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Un visiteur
4,0
Publiée le 28 novembre 2007
"Le dernier voyage du juge Feng", c' est un film à voir. Un juge qui se déplace à pied de village en village, parmi des minorités chinoises, ça n' est pas banal; le dépaysement est garanti. On ne s' ennuie pas un instant. Les trois personnages principaux sont intéressants. À travers eux, on est amené à réfléchir sur quantité de questions qui nous touchent. Ce n'est pas à une promenade bucolique que nous sommes conviés. Le film est globalement pessimiste. Par certains aspects, il traite de l' incommunicabilité. Le scénario est très bien construit, avec une progression régulière. Au début, le juge est enthousiaste, il gravit les montagnes en chantant; comme les chinois en général, il est amateur de franches rigolades. Mais petit à petit, il accumule les désillusions, et le doute l' envahit. Le spectateur peut éprouver quelques déceptions... On pouvait s' attendre à ce que le juge ait à traiter des affaires déchirantes, et qu' il soit amené à rendre des jugements à la Salomon... Malheureusement, les conflits se succèdent entre mesquinerie et banalité. Mais cela, c' est le quotidien du juge, on n' y peut rien. On peut aussi s' étonner des réactions excessives et caricaturales de certains villageois. Maladresse du réalisteur, ou reflet de traditions culturelles aux antipodes des nôtres? Le débat est ouvert... On aimerait en débattre avec des spécialistes. Une bonne raison pour aller voir le film !
Le Juge Feng est bien différent de son illustre prédécesseur, le Juge Ti. Pour lui, pas de meurtres dans les alcôves de la Cité Interdite ni d'énigme de corps sans tête à résoudre. Non, juste des affaires de belles-sœurs se disputant un pot à conserve ou de cochon ayant déterré l'urne d'un ancêtre. Comme un épicier itinérant au fin fond de la Corrèze, il fait sa tournée dans des villages de montagne portant les noms poétiques de "Tête de Coq" ou "Queue de Coq", et peuplés d'ethnies minoritaires, les Yi et les Moso, ces derniers présentant la particularité de vivre sous le système du matriarcat ; il y rend la justice sur des pupitres d'écoliers et sous l'emblème de la République Populaire, transporté à dos de cheval.
Il existe en Chine près d'un millier de cours ambulantes de ce type, et Liu Jie a suivi les tournées de trois juges différents. Pour lui, "l'emblème national véhiculé par le cheval est le reflet exact du système judiciaire local, tressautant sur une route en construction". "Le Dernier Voyage du Juge Feng" aborde le même sujet que "Still Life" ou "Le mariage de Tuya", à savoir le choc de l'irruption de la modernité dans des sociétés traditionnelles. Ici, la modernité est représenté par le personnage du jeune juge, à la fois du point de vue politique (en bon communiste laïque, il s'indigne que Feng inclut une offrande au temple dans sa sentence) que technologique (il trimballe un téléviseur et sa parabole sur le bât du pauvre cheval pour les donner comme cadeau à son futur beau-père).
Sa première sentence se révèle catastrophique, et il faut toute la rouerie du vieux juge pour éviter que l'opposition entre les deux parties ne dégénère en vendetta sanglante. Car depuis longtemps, le juge Feng a su mâtiner le droit national de coutumes locales et surtout d'initiatives personnelles, allant du jugement de Salomon à son implication personnelle dans l'exécution de ses décisions, notamment en allant chercher lui même le cochon-dommages et intérêts, au scandale d'Ah-Luo qui n'y voit que la perte de la dignité nécessaire à l'exercice de leur fonction.
Premier voyage pour le jeune magistrat, cette tournée est la dernière pour la greffière Yang qui se fait signifier dès le premier plan sa mise à la retraite anticipée au nom de la professionnalisation de la justice, elle qui a été recrutée 25 ans plus tôt au nom des quotas ethniques. A la fois la complice et la conscience du vieux juge, elle qui est issue de l'ethnie moso s'occupe des médiations entre plaignantes ; et quand elle abandonne l'austère uniforme pour la robe traditionnelle, elle surprend le regard de Feng qui semble découvrir que sa collègue est une femme, un peu comme Ron découvrant qu'Hermione est une fille la veille du bal de Noël.
La description de ces relations entre Feng et Yang est bien plus intéressante que celle des rapports entre le novice et l'aîné, beaucoup trop convenue ; et l'évolution d'Ah-Luo ne change rien à ce sentiment d'artifice, au contraire. Le choix de Liu Jie de faire appel à des acteurs non-professionnels (à l'exception des deux juges) n'est pas toujours très heureux, et cette impression d'amateurisme est renforcée par un montage un peu apathique et rythme plutôt languissant.
Néanmoins, "Le Dernier Voyage du Juge Feng" (qui est, rappelons-le, un premier film), nous permet de découvrir un aspect peu connu d'une Chine souvent réduite à son expansion économique. Avec humour et sensibilité, Liu Jie confirme l'émergence d'une nouvelle génération de réalisateurs chinois qui préfèrent traiter de la réalité contemporaine de leur pays plutôt que de passer par la métaphore historique.
Au delà de la carte postale touristique, un scénario rondement ficelé avec une réflexion sur le visage double de la Chine, celle au deux chiffres de croissance et celle avec ses us et coutumes inchangés depuis des siècles. Emouvant, drôle, humain ! On retient, Joyce !
