Comment dire ? Very strange ! Bon ok, je l’avoue, celle-là était plutôt facile, mais permettez-moi de m’expliquer. Après avoir dépoussiéré tous ses super-héros les plus connus, Marvel ressort des tiroirs un personnage moins connu (voire inconnu) pour les non-fans de Marvel : le Sorcier Suprême Doctor Strange. Au moins, ça a le mérite de voir les têtes tourner, à défaut de changer de genre. Sauf que ce Marvel-là n’est pas vraiment un Marvel comme les autres. Le début est sage et on ne peut plus sérieux, avant de prendre une tournure plus dramatique. Surprenant, mais utile pour nous présenter le rôle-titre et suivre son évolution vers son destin, ainsi que son apprentissage en vue d’accomplir ce destin. Ensuite, c’est une débauche d’effets spéciaux tous plus renversants les uns que les autres, dont nous en aurons un sacré aperçu dès le début du film. Car je vous le dis, vous allez en prendre plein les yeux, surtout si vous allez le voir en 3D, bien que cette technologie ne soit pas vraiment utile sur l’intégralité du film. Pire, elle s’avère même quelque peu dérangeante sur les parties qui n’en ont pas besoin. Mais pour les scènes de combats, par ailleurs superbement chorégraphiées, ainsi que sur les effets visuels, nous sommes carrément au cœur de l’action grâce à la 3D, bien épaulée par une bande son de bonne qualité. Les amateurs du spectaculaire vont être servis, croyez-moi ! Quant à la réalisation, elle est propre, nette et sans bavure, allant jusqu'à offrir une photographie intéressante. Le montage du film est si bon que le récit se fait avec une fluidité hallucinante, et dont le propos qui rappelle un peu celui de "Inception" (que j’ai découvert récemment) est d’une limpidité à toute épreuve, à tel point que "Inception" pourrait presque (j’ai bien dit "presque" et j’insiste sur ce mot) en être réduit à l’état de film pas terrible. Sauf que "Inception" se plaçait sur un point de vue plus scientifique, et "Doctor Strange" sur un point de vue plus spirituel, et puis bon : quoiqu’on en dise, les deux ne sont en rien comparables car ce n’est pas du tout le même contexte, ce qui fait que je suis maintenant hors-sujet. Quoiqu’il en soit, les amateurs de science-fiction associée au monde mystique des grands sorciers devraient être comblés, car tous les éléments relatifs à ce genre-là sont présents. Je ne peux vous en dire plus car ce serait spoiler le film et du même coup gâcher plus ou moins un ou plusieurs effets de surprises. Question surprises, pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’est les effets visuels hallucinants, mais ça, on en a déjà parlé. La surprise vient de l’humour : et la plupart du temps, l’humour est placé sur le Docteur Stephen Strange, un talentueux neurochirurgien à l’arrogance exacerbée par un égo démesuré. Toujours utilisé à bon escient, et à petites doses, il se révèle efficace. Et c’est bien là le plus surprenant : c’est que ça marche, surtout quand on voit avec le recul que l’humour employé a un double rôle. 1°/ il ridiculise et même casse le côté prétentieux du personnage, ce qui rend le docteur sympathique aux yeux du spectateur ; 2°/ il amène des situations particulièrement cocasses et donc très drôles, y compris en pleine bataille (merci aux accessoires). Ensuite la dernière surprise vient du casting. Benedict Cumberbatch, visiblement très attiré par la science, à moins que ce ne soit plutôt la science qui le poursuive. Il n’empêche qu’il est à des années-lumière du rôle qu’il avait tenu dans "Imitation game" en prenant les traits d’Alan Turing. Franchement, je ne l’attendais pas là et m’a une fois bluffé par sa qualité d’adaptation. Mads Mikkelsen fait encore une fois un beau méchant. Il faut dire qu’il a la tête de l’emploi… Benedict Wong, dans le rôle de…Wong (au moins il n’était pas perdu) affublé d’une lourde tâche, prête à sourire. "Doctor Strange" mérite une bonne note, c'est indéniable. Mais pas le maximum, car le ton théâtral permanent prêté à la Sorcière Suprême comme si elle était une grande prêtresse est un peu saoulant, alors qu'on n'y prête pas forcément attention dans un premier temps. Après, le scénario est ce qu’il est : relativement classique pour un Marvel. Mais ce qui le différencie de ses grands frères, ce sont les petites trouvailles ici et là, comme les accessoires de combat, et la multiplication des effets spéciaux. Quant à la B.O. signée par Michael Giacchino, elle n’a rien d’extraordinaire, même si elle accompagne bien le film avec ses sons parfois électriques. Mais surtout ne partez pas à l’entame du générique de fin : vous risquez de rater une scène post-générique qui annonce clairement une suite aux aventures du Doctor Strange. Mais attention : il parait qu’il y en a une deuxième (et je râle de l'avoir ratée, alors que j'étais déjà dans les derniers à sortir de la salle). Pour finir, si vous devez vous laisser tenter par les aventures de ce docteur au nom prédestiné, allez le voir au cinéma : visuellement, vous allez prendre une sacrée claque et c’est toujours mieux d’en profiter sur un écran qui va bien avec un son qui va bien. Parole de Stephenballade.