Le génocide du Rwanda avait déjà été traité au cinéma dans "Hotel Rwanda", un film hollywoodien, plein de grosses ficelles de suspense et d'émotion tire-larmes. Pour moi, du très mauvais cinéma. Venu du reportage TV, passé par la case documentaire, Jean-Christophe Klotz, frère de Nicolas, a, pour son premier film de fiction, une toute autre approche et c'est heureux ! C'est ainsi que, du génocide proprement dit, on ne verra (presque) rien. Par contre, à intervalles plus ou moins réguliers, un texte écrit nous renseignera sur l'évolution du nombre des victimes. En fait, de même que les premiers romans sont souvent assez autobiographiques, ce premier film de fiction raconte plus ou moins ce que Jean-Christophe Klotz a vécu lors d'un reportage effectué au Rwanda en 1994. Un reportage qui a radicalement changé sa façon de faire et même de voir ce que la télévision nous propose sur des événements tels que le génocide du Rwanda. Ce film, il l'a muri pendant plus de 10 ans. Il l'a muri et il a muri. On voit bien qu'il s'interroge dorénavant sur les bénéfices qu'on peut tirer de la messe télévisée du 20 heures, épisode formaté de la vie passive des téléspectateurs. On voit aussi que, contrairement à certains de ses collègues, il est conscient que le journaliste est lui-même un élément du sujet qu'il traite. Grâce à J-C Klotz, grâce à ses interprètes (Jalil Lespert, toujours excellent, Cyril Gueï, Philippe Nahon), nous, spectateurs, en sortons également changés. En fait, une fois de plus, la preuve est apporté qu'une bonne fiction est souvent aussi instructive, voire plus instructive, qu'un documentaire, aussi bon soit-il !