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    The Limits of Control
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "The Limits of Control" et de son tournage !

    Jarmusch & friends

    Le rôle principal de Limits of Control est interprété par un acteur familier de l'univers de Jim Jarmusch : Isaach de Bankolé. L'acteur incarnait le vendeur de glaces jovial de Ghost Dog: la voie du samourai, et a joué dans un segment de Night on Earth, ainsi que dans un des courts métrages de Coffee and cigarettes. Il y avait pour partenaire Alex Descas, qu'on retrouve dans ce film. Le réalisateur a aussi fait appel à Bill Murray, héros de son film précédent, Broken Flowers, dans lequel figurait Tilda Swinton, elle aussi à l'affiche de son nouveau film. Enfin, vingt ans après Mystery Train, Jarmusch dirige l'actrice japonaise Youki Kudoh -et une fois encore, elle est dans un train...

    Retour sur "Point Blank"

    Le cinéphile Jim Jarmusch évoque ses influences : "Pour moi, c'était (...) : "Qu'est-ce que ça donnerait si Jacques Rivette tournait un remake du chefd'oeuvre de John Boorman Le Point de non retour ? Ou si Marguerite Duras tournait un remake du Samouraï de Jean-Pierre Melville ?" (rires) Chez moi, inconsciemment, Antonioni n'est jamais bien loin, alors il doit probablement être quelque part ici. Mais je ne songeais pas à lui au départ. Je pensais indirectement aux films policiers européens des années 70 et 80, comme certains titres de Francesco Rosi. Ces inspirations me traversaient l'esprit, je cherchais un style plutôt qu'à imiter des films. Le plus important sans doute a été Point Blank. Nous avons appelé notre société de production PointBlankFilms.Christopher Doyle, Eugenio Caballero et moi avons étudié Point Blank de près. Pas du point de vue de son rythme mais de son style : les cadres dans le cadre, les objets vus à travers une porte ou une fenêtre ou un passage voûté, les plans qui entretiennent une confusion entre intérieur et extérieur par l'usage de surfaces réfléchissantes (...) Parker est un tueur professionnel. C'est quelqu'un qui reste toujours vraiment maître de lui-même (...) Le personnage des romans et de Point Blank était toujours lié, dans mon esprit, à ce que devait être le personnage de ce film."

    Isaac, banco !

    Jim Jarmusch parle de sa complicité avec Isaach de Bankolé, à qui il a cette fois confié le rôle principal : "C'est un comédien et un type incroyable. Nous sommes amis (...) depuis 25 ans. J'ai presque l'impression que notre amitié et nos collaborations devaient naturellement nous mener à ce que nous avons fait aujourd'hui, à ce qu'il porte sur ses épaules tout un film d'une façon aussi intense. Il y a quelques années, Isaach m'avait donné deux petites photos d'identité de lui, prises à 24 heures d'intervalle. Sur la première, il portait une barbe. Puis il s'était rasé, il s'était fait prendre en photo le lendemain et on aurait dit quelqu'un d'autre ! Dans Night on Earth, je lui avais mis un sparadrap sur le front. Cela modifiait la plastique si singulière de son visage (...) Il est capable d'exprimer tant de choses d'un simple froncement de sourcil ou d'un plissement des lèvres (...) Le langage de son corps dégage une grande force altière. Dans The Limits of Control, il fait s'exprimer son personnage en semblant ne rien faire."

    Le tour d'Espagne

    Limits of Control a été tourné dans plusieurs régions d'Espagne, de Madrid à Seville, en passant par Almeria et San Jose.

    Séville ravit

    Le réalisateur parle de son amour pour la capitale andalouse : "Les paysages naturels du sud de l'Espagne que le personnage d'Isaach traverse représentaient quelque chose de très étrange et d'assez magique pour nous. Séville est une de mes villes du monde préférées, à chaque fois elle m'enchante. Je me souviens de ma première visite, aux alentours de 1980 avec Fab Five Freddy. Le soir où nous sommes rentrés à New York, j'ai allumé la télévision et Orson Welles répondait à des questions dans un talk-show. On lui demandait : "Vous avez fait le tour du monde, mais quelle est votre ville préférée ?" Sans hésitation, Welles a répondu : "Séville, et haut la main !" Je crois bien qu'il est enterré là-bas, dans les environs. C'est une ville très visuelle. Les courbes des ruelles étroites, l'architecture tout en détails... Partout sur les immeubles il y a des balcons. Leur dessous, uniquement visible depuis la rue quand on lève les yeux, sont couverts de carreaux ornés. Même les carrelages de la cage d'escalier de l'appartement dans lequelle personnage d'Isaac séjourne à Séville sont absolument extraordinaires."

