A l'Est de moi raconte l'histoire d'un voyage, celui d'une femme qui quitte son pays d'origine, la Tchécoslovaquie, pour s'exiler à Paris. Ce film, c'est l'histoire de Bojena Horackova, la réalisatrice. En 1980, elle quitte Prague, fuit le communisme et part pour Paris, au nom d'une certaine liberté. Aujourd'hui, la cinéaste revient vers l'Est, Moscou, vers "ce grand frère que je craignais", confie-t-elle.
Dans son film, Bojena Horackova aborde un sujet qui lui est cher, le retour aux sources d'une jeune tchèque, qui revisite son pays après un long exil en France. Le récit se situe à mi-chemin entre fiction et documentaire. La cinéaste alterne entre le voyage de Marta et des témoignages de personnes, rencontrées lors de sa traversée de l'ancien bloc soviétique. Ces témoignages s'intégrent à la fiction et permettent de mieux cerner la personnalité de Marta, personnage principal du film.
Bojena Horackova et Caroline Champetier, chef opérateur du film, ont envisagé de faire ce film il y a quatre ans. La réalisatrice a confié son histoire à Caroline Champetier: son enfance, la montée du communisme, sa fuite vers Paris, les conditions de vie... Le film a trouvé son sens: une fiction, construite à partir de ses souvenirs et une partie qui s'apparente davantage à un documentaire, en essayant de comprendre pourquoi certains sont restés, tandis que d'autres, comme Bojena, ont décidé de fuir.
Dans A l'Est de moi, Marta (Patricia Chraskova), personnage principal du film, traverse les pays de l'Est jusqu'à Moscou. Le tournage s'est déroulé selon un itinéraire précis: De Tallin en passant par Riga, Vilnius, Minsk jusqu'à Moscou, l'équipe du film alterne entre voyage en car, train ou camion.
Bojena Horackova souhaitait trouver l'interprète de Marta à Prague, en Tchécoslovaquie. Outre cette exigence, elle voulait que l'actrice ait vécu à Prague mais parle malgré tout français, tout comme Bojena Horackova. Patricia Chraskova remplissait les critères. Non professionnelle, elle tient ici son tout premier rôle au cinéma.
La réalisatrice avait envie d'apparaître à l'écran mais sans pour autant donner de l'importance à sa présence: "Je suis là davantage comme un fil conducteur, un personnage off, en amorce, de dos", explique-t-elle. L'idée était de créer un lien entre elle et le personnage de Marta, 17 ans, qui représente ce qu'aurait pu être Bojena Horackova à cet âge.
Caroline Champetier, chef opérateur du film, est française. Elle a travillé avec toute une équipe qui ne parlait pas sa langue. Au début, elle s'empressait de demander à Bojena Horackova ce qui se disait, mais elle s'est vite rendu compte qu'il fallait qu'elle se concentre sur les espaces, les émotions, les situations, davantage que sur les mots. "Même si elle ne comprenait pas ce qui se disait, c'était comme si Caroline regardait à travers moi. Elle filmait cet espace entre moi et les personnes", raconte Bojena Horackova.
L'itinéraire suivi nécessitait un matériel minimum. Caroline Champetier travaillait avec une petite caméra, équipée d'un micro. Cet équipement a permis à Bojena Horackova et à Caroline Champetier de vivre dans les mêmes conditions que les voyageurs, souvent précaires et de s'inclure dans la réalité. Au cours de ces voyages en train, car ou camion, elles ont récolté l'essentiel de leurs témoignages et fait des rencontres décisives pour le film.
A l'Est de moi était en compétition officielle du Festival EntreVues, dans la catégorie "Long-métrage", qui s'est tenu à Belfort, en novembre 2008.