Je suis très partagé, autant je n’ai pas énormément de choses à reprocher au fond de cette histoire de meurtres sordides, l’enquête est même d’ailleurs assez passionnante d’un sens, mais pour ce qui est de la forme je dois avouer que j’ai eu du mal à comprendre réellement le projet, ça n’est pas vraiment un found footage, ni un snuff movie, ni un documentaire, c’est un condensé de tout ça, ce qui fait que le résultat est plutôt curieux, à un moment (je dirais passé l’heure de visionnage) on ne sait même plus ce qu’on regarde, c’est fouillis.
Partant d’un principe logique que c’est un faux documentaire c’est tout de même peu crédible, je ne vois pas comment on pourrait diffuser la chose telle quelle, même le coté le plus obscur de Morandini s’oserait pas, genre enchainer des témoignages avec des séquences de prises de vue de torture, franchement ça va un peu loin, quitte même jusqu’à rajouter des artifices sonores (comme si ça suffisait pas), à trop vouloir sur-réaliser tout est faussé et on n’y croit pas, dans le sens où bien sûr on veut nous forcer à y croire. Je prends souvent l'exemple du "Projet Blair Witch", et je me souviens qu'à l'époque il entretenait la légende d'être réel, par naïveté on pouvait tomber dans le panneau vu que c'était une oeuvre novatrice et fondatrice en la matière, il n'y avait pas de chichi, c'était simple et bien mis en scène, ça suffisait.
C’est vraiment dommage car il y a de l’idée, même si j’ai été parfois déconcerté je n’ai pas lâché le film une seule seconde, preuve qu’il a un certain pouvoir d’immersion, mais justement il pouvait faire tellement mieux, personnellement j’aurais davantage appuyé la condition post-traumatique de Cheryl, son addiction à la douleur, là c’était super intéressant, mais au final le réalisateur n’en fait qu’une petite étape, misère. La dernière partie méritait limite d'être une des premières pour construire le tout autour, en incrustant subtilement les passages snuff et en insistant sur la relation entre la victime et le boucher, et non la survoler en tentant d'aller chercher ailleurs des choses qui ne valent pas nécessairement le détour.
Après j’ai bien aimé le côté cradingue du format VHS, c’est pas comme dans ces found-footages récents qui veulent reproduire l’effet numériquement, là ça colle plutôt bien, le montage chapitré c’est sympathique aussi, par contre les deux points que je n’ai vraiment pas du tout aimé dans le scénario c’est le fait qu’on veuille nous faire croire qu’ils ont arrêté le meurtrier avant l’heure de film, et comme de par hasard c’était un innocent (Oo j’avais pas deviné tiens), passage totalement inutile, ou alors les clichés de la séquestration "appelle moi maitre, toi tu t’appelle esclave", pfff y’avait moyen d’innover je pense. Même l'interprétation n'est pas super convaincante à certains moments, dans ce genre de registre on n'a pas le droit de faire les choses à moitié, du coup ça n'aide en rien la crédibilité de l'entreprise.
Je ne regrette pas l’expérience mais je ne pourrais pas non plus considérer ce film comme réellement bon, et je le redis c’est vraiment dommage, on en ressort même avec une sensation de gâchis tellement le potentiel est palpable, mais quand on a l’ambition de faire un faux documentaire je pense qu’il y a des règles à respecter pour ne pas franchir la barrière du bon sens, un excès de simplicité n'aurait certainement pas été de trop, le tout bien évidemment avec une mise en scène tirant un peu plus sur la réserve de ces acteurs amateurs.