Depuis sa création il y a 125 ans, l'Orchestre philharmonique de Berlin n'a jamais autorisé aucune équipe de tournage à pénétrer dans son sanctuaire pour explorer son fonctionnement. Aux côtés de leur chef d'orchestre Sir Simon Rattle, les caméras suivent les musiciens tout au long de la tournée, à travers les villes de Pékin, Séoul, Shanghai, Hong Kong, Taipei et Tokyo.
Célébré pour sa sonorité exceptionnelle, l'Orchestre philharmonique de Berlin est l'un des plus réputé au monde. La formation, qui se compose de 126 musiciens, voit le jour en 1882. A l'origine de la constitution de l'Orchestre, la sécession d'une cinquantaine d'instrumentistes qui, exploités par leur chef d'entreprise et chef d'orchestre Benjamin Blise, refusent de signer leur engagement; et aussi parce que leurs conditions financières et matérielles sont tout simplement devenues intolérables à leurs yeux. Les musiciens révoltés s'organisent donc en association, et fondent un nouvel ensemble qui se donne pour idéal l'éxécution la plus parfaite possible de la musique symphonique, telle que la leur révéla le chef Hans Von Bülow (1830-1894). En 1884, la société du Philharmonique de Berlin associe chacun de ses membres à la gestion ainsi qu'à la lligne artistique, comme le choix du chef et des nouveaux membres. Grâce à un succès croissant et au soutien de généreux donateurs dont Joseph Joachim (1831-1907), alors directeur de l'Ecole de musique de Berlin, l'association musicale progresse et trouve son rythme de croisière. L'impresario Hermann Wolff apporte aussi son regard visionnaire : il propose l'idée des abonnements et déniche le lieu de la Philharmonie, une ancienne patinoire qui est réaménagée en lieu de concert. Inauguré en 1889, le site restera le lieu de concerts de plus en plus prestigieux, jusqu'à sa destruction en 1944.
Il a fallu six mois à l'équipe du film pour écrire le script, effectuer les recherches nécessaires et préparer le film. La suite, c'est Thomas Grube qui la raconte : "J'ai commencé par accrocher 126 photossur le mur de mon bureau. Avec mon assistant Lukas Macher, nous avons procédé à des interviews préliminaires des musiciens, d'une heure chacun, à raison de cinq par jour. Quand le voyage a commencé, nous avions déjà fait 55 interviews."
Pour le tournage de rip to Asia en quête d'harmonie, Thomas Grube s'est adjoint les services de Anthony Dod Mantle, qui a notamment travaillé sur la photo de Dogville en 2003 et celle du Dernier roi d'Ecosse en 2007; et Alberto Venzago, photographe chez Magnum Photos, qui a reçu le prestigieux Prix Robert Capa pour son travail.
La parole à Thomas Grube : "J'ai découvert le monde de la musique classique grâce à mon ami et producteur Uwe Dierks, qui était le chauffeur de Leonard Bernstein pendant ses études. C'est lui qui m'a fait connaître l'univers de Bernstein et sa musique. Par la suite, nous avons réalisé quelques documents pour la Deutsche Grammophon, ce qui nous a permis de faire la connaissance d'artistes tels que Plácido Domingo, Hilary Hahn, Anne-Sophie Mutter, mais aussi l'Orchestre Philharmonique de Berlin, qui à l'époque était encore sous la direction de Claudio Abbado. Avec Rhythm is it !, nous sommes vraiment entrés au coeur de la vie de l'orchestre philharmonique. Donc quand les musiciens de l'orchestre nous ont proposé de les accompagner pendant leur tournée asiatique, je ne pouvais pas refuser. Grâce à Rhythm is it !, une relation de confiance mutuelle s'était établie. C'était donc l'opportunité unique de pouvoir aller encore plus loin dans la découverte de cette légende musicale. J'ai toujours été fasciné par le processus artistique et la capacité humaine à créer. Comprendre la vie et l'organisme de ce collectif d'artistes hors du commun a été une grande aventure personnelle et une expérience très enrichissante. Dès les prémices de Trip to Asia, je voulais que la trame dramaturgique soit différente de celle de Rhythm is it !. Mon but était de raconter le quotidien de l'orchestre, d'une communauté qui s'apparente presque à une micro-société. Trois ou quatre intervenants n'auraient pas suffi pour ce film. En plus, je voulais me lancer un nouveau défi. Vingt-cinq musiciens interviennent donc dans le film, mais je ne crois pas que cela nuise à l'empathie du spectateur".