Voilà un film d'action - avec un tel thème, il ne peut en être autrement - qui n'en est pas vraiment un. Il suffit de lire les critiques des cinéphiles qui ne jugent les films d'action qu'à leur rapidité.
Ici, le réalisateur veut faire autre chose. Il veut introduire de l'amour là où il n'y en a guère habituellement. Et de l'amour qui transforme les vies (perso, je pense que dans la vraie vie, ça n'arrive pas, mais bon).
Je vais tenter de répondre maintenant à Stephenballade.
Il commence en reprochant au réalisateur d'être peu prolifique - à quoi il ajoute "illustre inconnu en ce qui (le) concerne; eh bien, il faut se renseigner, pour connaître. Quel intérêt ? Même un unique film peut être excellent. Du reste, en 2017, il en avait tourné 8. J'irai voir les autres, d'ailleurs.
Il en vient ensuite à parler de la musique, qui "semble venir d'un autre film". Ben, évidemment, puisqu'il s'attend à un film d'action, avec de la pétarade, des effets spéciaux ... Alors qu'il a affaire à un film d'actions qui changent les cœurs.
Faut-il parler maintenant du rythme, que Stéphane trouve "d'une lenteur absolue" ? Ben, justement, il aurait dû comprendre qu'il n'était pas dans le film qu'il s'attendait à voir. Il s'est fait rouler dans la farine, il aurait dû apprécier la supercherie, et entrer dans l'autre film, celui voulu par le réalisateur.
Il aurait voulu une grosse dualité entre le père et le fils. Mais non, nous sommes ici dans la nuance. Et puis, ce genre de gangster n'est pas réputé pour faire dans le sentimentalisme, l’épanchement.
La dualité avait commencé avant le film. Anton et Milo ont été extrêmement atteint par la mort du fils aîné. Celui-ci s'est endurcit quand le même événement à plutôt fendillé la carapace de celui-là. Fêlure qui a permis que l'amour entre. Le père, lui, vit avec sa mère et ses enfants. Il n'a même plus de femme. On ne sait pas ce qui lui est arrivé. Peut-être s'est-elle barrée, d'ailleurs, devant les exactions mafieuses et probablement aussi devant l'impossibilité de Milo de donner la moindre once d'amour. Il va jusqu'à être incapable de voir que de l'amour existe entre son fils et une femme. Il ne voit la jeune femme que comme traîtresse potentielle - il faudrait d'ailleurs revoir le film, mais je pense que les flics n'ont même pas été mis sur la piste du coup final par son intermédiaire - à tel point qu'il va jusqu'à envisager de la faire disparaître.
Et là, nous avons le thème de la manipulation qui est très bien traitée. Manipulation que Milo exerce avec un grand art sur toutes les personnes de son entourage. Mais qui échoue tout de même sur son fils.
Il est ensuite reproché à Milo, malgré le fait qu'il semble n'avoir aucune émotion - mais justement, n'en avoir pas et les cacher, ce sont deux choses trop subtiles, peut-être pour Stéphane - de s'en prendre "directement au commissaire". On en revient au fait ancien de la mort du fila aîné qui a fait chavirer Milo. Il ne montre plus d'émotion, sauf face à celui par qui son fils est mort. C'est la seule chose qui l'atteigne, et à un point qu'il en pète un câble, lui que rien n'ébranle.
Sa fibre paternelle, il la réservait à l'aîné. C'est d'ailleurs peut-être aussi pour ça que le cadet refuse la manipulation, parce qu'il a compris qu'il n'est qu'un pis aller, auquel le père pense enfin. C'est là que l'on voit que le droit d'aînesse est formidable à condition que l'aîné survive.
Parlons de la romance. La scène d'amour tomberait comme un cheveu sur la soupe ? Ben, elle st spontanée, alors, évidemment. Sauf si l'on pense que la chambre d'hôtel avait été réservée. C'est une question d'interprétation. Perso, je pense que le geste de l'ouverture de la porte montre que rien n'était programmé, qu'il a fait preuve de culot - aidé par le sentiment d'invulnérabilité qu'ont les mafieux et l'assurance que l'on a avec du pognon en poche.
Puis, vient la critique sur le fait que d'avoir eu "un développement plus centré sur son enquête (au commissaire) aurait amené davantage de piment". Mais, encore une fois, on n'est pas dans un film d'action, on n'est pas dans un film avec un narrateur qui fait partie du clan, ni avec un narrateur qui fait partie de la police. On est ailleurs, on est entre les deux, on est avec le couple qui se forme.
En ce qui concerne le GIGN qui est montré dans des voitures du GIPN, là il y a peut-être erreur, effectivement, et ce serait dommage. Je n'ai pas de connaissance suffisante pour défendre ici la thèse du réalisateur ni pour l'attaquer.
Enfin, la fin !
Perso, je pense que Stéphane, encore une fois ne l'a pas comprise, et ça n'aurait rien d'étonnant puisqu'il n'a pas compris dans quel film on est.
A la fin, et pour la première fois,
Milo baisse la tête. Et devant une femme ! et une femme fragile, puisqu'elle vient d'accoucher. Et il s'est présenté à l'infirmière comme étant le père de cette femme.
Et là, tout s'éclaire. Enfin, devrait.
Élodie montre un grand étonnement à l'annonce de la visite de son père. Évidemment, puisqu'elle l'a sûrement perdu. Il n'apparaît jamais ; elle semble ne recevoir l'aide financière de personne alors qu'elle est toute jeune professionnelle, qu'elle travaille d'arrache-pied pour joindre les deux bouts ; qu'elle part en Italie sans donner de nouvelle à personne ... Oui, cette fille n'a plus de père (ni de mère) et elle trouve un père dans celui qui n'a été ni uMilo baisse la tête. Et devant une femme ! et une femme fragile, puisqu'elle vient d'accoucher. Et il s'est présenté à l'infirmière comme étant le père de cette femme.
Et là, tout s'éclaire. Enfin, devrait.
Élodie montre un grand étonnement à l'annonce de la visite de son père. Évidemment, puisqu'elle l'a sûrement perdu. Il n'apparaît jamais ; elle semble ne recevoir l'aide financière de personne alors qu'elle est toute jeune professionnelle, qu'elle travaille d'arrache-pied pour joindre les deux bouts ; qu'elle part en Italie sann mari ni un père et qui pourtant est très attaché à la famille. Oui, Milo vient de trouver SA famille, une vraie famille. Une famille qui le fera sortir de la misère de la mafia. Il quitte le premier cercle pour en trouver un second, plus humain, plus sain, porteur de vie, et non plus de mort. Et ça tombe bien, parce Jean Réno a atteint l'âge d'autre chose.
Le commissaire est-il déchargé de l'affaire ? Mais on s'en tamponne, Malakian se range, de toute façon.
Quant à "l'intro qui explique comment les arméniens sont arrivés en France" et qui "ne sert à rien, finalement...", je ne sais qu'en dire, sinon peut-être qu'elle permet de réaliser combien la situation n'était pas facile, et que les chemins des uns s'expliquent autant que le chemin des autres qui ne sont peut-être pas à condamner sans appel, sans jugement, sans circonstances atténuantes. Peut-être même que c'est une invitation (utopique, vaine) à arrêter les foutues guerres pour arrêter les déportations qui entraînent tant de misères.
Bref, j'ai vraiment hâte de voir les autres films de ce réalisateur.