Enchanteur, apaisant, hypnotique. Un de ces films qui donnent au cinéma le rang de 7e art. C'est l'histoire ou plutôt le conte réaliste-surréaliste, d'une expérience de vie personnelle dite marginale, d'une quête métaphysique, à la fois âpre et douce, en net affranchissement de la soumission aux conventions capitalistes, bourgeoises et culturelles. Bravo à l'équipe dirigée par Alain Gomis qui filme superbement et à Samir Guesmi! Le personnage de Yacine est un amoureux de la simplicité humaine; il se montre vrai, sans effets factices, sans prétentions, centré sur lui, âme pure qui n'impose pas la pureté aux autres et ne demande que de la dignité; du coup, il vit un peu en «décalé» avec cette société du stress et du pouvoir, à la fois calme et perturbé, drôle et soucieux, mélancolique et sexuel; il préfère son «rythme» mental à celui qu'on peut chercher à lui imposer ou lui donner; il ne joue pas «avec» les autres mais il aime jouer, il ne feint pas, n'intellectualise pas, ne se fait pas de dieu mais il ressent profondément; il tente de dépasser tout rapport de conflits car il refuse tout simplement d'entrer dans le monde des «cinglés» et, s'il tient à son authenticité, il laisse aussi «glisser», préférant se retrouver dans la joie des «marginaux» ou autres «décaléEs»; il aime partager mais ne veut pas se laisser «bouffer»; il ne cherche pas à jouer un personnage – il est, mais en quête de «paix», en attente de «l'éclat enchanteur», de la libre sensualité intérieure.
La première heure est magnifique, intimement intense. L'enthousiasme tombe ensuite pour passer à une sorte d'introspection avant de reprendre dans un sans-paroles quasi mystique. En refus des attaches, c'est dans la simplicité humaine, dans une «paix» transcendante non simulée, qu'on peut se trouver et se retrouver. On en ressort léger. On respire.