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    Le Chemin de l'espérance
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    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    121 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 novembre 2020
    On entre à Cinecittà par le tram bleu et blanc. Cette arrivée, c'est celle qu'empruntent jeunes et vieux acteurs aux ambitions diverses. De manière amusante, Mastroianni fait partie des jeunes acteurs italiens que Risi contribuera à faire monter. Le temps d'un film, on va partager leurs rêves avec une honnêteté introspective qui fait presque pressentir La Dolce Vita.

    Cinecittà, c'est la Hollywood italienne, et à bien des égards les deux sont des villes dans la ville : chacune bien différente de ce qui les entoure, ce sont les creusets où se subliment les espoirs mais où, le plus souvent, se vérifient les craintes. Risi explore pour nous les us et l'administration de ce petit monde étrange qu'on atteint rarement mais dans lequel on n'entre, paradoxalement, jamais par la grande porte. Il dévoile l'alchimie de la célébrité, celle des personnalités-types qui la recherchent, et révèle pourquoi il faut commencer ingénu (au féminin, le plus souvent) pour espérer un jour égaler le charisme froid que les jeunes comédiens admirent par exemple chez Anna Magnani.

    Que l'ignorance des impétrants prenne sa forme de naïveté ou d'arrogance, le cinéma est un monstre qui s'en nourrit et qui transforme les gens en les brisant. Est-il horrible de voir ainsi l'espoir et l'ambition écrasés, les femmes objetifiées, les guerres financières, les conflits d'intérêts, et la flagornerie qui coulent dans les veines de la ville du cinéma comme en un anti-Vatican où le vice devient vertu ?

    Risi nous montre, très tôt, la facette d'une ville qui est une usine de visages, nous laissant avec notre responsabilité. Car si Cinecittà se repaît d'espoirs, c'est avant tout pour notre bon plaisir. Sera-t-on d'accord que l'innocence et la jeunesse soient amenés devant les bureaux des producteurs comme à l'abattoir ? Acceptera-t-on de voir la souffrance que coûte notre divertissement ? Ne se devait-on pas, en 1953, de considérer un végétarianisme moral de peur que l'hédonisme médiatique d'après-guerre ne se révèle décadent ?

    Le dilemme est heureusement obsolète de nos jours en ce qui concerne Cinecittà, ce qui rend doublement intéressant de voir des acteurs se prêter au jeu d'un cinéma glamouromane.

    → https://septiemeartetdemi.com/
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 182 abonnés 4 175 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 mars 2018
    Cinecitta n'est certainement pas la pire création de Mussolini qui permit à compter de 1937 à tout le petit peuple italien de se rêver un avenir de star. Nombreux furent les réalisateurs transalpins à relater ce phénomène dans leur film. Luchino Visconti lui-même plutôt porté sur les sujets historiques ou romanesques en fit le thème central d'un de ses films méconnus avec "Bellissima" (1951) où Anna Magnani, l'icône du néo-réalisme italien campait avec force la quête pathétique d'une mère s'étant mis dans la tête de faire de sa fille la Shirley Temple italienne. En 1953, Dino Risi n'est pas encore un des chefs de file de la comédie à l'italienne. "Le boulevard de l'espérance" sera le deuxième long métrage du réalisateur alors âgé de 37 ans après une solide expérience d'assistant et de nombreux courts métrages à son actif. Le ton sera bien sûr moins sombre que celui de Visconti et c'est un regard attendri mais déjà un peu sarcastique qui est porté sur ce doux rêve qui rend "zinzin" la jeunesse romaine quand il n'atteint pas celle des campagnes les plus reculées de la péninsule. A travers le destin de trois jeunes femmes agglutinées dans une minuscule pension, Risi nous dépeint de manière très juste en se contentant seulement d'égratigner, toute la faune qui gravite autour et dans la cité du cinéma (producteurs, figurants, techniciens,..). Derrière la bonhommie de façade la concurrence fait rage et les trois jeunes femmes qui peuvent vite devenir des harpies ne font aucune concession aussi bien entre elles qu'à leur entourage. Ainsi Giuditta (Liliana Bonfatti) n'hésite pas à repousser son fiancé venu de la campagne lui rendre visite sur un plateau pour s'épargner la honte de sa rondeur trop voyante. Il faut dire que sur sa table de nuit c'est le portrait d'Errol Flynn collé au dos de la photo dudit fiancé que Giuditta embrasse tous les soirs. Portrait qu'elle n'hésitera pas à déchirer quand elle comprendra que son avenir n'est devant une caméra. Légèreté et versatilité qui font tout le charme du tempérament italien. On reconnait bien avec ce trait d'humour le côté moqueur de Risi qui n'aime rien tant que brocarder la petitesse d'une humanité qu'il n'a pourtant jamais oubliée de faire sienne tout au long de son œuvre. On reconnait bien sûr Marcello Mastroianni à ses tous débuts qui sera pour l'occasion postsynchronisé par la voix de Nino Manfredi. Enfin l'on se dit en admirant la plastique mais aussi le talent de Cosette Graco et de Maria Pia Casilio qui n'ont pas fait carrière par la suite que le cinéma italien de cette époque était largement nourri par la profusion de vocations qui naissaient à travers le pays. "Le boulevard de l'espérance" tout à fait cohérent et parfaitement équilibré entre humour et pittoresque n'est qu'un galop d'essai prometteur pour Risi dont la plume et la caméra seront beaucoup plus acérées quelques années plus tard avec l'entrée en piste de Vittorio Gassman son acteur fétiche.
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