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stanley
66 abonnés
756 critiques
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3,0
Publiée le 26 août 2012
Nulle part terre promise fonctionne par petites touches de sensibilité qui, à la longue, finissent par émouvoir le spectateur. Voyages d’Emmanuel Finkiel, plus émotionnel et jouant plus sur l'affectif, était nettement plus réussi. On peut reprocher à son dernier film un aspect un peu plombé, voir désincarné, trop documentaire. Pourtant, la structure narrative, via un excellent montage semble plus personnelle. Dans Voyages, les trois histoires se succédaient dans l’histoire ; ici elles s’interpénétrent afin de montrer que partout l’injustice et surtout la solitude et la tristesse dominent tant sur le plan socio-économique (la délocalisation de l’usine) ou purement humains (les SDF filmés par l’étudiante, elle-même une personne seule, ou les migrants kurdes en quête d’un Eden idéalisé). Le film traite aussi de la notion de perte (jusqu’à l’appareil photo dérobé), de séparation, de fuite des hommes (aussi au sens premier du terme avec le multiple épanchement des liquides) et des lieux de transit (hôtels, gares, tunnel sous la Manche, usine désaffectée). Le cadre responsable de la délocalisation est un personnage vraiment attachant, un peu perdu, en proie à des questions interrogeant l'existence et les scènes à l’hôtel sont très troublantes. Nulle part terre promise, n’a pas, selon le réalisateur, bénéficié de scénario pourtant l’importance de détails de la vie quotidienne est manifeste (lorsque le père s’occupe de son fils, le laver, le nourrir) et l’échange de regards assez personnel (entre l’étudiante et les SDF ou entre l’enfant kurde et l’autre enfant européen). Finalement, un assez bon film qui fonctionne grâce au subtil mélange entre le froid du cadre et la chaleur des sentiments humains que Finkiel parvient à faire passer.
Avec une économie de moyens et de dialogues, Finkiel excelle à peindre le désarroi de ces nouveaux voyageurs, ainsi que le chassé-croisé du facteur travail, qui va de l’ouest vers l’est, et du facteur capital (les machines) qui suit le trajet inverse. Le travail sur la bande son et le montage est admirable et hisse le réalisateur au niveau d'artistes mêlant préoccupations sociales et propos introspectifs. D’aucuns reprocheront au réalisateur d’enfoncer des portes ouvertes ou de donner dans l’exercice de style consensuel, mais ce serait méjuger la cohérence et la force du résultat final, plus que du matériau scénaristique initial.
On suit plusieurs personnages à travers l'Europe : un immigré clandestin et son fils, une étudiante, un cadre... Ils se croisent parfois. Les paysages sont urbains, gris, sales. On retient quelques idées de mise en scène, deux ou trois moments touchants et l'ambiance terriblement triste. Mais finalement, il ne se passe presque rien dans ce film âpre. Et les une heure trente ne passent pas bien vite...
Des personnages froids, sans réelle histoire, auxquels on ne s'attache pas du tout (pour les clandestins voir le sympathique Costa-gravas ou l'emouvant Welcome)... à quoi bon ? le personnage de cadre mafioso qui s'occupe de la délocalisation avec une froideur détestable est sans intérêt (alors qu'on est censé l'apprécier car il est si gentil et humain qu'il accepte même de se taper une pseudo-clocharde) du déjà-vu à go-go en tout cas... ça fait très 90s.
Voilà tout ce que j'aime au cinéma. Les images qui parlent. les images qui font voyager. pas de mots. pas du blabla. du vrai cinéma. Un cinéma fort, qui nous fait voyager, qui nous fait entrer dans le regard d'un cinéaste. Un regard lucide et si juste sur l'état de notre monde. Etat morose, certes, mais pas le film. Le film nous fait décoller, et nous émeut aussi par ses beaux personnages, si émouvants par leur sincère désarroi. Qu'ils soient sans papier, cadres, blonds, riches, minables, leur quête est la même: celle d'un monde meilleur, celle d'une terre promise, ou d'un paradis perdu...
Bravo !! J'avais beaucoup aimé "Voyages" et je n'ai vraiment pas été déçu par "nulle part terre promise". Enfin un film qui aborde l'immigration sans condescendance ni fausse bonhommie. Une vrai démarche de cinéaste où chaque plan se coordonne à l'autre, où chaque plan est un véritable voyage.
