Lors de sa projection à Cannes en 2011, la moitié de la salle se vida et de nombreux spectateurs sifflèrent la séance. The Tree of Life était selon eux "une arnaque, une mascarade". Ainsi, lorsque le film du très rare Terrence Malick remporta la tant convoitée Palme d'Or, ce fut un grand étonnement! Le film a pas mal divisé, et c'est assez compréhensible.
Pour ma part, j'ai également été divisé. Je vous avoue qu'il m'a fallu un petit moment pour rentrer pleinement dans le délire de Malick. Le film commence sans introduction, on découvre les personnages, mais ils sont à peine exploités, ils auront plus d'importance dans la seconde partie du film. Puis Malick enchaine avec l'origine du monde. On se retrouve alors avec des images d'une beauté intense, qui n'ont peut-être pas toujours des liens entre elles, mais ce n'est pas trop important, on se laisse emporter. Puis viennent les dinosaures. Pour être honnête, j'ai trouvé leur apparition un peu "too much", je pense que leur présence était dispensable, car ça m'a un peu sorti du film. En plus, j'ai l'impression que cette séquence ne va pas très bien vieillir... Enfin soit, ce n'est qu'un détail, le film regorge de tellement de choses qu'il serait ridicule de s'attarder sur la courte apparition des dinosaures.
Bref, la première partie du film est une sorte de melting-pot qui regroupe un peu de tout, qui introduit légèrement les personnages et qui nous montre quelques jolis plans. Oui, c'est peut-être joli, mais là, je commençais déjà à bailler. Je redoutais que le film soit entièrement de cet acabit. Plus de 2 heures avec des images qui se suivent sans qu'il y ait de ligne directrice, ça m'aurait vite gonflé. Heureusement, après 40 minutes de film, j'ai enfin fini par accrocher au film!
L'histoire commence à se poser, on y retrouve Brad Pitt et Jessica Chastain, qui élèvent leurs trois enfants. J'ai trouvé cette partie excellente, on y suit l'évolution de cette famille, de la naissance des enfants jusqu'au début d'adolescence de ces derniers. Cette partie du récit est selon moi la plus puissante, la plus belle et la plus passionnante. La relation père-fils est bien exploitée, et l'alchimie qui opère entre les différents interprètes est très naturelle, on a vraiment l'impression qu'ils forment une vraie famille. Et à travers le quotidien de ces personnages, on se rend compte à quel point le film peut être complet quand il s'agit de décrire les émotions. Sans blague, je pense que Malick aurait pu se contenter de faire un film sur cette famille sans pour autant partir dans son délire "origine de la vie". L'histoire de cette famille se suffit à elle-même, elle est carrément passionnante!
Et c'est là que vient la grosse frustration de The Tree of Life: Sean Penn, qui incarne l'ainé à un âge adulte, ne fait qu'une courte apparition. Les nombreuses scènes dans lesquelles il était censé apparaitre furent coupées au montage (une habitude avec Malick). D'ailleurs, d'après Sean Penn, on pourrait monter un second film rien qu'avec les rushes le mettant en scène. Et ça, c'est ce qui manque à ce film pour le rendre plus complet! J'aurais tellement adoré voir ces scènes, quitte à faire durer le film une heure de plus!
Et franchement, une heure de plus avec une telle mise en scène, ça ne m'aurait pas du tout dérangé! Malick filme la nature comme personne d'autre. Il parvient à créer une ambiance à l'aide de sa caméra. Les mouvements de déplacement donnent une identité visuelle au film. C'est beau, très beau, je pourrais voir ce genre de spectacle pendant des heures.
On pourrait comparer The Tree of Life à un autre film culte qui a également pas mal divisé: 2001 L'Odyssée de l'Espace, de Stanley Kubrick. Les thématiques sont à peu près les mêmes, il y a énormément de symbolique dans les deux films, et les deux œuvres ne sont pas facilement abordables et laissent pas mal de questions en suspens. J'aime ce genre d'œuvres, qui font réfléchir et qui jouent avec nos sens.
Bref, malgré une première partie longuette et des allusions religieuses un peu envahissantes, j'ai assez bien apprécié The Tree of Life, mais j'en ressors avec un sentiment de frustration. Ce n'est pas facile de noter un tel film, c'est le genre de film qui nécessite plusieurs visionnages pour pleinement en apprécier le contenu. C'est un film qui est assez marquant, mais reste à voir si dans 40 ans, on parlera encore de The Tree of Life ou non.