Je ne peux que renvoyer Sergeï Bodrov à ses études, car il y a encore du travail, et pas qu'un peu! Voyez et revoyez encore le Ran de Kurosawa et surtout, cette fois-ci, retenez-en les leçons! Ou alors le film n'a aucune prétention artistique (on aurait effectivement bien du mal à voir quelque chose qui irait dans ce sens dans Mongol) et alors, si ce sont les grosses recettes qui sont recherchées, le film a sûrement atteint son objectif, je suppose. Cinématographiquement, il n'y a rien dans Mongol, que ce soit clair. La photo est prototypée sur le moule des grosses productions (plutôt américaines en temps normal) de ce type, le travail du son n'est pas du tout abordé (pourtant, avec les chants mongols, il y avait de quoi faire quelque chose), la mise en scène inexistante, formatée sur des plans de 4 secondes donnant une très désagréable impression de vitesse au film (et encore cette fausse caméra à l'épaule, qui ne se pose jamais et nous empêche de fixer notre regard). On en effet l'impression que Bodrov court après la montre, pendant 2 heures, abusant de larges ellipses temporelles qui décourageront définitivement ceux qui auraient eu le courage de vouloir s'impliquer un peu dans le film. Mais bon, c'est sûr qu'en faisant un film de 3h, en étirant un peu les plans pour les faire respirer et nous laisser les voir, tout simplement, ça aurait pu en dissuader quelques uns de se déplacer au cinéma... Le plus agaçant, c'est que, le film étant profondément inintéressant, Bodrov ne nous laisse aucune solution de repli. Impossible ainsi de profiter des décors, puisque le réalisateur ne nous en laisse pas le temps (plans de 4 secondes je vous rappelle), impossible de fermer les yeux pour profiter de la bande son, puisque qu'elle est ici très agressive... Bref, nous voilà condamnés à subir. Un film artificiellement "speed" destiné à un public qui, trop habitué au stress, ne connaît plus le sens des mots "admirer", "contempler", "écouter", "rêver", "vivre".