Le 4ème volet de la saga avait le mérite de clore la boucle de la plus belle des manières : l'enfant qui s'était perdu dans une mauvaise guerre, devenant soldat avant d'être un homme, rejeté par ses pairs à son retour pour de mauvaises raisons, puis tentant de renouer avec un monde hypocrite auquel il n'appartenait déjà plus, sombre reflet et mal nécessaire de ce dernier ; après tant de combats et d'errances, le vétéran trouvait le moyen de faire la paix avec lui-même en retournant près des siens, sa famille.
Que dire de plus alors ?
Et bien que les choses ne sont jamais faciles et que cette paix qu'il désirait tant, objet de son vagabondage et de son engagement, n'existe tout simplement pas. En dépit de ses efforts. Et que quelque soit le conflit, les femmes et les enfants sont toujours les premières victimes. Une thématique qui semble avoir échappée à beaucoup, d'ailleurs...
Car si l'on pourra reprocher, à juste titre, le prétexte de cinquième et dernier (si, si) Rambo qui aurait tout aussi bien put faire l'objet d'un film dédié, il serait tout à fait injuste de ne pas voir qu'il s'insère habilement dans la saga. Les cartels et les gangs sont un problème majeur aux USA. Un problème qui ne trouve, finalement, que peu d'écho et de solution puisque l'on justifie toujours leur implantation par la pauvreté des populations qui les composent (et cela même en omettant que la majorité des américains pauvres, quelque soit l'origine, n'en font pas partie...). Tout parent qui se respecte ne peut qu'être horrifié par le destin tragique de toutes ses filles qui se font enlever chaque jour. Un propos déjà présent dans "Taken" mais qui n'avait quasiment pas été relevé... Un dénonciation courageuse au regard de l'hystérie qui règne dans intelligentsia US dès qu'on touche de près ou de loin à l'immigration. Ici, la criminalité est en cause. Pas les mexicains. Pas les immigrés. Et pourtant... les critiques ont reproché au film de faire l'apologie du trumpisme ! il m'avait pourtant semblé que la jeune fille était mexicaine. Tout comme ces pauvres filles prostituées contre leur gré !
L'inanité des autorités, américaines et mexicaines, est ici pointé du doigt, Rambo passant même à travers les barbelés de la frontière, comme un signe qu'un mur ne changerait rien à l'affaire et que les deux cotés, ferait mieux de se bouger ! Le tout sans discours, sans trémolo et mené tambour battant par un homme qui sait ce que l'inaction peut coûter. Pour ma part, et bien que n'étant pas politisé, je suis tout de même choqué de voir que ni les féministes ni les gauchistes de tous poils n'aient pris la peine de souligner que les trafics humains sont une réalité immonde et toujours d'actualité ! Commémorer les drames du passé pour les laisser se répéter hypocritement et plus criminel que de voter Trump !
Pour en revenir à la structure même du film, si la réalisation ne fera pas date pour son inventivité ou sa virtuosité, Adrian Grunberg privilégiant l'efficacité et le rythme mais sans pour autant sacrifier la lisibilité d'un récit très sombre. Pas d'espoir ici, on est en train d'écrire l'épitaphe d'une légende qui s'éteint, impression traduite par une photographie qui tire habilement vers le sépia, sorte de crépuscule automnale et mélancolique (sentiment présent depuis 1981...) du vieux soldat. Ce dernier, en dépit de sa rage, n'est plus en mesure de ses exploits d'antan, ce que n'ont pas comprit certains spectateurs qui avait sans doute "Expendables" en tête... D'où une avalanche de pièges et une dernière partie de film qui, pour une fois, ne prend pas le spectateur par la main et lui offre l’apprêté visuelle de la guerre telle qu'elle est. Un réalisme balistique et contondant qui avait pourtant fait se pâmer les foules dix années auparavant ! A croire qu'il n'y à pas que les muscles du septuagénaire qui se ramollissent... (et encore).
Au final, "Rambo - The Last Blood" offre généreusement tout ce que l'on pouvait espérer d'un film que l'on attendait pas mais marche parfaitement grâce à l'effet "madeleine de Proust". Car si ce film est imparfait et superfétatoire, il n'en demeure pas moins aussi vibrant, dur et sanglant que les précédents. Son propos non politique mais engagé, sans doute trop subtil pour un film d'action aussi brutal, ne manque pas de souligner le couperet d'une vengeance populaire qui ne devrait être. car au-delà d'une certaine jouissance lié à la violence graphique des combats, Rambo est une saga (surtout les 1,4 et 5) qui se sera efforcée de montrer la vacuité et le ridicule de la guerre, machine étatique à broyer les hommes, quelques soit l'origine, la couleur ou l'idéal...
Stallone semble avoir voulu finir sa carrière dans l'action par le même rôle qui lui offrit une gloire immortelle et transgénérationnelle dans ce registre, et au cinéma en général. Présomptueux pour le hollywood des années 2010, mais son écorché vif luttant contre le système n'en a que plus de panache pour son chant du cygne, quoi qu'en disent les critiques, senseurs et autres fascistes de la bien-pensance.
Ne boudez pas votre plaisir.
Ma note : 4/5 (même si je mets 5 pour remonter la note)