Le film s'inspire de faits réels.
Le réalisateur raconte son premier contact avec le sujet du film : "C’est mon ami Danny A. Abeckaser, le producteur du film et l’interprète de Jackie Salomon dans le film, qui m’en a appris l’existence il y a cinq ans. Nous venions de travailler ensemble sur mon court-métrage, "Characters", dans lequel il interprète un fanatique d’Al Pacino (...). En découvrant un documentaire consacré à cette affaire sur "History Channel", Danny s’est dit qu’il tuerait pour jouer le rôle de ce trafiquant de drogues. Sachant que personne ne le lui proposerait, il a initié lui-même le projet. Puis il s’est tourné vers moi pour que je le réalise."
Encore au stade de projet, le scénario a subi un revirement, comme le confie Kevin Asch : "Danny envisageait de raconter l’histoire du point de vue de son personnage, le trafiquant de drogue. Je trouvais plus intéressant d’adopter celui du jeune hassidique initialement enrôlé comme mule. Danny a tout de suite adhéré. C’est là que l’on a approché Antonio Macia pour écrire le scénario."
Un personnage, né d'une rencontre fortuite du réalisateur avec un individu croisé dans la rue, a figuré dans le scénario. Le metteur en scène se souvient : "A Borough Park (quartier hassidique de Brooklyn), on a parlé avec Sal, un postier italien, qui travaille là depuis 30 ans et que la communauté a surnommé le « Goy du Shabbat ». Il nous a raconté qu’un soir de Shabbat une alarme de voiture s’était déclenchée et qu’il avait dû venir juste pour qu’on lui donne les clés et qu’il l’éteigne parce que personne dans le quartier n’avait le droit de le faire. Ce personnage était au départ dans le scénario mais nous avons dû le couper".
Le casting du premier rôle s'est déroulé d'une manière assez inhabituelle : "J’admire le travail de Jesse depuis "Les Berkman se séparent" et "Roger Dodger", raconte Kevin Asch. Et il se trouve que le manager d’Antonio, notre scénariste, a donné le scénario à l’agent de Jesse sans prévenir personne. Jesse l’a aimé et a cherché à nous rencontrer. Imaginez ma tête quand j’ai reçu le coup de fil m’apprenant la nouvelle : « Jesse veut jouer le rôle !? Signez tout de suite »."
Le film étant à petit budget, jamais l'équipe n'aurait rêvé avoir au casting Jesse Eisenberg, jeune acteur très demandé. Une fois sa présence confirmée, les scénaristes ont commencer à retravailler l'histoire pour l'adapter au comédien et Eisenberg a même réécrit des scènes qui lui tenaient à cœur. Le réalisateur détaille : "Nous étions sur la même longueur d’ondes : ce qui nous importait, c’était l’attachement à ces personnages. L’humanité, l’humour… l’humeur de chaque situation."
Le titre français du film fait écho à French Connection, réalisé par William Friedkin en 1971. Le réalisateur s'est exprimé sur ce titre français, qui est bien loin du titre original "Holy Rollers" : "Je l’adore. D’autant que « French Connection » est un film important pour moi. Et puis ça fait complètement sens. L’idée que moi, Kevin Asch, qui suis juif, ai réalisé « Jewish Connection », me fait beaucoup rire. J’ai hâte de voir l’affiche française !" Quant au titre original "Holy Roller", il désigne chez les chrétiens évangéliques les religieux qui, lorsqu’ils prient, effectuent ces grands mouvements comme s’ils roulaient sur eux-mêmes (« rolling »). Kevin Asch ajoute : "Le terme me semblait convenir à tout type de groupe religieux et, en particulier, les rabbins hassidiques qui prient de manière très similaire. Le double sens, c’est qu’en argot « rolling » désigne aussi l’ecstasy ce qui rend le titre anglais difficilement traduisible dans une autre langue…"
Les prières et le rituel du Tefillin sont d'authentiques pratiques hassidiques.
Le réalisateur expose l'approche de l'équipe du film, qui a vite mêlé fiction et réalité : "L’idée n’était pas de coller à la réalité mais de s’inspirer des faits pour en tirer une fable. Nous n’avons rencontré aucun des vrais protagonistes. Jusqu’en mai dernier. L’un des juifs orthodoxes impliqués dans le trafic est venu assister à une séance du film à New York. A la fin de la projection, il est venu vers moi, assez agressif (...). Comme dans le film, le trafiquant de drogue et sa copine étaient devenus comme des parents pour lui. En revanche, il reprochait au film de ne pas montrer l’ampleur de l’opération. Mais "Jewish Connection" est un film à petit budget, et ce qui m’intéressait n’était pas tant le côté thriller de l’histoire que le récit d’un passage à l’âge adulte."
