La première moitié des années 70 a été riche en films à scandales. "Les chiens de paille" de Peckinpah, le "Dernier Tango à Paris" de Betolucci, "La grande bouffe" de Ferreri, entre autres, avait bien remué les sensibilités et du public, et de la presse. "Portier de nuit" a lui aussi suscité le courroux. Jugé pornographique. Classé X aux Etats-Unis, ce qui n'étonnera personne, j'en suis certain. Il faut dire qu'à l'époque, on avait rarement vu une relation aussi ambiguë que celle de cette jeune femme de confession juive, emprisonnée en camp de concentration pendant la guerre et qui retrouve son geôlier, travaillant de nuit dans un hôtel de la capital autrichienne. Une relation dont on arrive jamais à vraiment déterminer la nature. Et pour ajouter un peu plus de chair à son histoire, Cavani nous offre alors quelques scènes au contenu pouvant heurter certains esprits. Le film se scinde en deux parties distinctes. La première commence bien évidemment par les retrouvailles. Des retrouvailles à la fois violentes et passionnées. Avec quelques flashbacks utilisés de façon très à propos. Toute cette partie, si elle n'est pas un huis-clos total, se déroule en majorité en les murs de l'hôtel. Et c'est excellent. La deuxième partie, voit le couple vivre reclus dans un appartement, tentant d'échapper à d'ancien nazis souhaitant faire table rase de leur passé. Cette deuxième partie est d'ailleurs le "tendon d'Achille" du film car, si Cavani ne perd en rien sa maîtrise, il n'empêche qu'elle rencontre davantage de difficultés à la faire tenir sur la distance. La dernière demi heure traîne un peu la patte. Malgré ce défaut, "Portier de nuit" reste un film puissant, incontournable et qui peut se vanter d'être servi par deux acteurs (Rampling et Bogarde, rien que ça) excellents du début à la fin.