    Almeria calling

    La maison où on rencontre Bill Murray a été choisie par Jim Jarmusch grâce à... Joe Strummer, le chanteur des Clash ! Le cinéaste raconte : "Après sa mort, sa veuve Lucinda m'a dit : "Il y a une maison bizarre près de chez nous, sur la même route. Chaque fois qu'on passait devant envoiture, Joe disait : ‘Il faut qu'on montre cette baraque à Jim, il va vouloir la filmer'. Mais on a oublié dete raconter ça. Alors tiens, voilà une photo de la maison que Joe voulait te faire connaître." "

    Aux aguets

    Le cinéaste revient sur sa méthode de travail : "Le scénario s'est d'abord présenté sous la forme d'une histoire de 25 pages. Je l'ai développé à mesure que nous faisions le film. C'était mon intention dès le départ : laisser les choses grandir, ne pas avoir recours à un scénario classique. Nous travaillions donc toujours en restant aux aguets, toujours prêts à remettre les choses en question ou à laisser le film nous mener dans sa direction à lui. Ceci était une méthode très inhabituelle pour moi. D'habitude j'ai sous la main un scénario assez solide quand je me lance. Ici, mon matériau était plus minimal, sans dialogues pour ainsi dire, au commencement. J'ai écrit les séquences dialoguées à mesure que nous avancions (...) je pensais aussi (...) aux premiers films de Jacques Rivette où il était souvent question d'une sorte de conspiration difficile à cerner et qui prenait dans le récit des proportions envahissantes. Au terme de certains de ces films, on comprend encore moinsla conspiration qu'au début, parce que tout est devenu incontrôlable."

    Cinéaste musicien

    Le mélomane Jim Jarmusch envisage sa façon de travailler comme étant proche de celle d'un musicien. "J'aime prendre une guitare, produire quelques sons et voir où ils me mènent, plutôt que d'écrire quelque chose et de mémoriser ce que je joue. C'est ainsi que j'essaie de réaliser mes films. Les personnages sont toujours pour moi le coeur du film, plus que l'intrigue. Les comédiens sont les instruments de musique qui portent l'émotion. Les histoires sont finalement secondaires."

    Musique : Jarmusch contrôle

    Connu pour apporter un soin tout particulier à la bande originale de ses films, Jim Jarmusch, après avoir fait découvrir aux cinéphiles le jazz éthiopien de Mulatu Astatke dans Broken Flowers, a cette fois pioché dans le répertoire d'un groupe japonais de rock expérimental nommé Boris. D'autres groupes figurent sur la BO (Sunn O))), Black Angels, Earth...) et le réalisateur a lui-même composé une partie de la musique.

    Ca nous regarde

    Selon Jim Jarmusch, le regard est un thème central de Limits of control : "Souvent on se disait qu'on espérait créer quelque chose de sensuel pour les spectateurs. Qu'après avoir quitté la salle, leur regard sur les choses, les objets, même s'il est furtif,soit en quelque sorte nouveau. Leur regard sur une banale tasse de café posée sur une table, leur regardsur la lumière qui bouge dans une pièce sombre où ils sont installés... William Blake est une de mes idoles. L'imagination était sa religion à lui. C'est la plus grande des forces qui soient données aux hommes : le pouvoir d'imaginer, que ce soit dans le domaine scientifique ou dans tout autre forme d'expression. Le regard de chacun sur le monde, la conscience qu'on en a, tout cela est subjectif. Chaque individu peut faire le choix d'éviter de se soumettre aux contrôles qui ont été mis en place et perpétrés à notredétriment."

    Jarmusch on the Beat

    Le titre fait référence à l'essai homonyme de William S. Burroughs publié en 1975, un texte qui, explique le réalisateur, "s'intéresse principalement au langage en tant qu'outil de pouvoir et de manipulation."

    L'oeil Doyle

    Jim Jarmusch travaille pour la première fois avec le grand chef-opérateur Christopher Doyle, connu pour sa collaboration avec Wong Kar-Wai (Chungking Express, In the Mood for Love...) On lui doit aussi -entre autres...-la photo de Paranoid Park de Gus Van Sant. Jarmusch et Doyle avaient déjà travaillé ensemble sur le clip des Raconteurs Steady as she goes.

    Ami de la poésie

    Le film débute par une citation extraite du Bateau ivre de Rimbaud.

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