Petite série B sans grandes prétentions et première réalisation de Brian King (scénariste de deux films de Vincenzo Natali : "Cypher" et "Haunter"), "Night Train" nous entraîne, comme son titre l’indique, à bord d’un train de nuit roulant par une nuit très enneigée à l’intérieur duquel un homme, assez nerveux et ne parlant pas, est monté au dernier arrêt. Le chef de train le met dans un wagon avec deux autres passagers et, alors que ce dernier va vérifier si tout va bien dans le train, l’étranger s’endort. Lorsque le chef de train revient dans le wagon, il se rend compte avec les autres passagers que l’homme est décédé dans son fauteuil…Évoluant de la même façon qu’un habituel huis clos, "Night Train" se révèle être une sorte de rencontre entre "Le Crime de l’Orient Express", "Petits Meurtres Entre Amis" et "Le Faucon Maltais" : face à un cadavre possédant un mystérieux objet qui va attiser toutes les convoitises, les protagonistes décident alors de se débarrasser du macchabée pour récupérer son « trésor ». Une fois cette situation mise en place, le film va directement fleurter avec le film noir acide car la cupidité des personnages va les pousser à se tirer dans les pattes des uns et des autres. Et c’est avec cette subtile construction assez simple finalement, mais aussi avec l’arrivée inattendue du surnaturel lorsque les personnages s’intéressent plus précisément au contenu de l’objet, que "Night Train" arrive à ne pas être un thriller anecdotique de plus qu’on peut trouver à foison dans le milieu du direct-to-dvd. Oui, j’ai bien utilisé le terme « anecdotique » car il aurait pu s’agir de l’adjectif le plus apte à définir "Night Train" si son histoire avait été du même niveau que sa réalisation ; car le vrai point faible du film c’est sa réalisation assez « bas niveau » : le budget très limité du film se fait cruellement ressentir à l’écran ne serait-ce que par l’absence de plans disons « attrayants » et donc coûteux, remplacés par des plans fixes très cadrés faisant au final plus penser à un téléfilm cheap qu’à un long métrage cinéma. En outre, les plans d’extérieurs sont assez bizarres : composés à 100% d’images de synthèse, ils sont parfois bien faits et parfois affreux, et cette irrégularité de leur qualité sonne « faux » (comprenez « factice » comme du papier carton quoi !) et décrédibilise tout le reste. Heureusement, cette réalisation moyenne ne fait pas couler le film en faisant oublier l’intrigue et se voit même un peu occultée par les acteurs qui, malgré le manque d’expérience du réalisateur en matière de direction d’acteurs, se sont vraiment impliqués dans leur personnages : Danny Glover ("La Couleur Pourpre", la quadralogie "L’ Arme Fatale", "Predator 2", "Maverick", "Beloved", "Saw") est le chef du train, monsieur-tout-le-monde banal droit et honnête qui va être confronté à sa propre éthique ; Steve Zahn ("Hamlet", "Hors d'Atteinte", "Une Virée en Enfer", "Bandidas", "Escapade Mortelle") en traditionnel commercial (comprenez pauvre vendeur paumé) qui va être le « personnage équilibre » entre les deux autres, pas forcément un mauvais bougre mais désireux d’améliorer largement sa condition ; et Leelee Sobieski ("La Prison de Verre", "Jeanne d'Arc", "Une Virée en Enfer", "Max", "L’Idole", "Public Enemies") en petite étudiante discrète qui va se révéler être une véritable « beauté fatale » dans tous les sens du terme. Avec une réalisation mitigée pouvant laisser sur sa faim, "Night Train" n’est pas pour autant désagréable au visionnage : se laissant voir avec facilité et nous proposant certains rebondissements scénaristiques plutôt sympathiques (en occultant aussi le plan final aussi bâteau qu’inutile), il reste une bonne petite série B qui est au final un choix judicieux pour une bonne petite soirée vidéo.