Le dernier film d’Emmanuel Finkiel est très beau. J'ai quitté la salle avec le sentiment que j'aurais pu suivre ses personnages encore quelques heures. Parce que je m'identifiais à tous et à aucun. Parce qu'à chaque séquence je me demandais ce qu'ils voyaient... Tous semblent chercher du regard un autre monde que celui appréhendé par leurs yeux... Ce film ne traite absolument pas du même sujet que « Welcome » (auquel on l’a souvent comparé). Finkiel s’intéresse d’abord aux hommes, à leurs visages. Nulle part… est un film sur les regards. Ici ils sont dissimulés derrière une frange, gênés par une grille, la buée ou la brume, déformés par des lunettes. Et nous, spectateurs, ne voyons jamais avec leurs yeux. qu'est-ce qu'ils voient? Qu'est-ce qu'ils cherchent? Et moi, qu'est-ce que je vois? Qu'est-ce qu'on me montre? Pendant une heure et demie, ce film m'a rappelé cette phrase de Godard "Une image n'est pas forte parce qu'elle est brutale, mais parce que l'association des idées est lointaine". Alors est-ce que ce serait ça, la "terre promise": une image mentale?
Beau film, juste ! Sur un tel sujet allez voir celui-ci et surtout pas "Welcome" qui est sur-écrit et de mauvais goût. Celui-ci ne vous dit pas où il faut pleurer mais plutôt vous accompagne...
Film d'une densité remarquable. Sans pratiquement aucun dialogue, je suis resté sans voix relié aux vécus de chaque personnage dans leurs parcours et leurs rencontres à travers l'Europe, éprouvé par les effets de la mondialisation. Je n'ai pas ressenti de message moral. J'ai vu 3 réalités vraies, éclatantes de tristesse, sans aucune concession. J'en suis sorti abasourdi.
Trois histoires croisées dans la complexité de leur drame. Un voyage vers la terre promise : aussi éloigné en kilomètres qu’en sentiments. Attrapés dans différents lieux d’Europe, où ils sont arrivés dans des circonstances diverses, les personnages de ce film (des migrants illégaux, un cadre et une étudiante) reflètent magistralement le panorama d’une Europe qui, comme une pièce, a deux faces. D’un côté, le déplacement des grands capitaux industriels à travers ses frontières. D’un autre côté, la poursuite contre les personnes (migrantes) qui voyagent vers les pays du nord en cherchant leur terre promise.
Au-delà de la critique contre l’injustice économique/politique, le film approfondit le drame personnel. Les solitudes qu’affrontent les exilés lors de leur transit par d’autres territoires. Malgré la solitude, le film nous montre des espaces de solidarité entre les individus. Sans doute, face à la monstrueuse injustice du système, et au regard éloigné de l’institution académique (représentée par l’étudiante qui voit la crise à travers l’écran de son caméscope) dans l’intimité des personnages subsiste une lumière solidaire.
Ce complexe drame des deux Europes, mis en évidence par la crise migratoire, autant en vigueur aujourd’hui qu’en 2008, apparait au fil des minutes du film grâce à la puissance des images qui mènent le fil narratif par-dessus les dialogues. C’est la caméra avec ses mouvements, photographies et séquences qui exprime avec toute la symbolique de chaque scène la terrible injustice et le drame que subissent -chacun à sa façon- les rêveurs qui traversent des frontières à la recherche de la terre promise.
Un des rares films à utiliser vraiment l'écriture cinématographique pure. C'est un film qu'il faut aborder sans essayer de chercher les traces d'un film classique, d'une histoire ou de psychologie habituelles ; il suffit au contraire de se laisser aller à ses perceptions, laisser venir à soi la réorchestration poétique et musicale du monde moderne qui nous entoure, se faire embarquer dans ce voyage de moments vraies, simples et intenses. Une tension monte insidieusement tout au long du film jusqu'à la séquence finale, froide et brutale, qui vous laisse marqué par une expérience profonde et unique. Voilà quelques jours déjà que j'ai vu le film et j'en suis encore hanté.