Eden à l'Ouest a clôturé le festival de Berlin qui aura lieu du 5 au 15 février 2009. C'est Costa-Gavras qui présidait le jury de la Berlinale 2008.
Pour Eden à l'Ouest, Costa-Gavras fait référence à L'Odyssée d'Homère: "Mon personnage traverse, un peu comme Ulysse, la mer (la mienne, en l'occurrence laMéditerranée), puis les épreuves, les tempêtes. Il affronte les monstres modernes et bouscule les mythes de notre époque" raconte-t-il. Selon le cinéaste, ce film sur l'enracinement nous met face à nous-mêmes en nous confrontant à un monde différent.
Tout comme son personnage, Costa-Gavras a immigré à Paris en 1956. Originaire de Grèce, le cinéaste a voulu avec Jean-Claude Grumberg "que le film soit un hommage à nos pères, nos grands-pères et à ceux de notre génération qui sont venus en France malgré les embûches et les tempêtes". Le cinéaste précise tout de même qu'il n'a pas réalisé une autobiographie même si "ce film est sans doute mon film le plus personnel."
Ecrivain reconnu avec Demain, une fenêtre sur rue en 1968, Jean-Claude Grumberg a reçu le Molière du meilleur auteur dramatique pour L'Atelier, repris au théâtre. Grand Prix de l'Académie Française en 1991, l'auteur a entre autre collaboré au scénario du Dernier métro avec François Truffaut. Avant Eden à l'Ouest, il a aussi écrit pour Costa-Gavras dans La Petite Apocalypse.
Au début du film, la langue que parlent les immigrés entre eux a été inventée par Jean-Claude Grumberg et Costa-Gavras qui désiraient qu'on ne puisse pas donner de nationalité au personnage principal, héros représentant de manière universelle tous ceux qui un jour ont dû partir: "Nous avons inversé les mots français ! Un ami linguiste a écouté le résultat et nous a dit : "ça ressemble à une langue sémite, mais l'architecture est française"... il nous a fait faire des corrections pour qu'elle soit plus de "là-bas"... Un là-bas lointain", explique-t-il.
Quarante ans après la sortie de Z, en 1969, Costa-Gavras reste un cinéaste engagé: "La nécessité était alors de dire que dans le "mieux" il y avait aussi du pire. Aujourd'hui le discours général est que tout va vers le pire dans tous les domaines" dénonce t-il. Il reconnait avoir voulu faire "respirer la question de l'immigré" en introduisant des moments de légèreté au milieu d'une violence avérée.
Né à Andria près de Bari en 1979, Riccardo Scamarcio est arrivé à Rome à la fin des années 90. Après quelques cours à la Scuola Nazionale di Cinema, il débute à la télévision dans de petites fictions. Connu grâce à la fresque italienne Nos meilleures années, il devient la coqueluche des adolescentes après le succès du film Tre metri sopra il cielo de Luca Lucini en 2004. Il joue entre autres dans Romanzo criminale de Michele Placido et s'impose comme l'un des espoirs les plus prometteurs du cinéma italien avec le film Go Go Tales, d'Abel Ferrara. Il jouera prochainement dans The Last Crew du même cinéaste, prévu pour 2009.
Si Riccardo Scamarcio est italien, il dit se sentir très proche de la Grèce qui a laissé à l'Italie des traces de sa culture et de ses vestiges: "Les Pouilles et la Grèce ont beaucoup en commun: l'odeur de la mer, les couleurs du Sud, l'amour de la mythologie et des arts. Je suis persuadé d'être le descendant d'un Athénien", aime t-il dire.
Costa-Gavras a mis du temps à trouver son acteur principal qui devait être un immigré sans origine déterminée. Riccardo Scamarcio a les yeux clairs et la peau mate ce qui, selon le cinéaste, laisse au spectateur une certaine liberté d'imagination.