À sa sortie en 2009, "I Love You, Beth Cooper" avait été vendu en France comme un énième teen-movie graveleux. Pourtant, à bien regarder derrière son humour apparent, cette comédie adolescente signée Chris Colombus avait des intentions bien plus honorables comme celle d'un regard teinté de mélancolie sur l'idéalisation naïve qu'un amour lycéen non réciproque peut engendré. Dommage que le résultat final ne rende pas du tout justice à ses ambitions de départ...
Élève brillant mais effacé, Denis (Paul Rust) décide de dévoiler tout ce qu'il a gardé sur le coeur pendant ses années de lycée lors de son discours de cérémonie de remise de diplômes. Surtout, il avoue enfin devant l'assemblée ses sentiments à l'égard de la plus belle fille de sa promotion, Beth Cooper (Hayden Panettiere). Plus tard, il l'invite à une fête organisée chez lui, le début d'une nuit qui va bien entendu partir en vrille...
Ce qui frappe tout d'abord le plus, c'est à quel point "I Love You, Beth Cooper" est fatigué d'un point de vue comique ! Comme s'il débarquait avec dix ans de retard, le film prend de sérieuses allures de best-of des situations les plus éculées de teen-movie. L'humour apparaît tellement daté d'un autre âge dans son accumulation de clichés que l'on en vient à se demander comment personne n'a pu se rendre compte que cette comédie était déjà désuète avant même de naître. Quelques sourires pointent le bout de leurs lèvres ici et là mais toujours devant des séquences laissant une impression de déjà-vu ailleurs et en bien mieux. En fait, la ligne directrice adoptée par Colombus semble avoir été : "On met tout ce qui a marché auparavant et ce sera forcément drôle à un moment ou à un autre, vous verrez !". Ben non.
Effectivement, tout est absolument là : le nerd amoureux de la pom-pom girl dont la personnalité ne correspond pas à ses attentes, le meilleur ami potentiellement gay, le petit ami stupide et costaud, la brute au grand coeur, la meilleure copine débile, un animal fou furieux parce que ça marche toujours, les virées dans les bois, dans une soirée de folie, à l'école désertée... et on en passe, la liste est vraiment longue. Mais le regard figé d'un Chris Colombus cinquantenaire sur les standards révolus du teen-movie ne permet jamais aucune réappropriation inventive de ceux-ci, nous laissant ainsi devant un spectacle qui paraît avoir oublié toute notion de modernité en cours de route.
Évidemment, la thématique de la fille inatteignable dont on a tous été amoureux au lycée aurait pu changer la donne. C'est d'ailleurs là que le film fonctionne le mieux et où les deux acteurs principaux révèlent le meilleur d'eux-mêmes, lorsqu'il fait transparaître la différence entre l'idéalisation et la confrontation à la réalité, quand il met en lumière la fragilité de Beth Cooper derrière sa popularité et les apparences ou, durant la dernière partie, en laissant l'émotion de la fin d'une époque sentimentale prendre le dessus. Mais, là encore, "I Love You, Beth Cooper" se montre trop timide en ne s'en tenant qu'à l'évocation de ce thème dans un déferlement comique inutile qui empêche toute tentative d'explorer la mélancolie et les failles qui l'entourent.
On pourra au moins reconnaître au film qu'il a le mérite de se suivre sans ennui grâce à son rythme soutenu mais, sans jamais faire mouche au niveau de la comédie et en ne se révélant pas assez pertinent sur son approche principale qui transcende pourtant toutes les générations (tout le monde a, un jour, connu une Beth Cooper), "I Love You, Beth Cooper" est un teen-movie parfaitement insignifiant.