Ce film raconte, via les souvenirs du fils ainé, la vie d’une famille éprouvée par la dureté d’un père idéaliste et la perte d’un enfant.
Cette famille des années 1950 est composée des parents et de trois fils rapprochés en âge. Dans la journée, les enfants s’amusent entre eux et mènent une vie parfaite et heureuse à la limite du cliché. Avec leur mère ils aiment se laisser aller à la tendresse et se laissent enseigner l’amour.
La mère tient un rôle très réservé. Elle à l’aire souvent mélancolique. Et tend à accepter la dureté du comportement de son mari et le compense en consolant les enfants après les conflits avec leur père.
Le père, ancien de l’US Navy, est très carriériste en compensation de son incapacité à vivre de la musique et de ses talents de pianiste organiste. Il fait face à sa jalousie ou fascination pour l’argent de ses voisins en motivant ses enfants à la réussite financière et au travail. N’ayant pas les moyens d’engager un jardinier, par exemple, il insiste pour que ses enfants lui rendent chaque soir un jardin plus entretenu. Il est aussi très dur avec ses enfants, (il en vient même au mains avec eux, mais toujours dans l’amour de sa femme en qui il puise la seule tendresse de sa vie) car il pense que c’est le seul moyen d’éviter que ceux-ci n’héritent de ses défauts liés à son combat social. C’est un parvenu qui travail dur.
Dans l’histoire personnelle du père la fermeture de son usine est le coup de tonnerre qui lui aura ouvert les yeux sur la nature de son combat. Il se rend compte de la vanité de son entêtement. Il apprend l’humilité et va jusqu’à demander pardon à ses fils pour sa sévérité excessive et égoïste.
Dans l’histoire de la famille, la mort d’un des jeunes enfants crée des blessures qui ne se refermeront que très tard. Le père, tu par son orgueil, n’arrive pas à faire comprendre à son épouse qu’il est aussi blessé qu’elle, et qu’il aimerait affronter l’épreuve en couple. Ce n’est que grâce à l’amour de celle-ci que la famille tient, jusqu’à une dispute et séparation (non racontée dans le film) entre le fils ainé et le père.
Une fois devenu un homme riche et respectable, vivant avec une magnifique épouse dans un appartement luxueux, le fils ainé, fugitif, se rappelle les préceptes de sa mère, qui demandait à ses enfants de pardonner et de demander pardon, d’aimer chaque chose de la vie, la nature et les personnes.
S’en suit pour lui une traversée du désert (explicite à l’écran) qui aboutit la découverte d’un littoral ensoleillé où les gens vont et vienne, se retrouvent et s’aiment sans temporalité.
La narration est non linéaire. Elle se divise en plusieurs parties apparemment confuse, mais qui prennent un sens si on les replace dans l’esprit de Jack, le fils ainé. Tout d’abord vient le malheur : la mort de son frère. Puis le souvenir, via l’interrogation et l’acceptation : s’est la plus longue partie du film : de la création du monde à la fin des flash-back, quand dans le désert imaginaire de son âme, Jack retrouve son Moi enfant. Enfin viennent la miséricorde et la rédemption, quand Jack retrouve, dans se qui semble être un Éden, la famille de son enfance.
Ce film est donc une parabole, à la lumière des thèmes très chrétien qui inondent le cinéma de Terence Malik. Les parallèles avec le procédé de la parabole sont nombreux. En effet le scénario est très simple, il tiendrait sur un bout de papier, les scènes sont très terre à terre, rien de surréaliste. Toute famille a vécu plus ou moins les mêmes douleurs et les mêmes joies que cette famille américaine des années 50.
Coté esthétique, les habitués de Malik ne sont pas déçus, avec se même steadicam, ces mouvements de caméra très lents et le jeu simple et honnête de ses acteurs dont l’authenticité du jeu est autorisée par les grandes liberté et improvisation que le réalisateur laisse à ses acteurs.
La caméra dans ce cinéma est vraiment le spectateur, il tente tant bien que mal de s’immiscer dans la réalité des personnages, elle n’est pas fixe et les mouvements de tangage de la caméra laisse penser à un curieux hochant la tête, cherchant l’angle sous lequel il pourrait mieux comprendre.
Un film à voir pour qui voudrait se réconcilier avec la vie dans un cinéma parfois peut-être intellectualiste mais toujours esthétique. En écrivant cette dernière ligne, je repense à la scène du lacrimosa, qui fut pour moi une réelle épiphanie.
Bref, un film à voir, et à revoir… mais pas tout les jours, il faut bien se reposer l’esprit après ce tsunami de métaphores et de leçons de vie.