La Mutante (de son titre original "Species"), ou le genre de film qui ne peut que bien vieillir, non seulement sur le fond comme sur la forme. À première vue doté d'une intrigue assez en vogue dans les années 80/90, le film de Roger Donaldson, sorti en 1995, met dans le mille avec un casting de qualité, un scénario solide, et une composition musicale plutôt méritante. Nous voici donc en présence d'une invasion extraterrestre placée sous le signe du charme incarné pour la première fois à l'écran par Natasha Henstridge doublée d'une Alien signée H.R Giger qui a toujours su porter les formes les plus attirantes dans ses créations. Mais avec une telle menace lâchée dans la nature, il ne peut se trouver qu'une équipe de choc pour faire face. Commençons par Ben Kingsley qui se révélera très à l'aise en scientifique inflexible, Michael Madsen en véritable meneur, certes, mais parvenant à apporter une touche d'humour à son côté patibulaire, notons également la présence féminine de Marg Helgenberger (qui connaîtra par la suite un certain succès pour sa participation à la série Les Experts), Alfred Molina en anthropologue décontracté, et Forest Whitaker dans un rôle quasi-mystique. C'est donc réunis que nos personnages vont se lancer dans une course-poursuite alternant scènes calmes, scènes d'actions, scènes horrifiques également (sans excès toutefois), mais qui ne relâche jamais vraiment le suspense, jusqu'à une fin permettant au long-métrage de se suffire à lui-même. Il faut aussi s'attarder un peu plus sur un très bon point du film, à savoir sa bande-son composée par Christopher Young, et qui colle parfaitement avec l'histoire, en passant du merveilleux au danger, de la douceur à l'attaque, chaque titre symbolisant bien sa séquence, on peut penser notamment à l'excellent "Star Bright", "Angel Hair", ou même "Protostar". Des dialogues honnêtes, un bon rythme, mais aussi la présence de bons acteurs dans l'ensemble, et même un visage familier bien qu'assez furtif celui de Gary Bullock (Robocop 2, Roswell (1994), et autres). La Mutante donne enfin l'occasion de nous plonger dans le Los Angeles des années 90, de comprendre facilement un film tout en restant intrigué, de se rappeler que des plans en CGI utilisés modérément peuvent convenir, et aussi l'espoir de revoir davantage de films comme ça à l'avenir.