Quelle déception! Considérant que les ibériques dominent (avec les anglais) le cinéma "de genre" européen, voire mondial, c'est un euphémisme de dire que ce film m'emballait. "Chic, un survival espagnol!", me suis-je écrié en découvrant la bande-annonce des "Proies" (ou quelque chose dans le genre, vu que le mot "chic" n'est plus utilisé depuis novembre 1923...), hélas je suis tombé de bien haut. Là ou je m'attendais à passer 90min sous tension, les mains crispées, agrippant désespérément les accoudoirs de mon canapé (modèle Klôg gris anthracite acheté 70 euros en soldes à Ikéa), j'ai subi 1 heure et demi d'ennui profond vainement rattrappé ça et là par quelques bonnes idées de mise en scène. Pas la moindre tension, pas le moindre frisson, malgré une entame plutôt accrocheuse, le film se déroule sans que les personnages (et le spectateur) ne vivent véritablement l'enfer, pire, entre deux tirs des mystérieux snipers, on a l'impression que les héros participent à une randonnée, à une étape de la Carte au Trésor au ralenti (mais où est Nathalie Simon?), voire une pub Quechua. Là où l'on vibrait , tremblait, transpirait avec les personnages d'Eden Lake (vraie perle du survival où les héros, pardonnez-moi l'expression, "en chient grave leur race"), on suit sans vraiment s'inquiéter, dans un état semi-léthargique, l'escapade forestière de nos vaillants randonneurs hispanniques. Je ne dis pas que le survival nécessite des héctolitres d'hémoglobine, de la tripaille à tout-va et de la barbaque découpée en quantité industrielle mais un peu de tension n'aurait pas été désagréable, histoire de vibrer un peu avec eux. Enfin, si l'idée de dévoiler le visage des snipers n'est pas très judicieuse à mon sens (aprés tout, quelqu'un sait qui est le conducteur du camion dans Duel? Non! Et c'est très bien comme ça!), elle est assez surprenante et interessante...du moins jusqu'à ce qu'on se creuse les méninges 30 secondes et qu'on réalise toutes les incohérences que cela entraîne (sans vouloir balancer le twist, comment se fait-il que les snipers qui étaient de vraies machines à tuer capables de crever les pneus d'une voiture à 150 mètres, se révèlent totalement maladroits avec une arme entre les mains une fois leur identité dévoilée?). Pour conclure, si ma critique est aussi virulente c'est plus le reflet de ma terrible déception qu'une quelconque animosité envers ce film pas foncièrement mauvais ni à jeter aux oubliettes du cinéma de genre, juste un peu ennuyeux et qui aurait certainement été plus efficace sous forme de court-métrage. Allez Gonzalo Lopez Gallego, je te fais confiance, ta mise en scène recèle quend même quelques idées intéressantes comme ces plans façon jeu de FPS, tu feras mieux la prochaine fois. Et après tout qui suis-je pour critiquer? Bon, je vais me remater le dvd de l'Orphelinat moi...