’accord, il en est des indiens comme des blancs : il y a des bons et des méchants. Geronimo et Naiche passent pour des méchants alors que leur refus de céder un pouce de leur terre spoliée est légitime.
Je suis conscient qu’en raisonnant ainsi, je porte un discours moderne nourris de lectures, de reportages, de prise de conscience sur la condition indienne jusque là maltraitée par le vieil Hollywood.
Mais en replaçant le film dans son contexte des années 50, on peut imaginer que « Taza, fils de Cochise », homme de bonne volonté, vêtu de la Tunique bleue, est un film à la démarche progressiste à travers le personnage Taza.
Ce devait être déjà beaucoup pour le spectateur lambda.
Désolé, selon moi, ce « Taza, fils de Cochise » a très mal vieilli, pour autant il ne mérite pas d’être relégué aux oubliettes.
Ça reste une curiosité dans la mesure où Douglas Sirk s’est essayé au genre. Il n’a pas renouvelé l’expérience.
Dommage ou tant mieux ?
Devinez en ce qui me concerne...