Un Pialat, le dernier des films du réalisateur d’ailleurs, toujours aussi typé, un peu plus savoureux que mes précédentes expériences, mais qui reste toujours assez moyen.
Si le film est plus savoureux, c’est sans doute grâce aux acteurs. Pialat s’entoure de professionnels, et indéniablement c’est un plus par rapport à ses premiers films. Depardieu est solide, convaincant, sobre et pertinent, héritant d’un rôle pas forcément des plus simples et auquel il apporte charisme et subtilité. Face à lui Géraldine Pailhas. Charmante, assez fine dans sa prestation aussi, ça tient la route. A noter aussi le naturel très bien saisi par Pialat du jeune Antoine. Globalement, malgré une volonté de réalisme toujours propre à Pialat on sent que les acteurs jouent, et c’est bien mieux que la réalité déformée par le surjeu ou un faux naturel qu’avait saisi le réalisateur dans Passe ton bac d’abord ou A nos amours.
Formellement c’est du Pialat. Le film fait assez vieux, il fait plus années 80 que 1995 ! Sûrement à cause d’une photographie grisâtre pas très agréable bien qu’elle colle parfois à l’ambiance morose de certaines scènes (mais pas toutes, et le film est pourtant entièrement grisâtre !). Les décors sont réalistes, et originaux, notamment pour la partie auvergnate du film, peu vue au cinéma. La mise en scène de Pialat est pertinente, le réalisateur saisissant bien les émotions des personnages, s’attachant à eux. Dommage que la bande son soit encore une fois pas très recherchée, et face elle aussi désuète par rapport à l’année du film.
Le scénario reste assez quelconque, toujours le souci d’un réalisateur qui refuse la narration classique et la fluidité. Des ellipses non-dites gênantes, une fin des plus abruptes et des plus frustrantes, un rythme inégal, des rebondissements peu clairs (avec les femmes de Depardieu notamment), on évite cependant les situations caricaturales qu’affectionnent généralement Pialat ! En tout cas, comme dit au début, le jeu des acteurs nous les rend moins caricaturales qu’elles auraient pu être.
Dans l’ensemble Le Garçu n’est pas un film vraiment décevant. Clairement c’est le Pialat que j’ai trouvé le plus digeste jusqu’à aujourd’hui. Des acteurs solides, un réalisme sensible mais teinté d’une joie mélancolique, triste parfois, le tout pas forcément servi au mieux, mais de façon suffisamment correcte pour plaire à l’amateur du genre. Je donne 3.