Religolo. On s'attend à du chouette, à du corrosif, à du méchant (mais pas si bête) saucé Borat. Premier plan : des openings maisons de production prétentieuses et ringardes... Quelle ironie quand on s'aperçoit avec horreur par la suite que le film est à l'image de ces présentations arrogantes.
Bill machin, tout droit sorti des talk shows et imbu de son prétendu "humour" américain, explique sa démarche qui consiste à "interviewer" des croyants, histoire de leur montrer qu'il est bien plus malin qu'eux et de les tourner en ridicule. La tactique Borat en somme, mais affreusement assaisonnée d'une vanité qui sape sans peine la démarche initiale. Et non content d'être déjà prétentieux et donc assez insupportable au téléspectateur (le monsieur n'hésite pas à montrer complaisaiment des extraits de ses shows), Bill Trucmuche se couvre au moins autant de ridicule que les imbéciles qu'il interviewe. Là, je tire mon chapeau : il parvient à être encore plus bête que les crétins congénitaux qu'il a minitieusement choisi afin de se sentir supérieur. On pense à l'interview chez cet "ex-Juif pour Jésus" qui considère le fait que Jonas ait passé 3 jours dans une baleine comme un miracle, soit un bel exemple de fondamentalisme inepte, sachant que l'histoire a une valeur symbolique. Quelle ne fut pas ma stupeur en constatant que notre expert en maïeutique boiteuse se moque du bonhomme en lui expliquant sarcastiquement... que passer trois jours dans un gros poisson est impossible.
Et de fil en aiguille, on s'aperçoit que la plus grande partie des "arguments" de Bill Brol (je ne veux même pas retenir son nom) ne consistent qu'en des mouvements d'humeur et des rires gras, couplé à des demi ou contre-vérités et même d'erreurs de lecture religieuse aussi énormes que celles des fondamentalistes extrémistes (cf. Jonas et le gros poisson). Notre entrain en rentrant dans la salle se transforme en stupeur horrifiée. Le film se déroule comme l'apocalypse de l'argumentation honnête et se finit, après une manifestation d'anti-islamisme primaire, en une conclusion soi-disant humble qui n'est qu'un gros "J'AI RAISON HEIN !?".
Que l'ineptie vaniteuse (vanité est vraiment le mot clé) de ce documentaire, que son orientation idéologique aussi dégueulasse que ridicule (la religion c'est mauvais, la religion c'est la cause de tous les maux, et surtout l'Islam, les musulmans sont tous violents), que le fait qu'il éclipse systématiquement toute ouverture, qu'il refuse de séparer le véritable sentiment religieux de l'idéologie politico-religieuse, que tous ces éléments ne suffisent pas à indigner la critique et les spectateurs, c'est bien cela le plus stupéfiant.
On dira que c'est comme Borat - bête et méchant, mais avec ce dernier on n'avait pas tous ces effluves vaseux d'autosuffisance couplés à une orientation idéologique malhonnête. Si le documentaire a le mérite de montrer quelques aspects mal connus mais terrifiants du mixage religion-fric aux USA, il est incapable de se sortir de sa subjectivité de petit athéïste primaire et minable, presque (?) pire que le discours abrutissant des gourous qu'il critique.