Jesse Eisenberg était habitué aux dialogues rapides, comme en témoigne sa prestation, et notamment la scène d'ouverture de The Social Network, ce qui a servi le film comme l'explique Kevin Asch : "Les dialogues sont très naturels : les acteurs parlent vite, se coupent la parole… J’adore ça chez Martin Scorsese, surtout dans ses films sur la mafia. Ce ne sont pas des comédies et pourtant ce sont des films souvent très drôles grâce à la vitalité des dialogues. Et rire avec les personnages, c’est être avec eux. Pour ça, j’avais des acteurs en or : Jesse, Justin et Ari sont si vifs et réactifs. Durant les répétitions, les idées fusaient et je les intégrais ensuite au scénario. Une grande partie des dialogues est née ainsi".
ATTENTION SPOILERS : Le réalisateur évoque sa scène préférée de Jewish connection, une scène clé du film : "Quand, vers la fin du film, un rabbin arrête Sam en pleine rue à Amsterdam et le convainc de mettre ses Tefillin, il le fait, d’une certaine manière, replonger dans la religion. C’est ma scène préférée : pour la première fois, Sam comprend sa foi. Croire n’est pas quelque chose de tangible qui s’apprend dans un livre ou en écoutant son père. C’est quelque chose de personnel, d’indéfinissable... Bref, quoi que ce soit, Sam le comprend à ce moment-là".
La scène du night-club entre deux personnages est fortement inspirée de Mean Streets de Martin Scorsese, une volonté avouée du metteur en scène : "La relation entre Sam et Yosef n’est pas très éloignée de celle qu’entretiennent Charlie et Johnnie Boy, les personnages d’Harvey Keitel et de Robert De Niro, dans Mean Streets. Comme Charlie avec Johnnie Boy, Sam se sent le devoir de rester fidèle à Yosef tout en sachant que ce n’est pas bon pour lui. Et, comme Charlie dans Mean Streets, Sam voit sa foi se heurter au monde moderne".
Dès le commencement de son Jewish Connection , le réalisateur a choisi de rendre un hommage : "Le générique de début est directement inspiré de celui d’ Un après-midi de chien de Lumet qui a su dépeindre New York avec une grande véracité émotionnelle. Plus généralement, je voulais retrouver la texture très particulière des films des années 1970, leur absence de vernis, leur authenticité."
Le réalisateur Kevin Asch trouvait que le thème de la foi et de la foi aveugle dans le contexte religieux n'était pas assez exploré. Il a pensé que son film présentait cette opportunité et l'a exploitée, il déclare : "Je trouve que la religion est souvent connotée de manière négative dans les films. Je voulais montrer ce qu’elle peut signifier pour quelqu’un au quotidien, l’approcher de l’intérieur. Que l’on soit avec ces juifs orthodoxes, que l’on rie en leur compagnie, que l’on se reconnaisse en eux. Ce qui n’est pas aisé tant ils sont distants. Ils se tiennent loin des regards, du contact physique avec les autres…"
Le compositeur Mj Mynarski avait déjà travaillé avec Kevin Asch sur Characters, le premier court-métrage du réalisateur. Ils se retrouvent sur Jewish connection, la première partition du musicien pour un long-métrage dramatique.
Le tournage a duré quatre semaines, en décors naturels à New York. Une seconde équipe a tourné pendant deux jours, à Amsterdam puis dans le quartier hassidique de Williamsburg.
Les frères et sœurs Jesse et Hallie Kate Eisenberg jouent des frères et sœurs dans ce film.
En ce qui concerne l'esthétique du film qu'il prend très au sérieux, le réalisateur Kevin Asch dit s'être inspiré du cinéma-vérité et du néo-réalisme italien.
Alors qu'ils étaient en train de répéter dans l'appartement de la mère du réalisateur, une caravane Mitzvah s'est arrêtée devant l'immeuble (ces mini-synagogues sont fréquentes à New York, et visent à approcher les juifs non ou peu pratiquants pour les inciter à s'investir davantage dans leurs pratiques religieuses). Les acteurs et le réalisateur sont alors descendus parler aux membres du groupe Mitzvah et sont restés une heure à discuter avec une petit groupe d'adolescents Hassid. Quand ils se sont approchés d'eux, Jesse Eisenberg et Kevin Asch leur ont serré la main mais lorsqu'Ari Graynor est arrivée pour faire de même, un des jeunes lui a dit "Oh non, je ne peux pas. C'est par respect pour toi". La phrase a été reprise dans le film au moment où Justin Bartha présente Jesse Eisenberg au personnage joué par Ari Graynor.
Le film met en scène des juifs hassidiques, mais le scénario original a été écrit par Antonio Macia, un mormon. Il avait déjà signé le scénario Anne B. Real, un drame sur une rappeuse qui trouve l'inspiration en lisant le Journal d'Anne Frank.
C'est le premier long-métrage réalisé par Kevin Asch, qui avait auparavant réalisé un court-métrage intitulé "Characters".
Le film a été présenté en première mondiale au Festival de Sundance en 2010, où il était en compétition officielle.