C'est un drame d'un genre peu courant qu'on pourrait qualifier de politico-sentimental. Le dénouement nous éclairera sur son titre longtemps énigmatique.
Anne (Romy Schneider) est mariée à un terroriste d'extrême droite, Clément(Trintignant). Celui-ci commet un attentat et se réfugie chez un ami d'enfance qui, lui, est un républicain qui donne plutôt dans le militantisme de gauche. Le film d'Alain Cavalier consiste alors à montrer comment la jeune femme passe insensiblement d'un homme à l'autre, de son mari, certes amoureux, mais brutal et possessif, à Paul, généreux et attentif, qui permet à Anne de s'émanciper. Ce schématisme politique dont Anne est l'enjeu nous invite probablement à voir en elle l'incarnation d'un pays divisé à l'heure des évènements d'Algérie et, plus encore, à admettre la supériorité d'un esprit démocratique, équilibré et ouvert, sur un extrémisme violent, fascisant, qui mène à l'impasse. En ce sens, le film est un film partisan (quoiqu'imagé et évasif; l'OAS est visée mais pas nommée) et pour sa première oeuvre, Cavalier n'a pas craint de s'exposer à une actualité brûlante. (A noter que, deux ans plus tard, il reparlera de la guerre d'Algérie dans "L'insoumis").
En revanche, on se désintéresse, en dépit du sens qu'elles portent, des turpitudes sentimentales d'Anne, le personnage central du film, qui nous semblent par trop affectées et auxquelles on aurait préféré un discours politique plus direct. D'autant que l'opposition formelle entre Clément et Paul, entre le facho et le démocrate, parait un peu simple, à l'instar des deux personnages dont les convictions ne reflètent pas tant que ça leur personnalité.