La Cérémonie est l'adaptation de L'Analphabête (A Judgment in Stone), polar de la Britannique Ruth Rendell paru en 1997. L'écrivain s'était inspirée d'un fameux fait divers, l'Affaire Papin, du nom de deux soeurs, employées de maison, qui assassinèrent leurs patronnes (mère et fille) en février 1933. Ce crime fascina nombre de créateurs, du dramaturge Jean Genet, auteur de la pièce Les Bonnes, au cinéaste Jean-Pierre Denis, réalisateur des Blessures assassines.
Isabelle Huppert est la première actrice à qui Claude Chabrol a proposé un rôle dans ce film. Au micro d'AlloCiné en 2007, le réalisateur racontait : "Je lui ai avait demandé : quel rôle veux tu jouer, la postière ou la boniche ?" Elle m'a dit : "Je préfère la postière, car le côté introverti de la boniche, je crois que j'ai déjà donné" Moi aussi, je préférais qu'elle joue la postière !"
Isabelle Huppert s'est imposée comme l'actrice-fétiche de Claude Chabrol dans la seconde moitié de la carrière du réalisateur (qui a souvent dirigé également sa compagne Stéphane Audran et Bernadette Lafont). La Cérémonie est leur quatrième film en commun, après Violette Nozière, Une Affaire de femmes et Madame Bovary, et avant Rien ne va plus, Merci pour le chocolat et L'Ivresse du pouvoir - elle apparait aussi dans un téléfilm consacré à Saint-Saens. Au moment de sa disparition, le réalisateur travaillait au scénario d'un nouveau film avec l'actrice, d'après L'Escalier de fer de Georges Simenon. Ajoutons qu'il a dirigé une seconde fois Sandrine Bonnaire dans Au coeur du mensonge.
Pour l'écriture du scénario, qui s'intéresse notamment à la psychologie d'un personnage analphabète, Claude Chabrol s'est adjoint les services d'une psychanalyste, Caroline Eliacheff. Le réalisateur fera de nouveau appel à elle pour un film dont l'héroïne est une femme perverse (Merci pour le chocolat) et pour un autre, qui pose la question de la transmission de la culpabilité à travers les générations (La Fleur du mal). Fille de la journaliste Françoise Giroud, Caroline Eliacheff est aussi la compagne de Marin Karmitz, producteur de ces films de Chabrol.
Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire sont partagé le Prix d'interprétation à la Mostra de Venise. En revanche, seule Isabelle Huppert a décroché le César de la Meilleure actrice, ainsi que le Prix Lumière (remis par la presse étrangère) pour sa performance.
Dans une des scènes du film, les personnages regardent un film à la télévision : il s'agit des Noces rouges, un classique de Chabrol de 1973, avec le trio Stéphane Audran-Michel Piccoli-Claude Pieplu. Comme La Cérémonie, ce long métrage est inspiré d'un fait divers, connu sous le nom des "Amants diaboliques".
En 1986, le chef-opérateur d'origine irakienne Ousama Rawi avait déjà porté à l'écran l'ouvrage de Ruth Rendell dont s'inspire La Cérémonie (il s'agit de son unique long métrage en tant que réalisateur). Intitulé, comme le livre, A judgment in stone, le film, interprété par Rita Tushingham (la compagne de Rawi) se situe dans le registre du thriller horrifique -le titre français du film est d'ailleurs Horror sans conditions... Au moment où Chabrol a émis le souhait d'adapter l'ouvrage à son tout, les droits appartenaient encore à Rawi. Après intervention de Rendell, la situation s'est débloquée -d'où la mention, au générique de La Cérémonie "Avec l'aimable autorisation d'Ousama Rawi".
Claude Chabrol aime travailler en famille. C'est encore le cas sur ce film, au générique duquel on retrouve son fils Matthieu, compositeur de la bande originale. sa compagne Aurore, scripte, ainsi que la fille de celle-ci, Cécile Maistre, deuxième assistante.
Claude Chabrol avait d'abord proposé le rôle de l'analphabète à Anouk Grinberg, qui avait marqué les spectateurs quelques années plus tôt dans Merci la vie et 1,2,3 soleil de Bertrand Blier. L'actrice ayant décliné la proposition, il s'est tourné vers Sandrine Bonnaire.
La Cérémonie marque une nouvelle collaboration entre Claude Chabrol et Jean-Pierre Cassel. L'acteur et le cinéaste se connaissent depuis les débuts de la Nouvelle Vague. Chabrol l'a dirigé dans deux courts métrages de films à sketchs, genre en vogue dans les années 60 (Les Sept pêchés capitaux et Les Plus belles escroqueries du monde), puis dans Folies bourgeoises, La Rupture, et juste avant La Cérémonie, L'Enfer. Il a également produit deux comédies de Philippe de Broca avec Cassel, Le Farceur et Les jeux de l'amour.
Chabrol est un admirateur de l'oeuvre de l'écrivain britannique Ruth Rendell, dont il adaptera en 2004 un deuxième ouvrage : La Demoiselle d'honneur (titre original de l'ouvrage : The Bridesmaid). Celle-ci est une fan du cinéma de "Chacha" : dans un de ses livres, La Banque ferme à midi (Make death love me, 1979), un personnage se rend dans une salle de cinéma pour aller voir un de ses films !
Dans le roman, le personnage interprété par Jacqueline Bisset s'appelait... Jacqueline. L'actrice et le cinéaste ont choisi de la renommer Catherine.