Julien Leclercq n'a que trente ans au moment de la sortie de L' Assaut. Il avait quatorze ans lors des évènements relatés dans le film, les a suivis en direct et a été très marqué par eux. Là où de nombreux réalisateurs ont vu passer le projet et l'ont abandonné du fait de ses différentes difficultés, le jeune réalisateur est allé jusqu'au bout. Ca n'est pourtant que son deuxième film, mais le premier était déjà une preuve de son ambition: Chrysalis, un film de science-fiction avec un budget de près de 9 millions d'euros et Albert Dupontel dans le rôle principal.
L' Assaut raconte l'histoire vraie du détournement d'un vol Alger-Paris, dont l'équipage est pris en otage le soir de noël 1994. L'avion décollera ensuite et se posera sur l'aéroport de Marseille-Marignane. Pour régler la situation, une équipe va être envoyée pour une opération musclée qui sera suivie en direct par 21 millions de téléspectateurs.
L' Assaut est une adaptation libre du livre du même nom, écrit par Roland Martins, un ancien du GIGN qui avait participé à l'opération de sauvetage des otages.
Gregori Derangère interprète le Général Favier qui est toujours aujourd'hui, commandant du GIGN. Il l'a donc rencontré pour comprendre le personnage : "Denis Favier m’a fait l’effet d’un homme d’une grande simplicité, très posé, mais dont on sent qu’il est malgré tout inscrit dans l’action, tout en étant des plus humbles (...) Ce n’est pas un personnage qui m’est apparu si loin de moi, même si je n’ai bien entendu jamais vécu les situations extrêmes auxquelles il a été confronté. Ce mélange entre l’homme de culture, le tacticien, le haut gradé et l'homme de terrain m'a parlé naturellement."
Gregori Derangère s'est donc inspiré du Général Favier pour l'interpréter au plus juste. Ainsi le Général lui a donné de nombreux conseils, ce qu'il explique: "Je l’ai rencontré pour lui faire sentir l’exercice du commandement dans une telle opération, son rôle de leader, sa légitimité… préserver ses hommes tout en leur demandant d’aller plus loin. Il occupe très bien sa place de patron, même si, dans la réalité, la gestion de la crise − avant l’assaut − avait pris bien plus de temps. Mais cela n’aurait pas été très cinématographique."
Les acteurs du film semblent ravis de leur travail avec le réalisateur Julien Leclercq. Ainsi, Aymen Saïdi qui incarne le chef terroriste avoue avoir été "enchanté par la liberté que Julien laisse à ses comédiens". L'acteur renchérit : "ce qui est passionnant, c’est que je n’ai jamais eu le sentiment de composer mon personnage, mais de le vivre pleinement. Cela m’a fait penser à une création théâtrale, où on répète énormément jusqu’à retenir les bonnes idées qui émergent."
Vincent Elbaz a lui aussi apprécié l'expérience: "il est davantage dans la collaboration que la direction à proprement parler (...) il sait exactement ce qu’il veut et pourquoi il met sa caméra à tel ou tel endroit, les acteurs sont extrêmement cadrés". Une conception de chef d'orchestre qui a créé un vrai esprit d'équipe sur le tournage: "on avait fait un tel travail de préparation qu’on avait développé une complicité solide et qu’on n’avait pas vraiment besoin de se parler − un peu à la manière des hommes du GIGN quand ils sont dans l’action", confie l'acteur.
Pour rendre la scène de l'assaut proprement dite la plus réaliste possible, Julien Leclercq a décidé de ne pas faire appel à des comédiens mais à de vrais militaires préparés: "Dans le film, quand le groupe est prêt à donner l’assaut, ce sont tous d’authentiques membres du GIGN sous la cagoule, à l’exception de Vincent Elbaz et de Gregori Derangère", explique-t-il.
Pour donner un effet dynamique à l'image, Julien Leclercq s'est servi d'une caméra numérique Arri D21 avec un zoom Panavision. Il a aussi utilisé l'effet dit "shutter", qui crée un effet légèrement stroboscopique, déjà expérimenté par Steven Spielberg pour la scène du débarquement de Il faut sauver le soldat Ryan.
"Je voulais voir mes acteurs effectuer les gestes des gars du GIGN avec la plus grande exactitude", confie Julien Leclercq. Ainsi, pour être crédibles physiquement, Vincent Elbaz et Gregori Derangère ont fait un entrainement de six mois avec un coach sportif mais ils ont aussi fait trois stages à Montdésir, en région parisienne, sur la base d'entraînement du GIGN, avec de vrais membres, certains ayant participé à l'assaut de 1994. Vincent Elbaz raconte: "Avant de s’atteler à l’entraînement purement physique, on a commencé par s’asseoir autour d’une table, où nos instructeurs nous ont présenté des images d’archives qu’ils nous ont commentées. Ils nous ont ainsi expliqué leur stratégie, leur approche de l’événement, et la manière dont ils ont géré la crise de Marignane. Par la suite, on a effectué des exercices pratiques de tirs et des stages commando". "
Gregori Derangère, lui aussi, raconte son expérience de l'entrainement: "C’était au mois de février dernier, dans un froid polaire, et on s’est retrouvés au milieu de baraques en briques pourries qui ressemblent à de vieux corons abandonnés, criblés de balles, dans lesquelles s’engouffre le vent… On a dû marcher dans la neige, de nuit, et à travers des souterrains. On a aussi été entraînés par un judoka… Et ce qui m’a beaucoup impressionné, c’est de me retrouver face à un homme capable de vous neutraliser à mains nues en quelques secondes seulement : on a le sentiment d’être un jouet entre ses mains. C’était bien plus impressionnant que le maniement des armes auquel on a aussi été initiés."
La référence majeure pour Julien Leclercq était le film Vol 93 de Paul Greengrass, revient sur les évènements du 11 septembre et notamment sur ce qui s'est déroulé dans l'avion qui s'est finalement écrasé dans la campagne américaine. Ainsi, le réalisateur a demandé à ses compositeurs Jean-Jacques Hertz et Francois Roy de s'inspirer des pistes de John Powell pour ce film. De même, l'acteur Aymen Saïdi qui joue le chef des terroristes raconte que très tôt, Julien Leclercq lui a demandé de voir le film.
Le général Favier (interprété dans le film par Gregori Derangère) qui a participé au véritable "assaut" de Marignane en 1994 et qui a considérablement participé à l'élaboration du scénario, estime que le film ne devrait pas faire peur mais au contraire, donner espoir aux familles qui peuvent parfois être effrayées par la situation géopolitique: "je ne voudrais pas (...) que le film terrorise les jeunes : cette histoire est porteuse d’espoir et montre qu’il y a des gens qui veillent sur la sécurité de leurs concitoyens et qui sont prêts à s’engager très loin pour assurer leur mission", affirme-t-il.