Ce thriller mérite bien largement son titre de culte, c’est ce genre de chef d’œuvre au twist final qui vous laisse sans voix. Mais le plus génial reste encore cette intrigue qui perdure pendant tout le film, de nombreux doutes et de nombreuses questions subviennent pourtant en aucun cas on ne peut prévoir le dénouement qui s’en suit. On essaye d’assembler les bouts, de comprendre les indices dans cette ambiance à la fois intrigante et effrayante qui ne cesse d'être appuyée par la puissante composition de Krzysztof Penderecki « Symphonie n.3 Passacaglia - Allegro Moderato », un morceau qui prend aux tripes. Alors que les visions de Teddy Daniels deviennent de plus en plus dérangeantes et horrifiantes tout nous laisse croire à un guet-apens, et il est là le coup de maître, est-t-il le 67ème patient ou victime d’un coup monté? L’intrigue est si ingénieusement ficelée que l’on ne peut en être sûr qu’au 2ème visionnage, grâce à plusieurs indices tels que l’attitude insistante et soucieuse de son coéquipier, ou la façon dont ils se jettent tous des regards suspects et dont ils le regardent tous empathiquement, mais surtout grâce à cette fameuse phrase prononcée par Aule « Au fond pourquoi vous êtes là Tedd? » où il essaye clairement de lui faire prendre conscience de la situation. Scorsese sème des indices tout le long du film capables d’être captés seulement lorsque la fin est connue, il focalise notre attention sur cette enquête intrigante créant une diversion, une entrave à la vérité qui nous empêche de voir tous ces signes, et c’est franchement du génie. L’alternance des flash-back du marshal concernant d’une part la guerre et d’autre part sa femme permettent d’entretenir ce suspense, on veut en savoir plus sur lui et les tristes événements qui subviennent lors de ses visions. En effet ce film est si prenant et angoissant qu'on ne peut que rester scotché devant, d'abord de part son ambiance frissonnante digne d’un vieux polar puis ensuite grâce à son cadre glauque et tordu, puis finalement c'est surtout une histoire qui s'avère être terriblement émouvante du fait de sa sinistre réalité. Mais par-dessus tout c'est une magnifique réalisation, aussi bien visuellement qu’auditivement, et ce grâce à de merveilleuses compositions telles que « On The Nature Of Daylight » de Max Richter ou encore « Piano Quartet » de Gustav Mahler, sans oublier la chanson de Dinah Washington « This Bitter Earth », aucune soundtrack n’a été réalisé pour ce film et pourtant toutes ces musiques collent parfaitement. Leonardo DiCaprio est tellement bon dans ce rôle de marshal se prenant beaucoup trop au sérieux au premier abord, pour en faite être un malheureux meurtrier fou à l'histoire tragique. « Shutter Island » est un thriller incroyable, peut être même le meilleur. Il est à la fois intriguant comme il le faut, angoissant comme il le faut et aussi émouvant comme il le faut. Et pour finir, après de nombreuses visualisations je ne réalise que maintenant que la phrase suivante : « Qu’est ce qu’il y a de pire pour vous, vivre en monstre ou mourir en homme de bien? » signifie que Tedd a bel et bien compris, qu’il décide de mourir en homme de bien, ou du moins d'être lobotomisé en ayant retrouver la raison, et la fin est d’autant plus touchante en ayant compris cela.