Je découvre totalement cette oeuvre, je ne connaissais même pas le roman, je ne savais pas à quoi m'attendre. Et bien j'ai été scotché, totalement pris dans cette histoire géniale, qui traite de thèmes très psychologiques comme le déni, le refus ou au contraire l'envie de meurtre, la violence et la crauté humaine. On nous parle aussi de lobotomie, de contrôle, d'hallucinations, de mise en scène, d'isolement, de solitude.
Là ou ce film est si génial, c'est sur sa mise en scène
. Depuis le début, on nous apprend à nous méfier de tous le monde sauf du personnage principal, on s'attache à lui, on voit tout du point de vue de celui-ci jusqu'à la fin où on nous révèle qu'en réalité le vrai fou de l'histoire est le personnage principal. Tout ce qui s'est passé depuis le début, tous les indices sur l'enquête, toutes les révélations, toutes les pistes étaient en réalité une énorme mise en scène hallucinatoire. Ce twist à la Hitchcock est incroyable de génie et on ne s'y attend absolument pas. On pourrait quand même reprocher à cette fin de remettre en cause tout ce qu'on a vu, tout ce qu'on croyait à propos des expériences dangereuses menées sur les patients de Shutter Island, mais comme je l'ai dit, le génie du film réside dans
son pouvoir à nous prendre nous aussi pour des fous, à nous donner le vertige, à nous empêcher de comprendre jusqu'à la fin. Et cette fin, quelle fin ! La décision finale du personnage principal est une très bonne idée pour terminer le film, et la réplique finale nous sert une morale bien amenée et qui laisse place à beaucoup de réflexion.
Léonardo Dicaprio incarne un personnage à mes yeux très technique à jouer, mais il s'en sort de manière éblouissante, nous livrant une de ses meilleures prestations. Il est tellement parfait, comme à son habitude, que je n'arrive pas à l'aimer en tant qu'acteurs tant on ne voit pas l'acteur quand il joue, mais le personnage. Il est énorme, il porte à lui tous seul le film sur ses épaules, même si tous les rôles secondaires sont très bien joués aussi, et j'adresse une mention spéciale à Ben Kingsley, très sobre mais intéressant.
Martin Scorsese a visiblement encore réclamé une BO composée essentiellement de morceaux préexistants ce qui est dommage puisqu'il a ici fait appel à l'excellent compositeur John Powell, mais même si elle est parfois désagréable ou coupée de manière saccadée, cette BO colle super bien à l'ambiance de folie du film. J'ai particulièrement aimé l'apparition de la magnifique "On the nature of Daylight" de Max Richter.
Martin Scorsese a décidément un sens très prononcé de la perfection, chaque détail est pensé soigneusement, en plus de ça il filme de manière magistrale. On peut déplorer un gros surplus d'effets spéciaux mais ce serait cracher sur une des meilleures mise en scène du cinéma. La manière dont est raconté et montré le film est parfaite. C'est d'ailleurs là le petit problème avec les films de Martin Scorsese : ils sont trop parfaits, trop sérieux, trop complexes, parlent de sujet durs de manière extrêmement réaliste et immersive, osent tout montrer, ne laissent pas vraiment place à un peu de fantaisie ou de poésie, ce qui fait qu'on a pas envie de les revoir, car ils ne nous touchent pas au fond de notre âme, ils se contentent d'être parfaits techniquement. D'autant plus que si on le revoit on aura plus l'effet de surprise lors du twist finale.
Un vrai film pour les fous. Je recommande à tous c'est énorme.