Avec cette comédie dramatique le spectateur plonge dans la Chine profonde (villages de montagnes). Entre situations cocasses (des voleurs de poules) et paysages magnifiques on découvre les coutumes et la culture de certains chinois. De l'humour tendre et des petites touches d'émotions font de ce film une belle réussite.
Que c'est beau et simple. La différence entre la théorie de justice et son application aux coutumes locales. Un parcrout dans une chine contenporaine que l'on ne voit pas assez.
Documentaire fiction ou fiction documentaire, ce premier long métrage de Liu Jie intéresse le spectateur européen par ce qu'il montre d'une Chine qu'on connait encore plus mal que celle des mégalopoles, la Chine rurale. Une Chine qui n'a pas encore connu la même métamorphose que celle des villes, mais dont on sent ici que des changements sont à prévoir. C'est ainsi que dans le trio de magistrats qu'on va voir parcourir les montagnes du Yunnan avec leur cheval afin de rendre la justice dans des villages reculés, la greffière de 46 ans va être mise à la retraite parce qu'elle n'a pas de diplôme ! Les paysages sont beaux, les scènes sont souvent cocasses, mais le film est un peu trop long.
Honnête road-movie "judiciaire", qui n'est pas sans rappeler un certain cinéma iranien ("Bulletin secret") dans sa description de la démocratie au quotidien. Le discours est convenu (soyons juste et tolérant et laissons jeunesse se passer) mais dans le contexte politique chinois, ce genre de cinéma est bon à prendre. Attachant.
Cela démarre doucement, la route est longue, sinueuse, avec des à-pics causant des accidents. A peine ai-je eu le temps de faire le rapprochement avec un autre procès en plein air, lui aussi pittoresque "Bamako" (excellent film malien). Franche rigolade alterne ici avec bouderie ou colère des autochtones. Il faut de l'astuce, parvenir à un compromis, on est loin d'un tribunal classique en ce qui concerne les sanctions... Un léger conflit couve entre le juge aigri par l'usure et le jeune frais émoulu qui, pourtant ne la ramène pas du tout, au contraire. Diplomatie de la greffière, un petit soupçon de sentimentalité de vieux couple, bel arrêt sur col de chemise... Et puis, ce cheval fugueur, ce cochon renifleur qu'on prend, qu'on laisse, une mariée en blue-jeans sous sa robe blanche. Ce tribunal ambulant récupère à la dure pourtant, leurs manteaux en guise de couverture pour dormir, la présence du feu sur ces hauteurs ensoleillées mais glaciales... L'emblème, genre de totem à préserver... Un contraste affolant entre archaïsme et modernité au point que le spectateur se demande s'il ne revient pas un siècle en arrière. Très rince-l'oeil en même temps, angles délicats, contrastes de couleurs. Les dialogues peuvent être retenus ou alterner avec un chant de fureur. Ce qui frappe chez ces itinérants est qu'ils se tirent d'affaire au feeling, au besoin en mettant la main à la poche.
De nos jours, en Chine, le juge Feng, sa greffière et son apprenti sillonnent les montagnes pour aller rendre la justice dans les villages où les traditions font la loi. "Le dernier voyage du juge Feng" nous apprend le fonctionnement des cours de justice ambulantes qui sillonnent le pays. Personnellement, je n'en soupçonnais même pas l'existence. Les paysages de montagne sont superbement bien rendus par une photographie particulièrement soignée. Un ravissement pour les yeux qui ne suffit pas à nous occuper pendant l'heure 40 de film. On s'ennuie ferme en regardant cette fable sociale. Sans doute parce qu'il ne s'y passe pas grand chose.
Les films chinois, qui nous arrivent au compte-goutte nous fascinent en nous montrant des facettes inconnues de la Chine . Ici, Liu Je nous emmène dans le monde insolite des juges itinérants -sortes de juges de paix, qui parcourent des dizaines de kilomètres pour aller rendre la justice dans des hameaux isolés. Dans les sublimes étendues montagneuses du Yunnan le juge (l'excellent Bao-Tian Li), flanqué de sa greffière et d'un stagiaire parcourt en tirant son poney surchargé (avec l'emblème de l'état, un superbe bouclier de métal décoré d'étoiles rouges) des sentiers à peine muletiers. Le stagiaire est bardé de beaux principes marxisto-laïques. Las! la réalité est tout autre. Car ces groupes ethniques minoritaires sont à mille lieu de la modernité de Pekin ou de Shanghaï. Quant un cochon a déterré une urne funéraire et bouffé les restes des ancêtres, notre juge règle tout ça avec sagacité et bonhomie, mais jugez du désespoir du stagiaire lorsque il recommande une cérémonie à la pagode... Et lorsqu'il se déplace en tirant derrière lui un gros goret, c'est toute la dignité de la magistrature qui est en cause! Chez les Yi on a entendu parler de la démocratie: le chef de village a fait voter une constitution villageoise qui permet aux habitants de s'approprier le bétail d'un autre hameau qui en aurait franchi les bornes. Justement deux chèvres étrangères tombent à pic pour le banquet de mariage de la fille du chef… Le film est plein d'humour mais il n'est pas drôle et même, il finit mal. Car le juge Feng, qui boit beaucoup trop, que son métier a conduit à mener une vie solitaire, n'est pas un homme gai... On peut s'attendre à voir de plus en plus de films tournés chez les minorités, car les Han sont fascinés par ces ethnies aux costumes invraisemblables et somptueux qu'ils connaissent si mal. En attendant, courez-y, si vous trouvez une salle qui projette encore ce film, et plutôt deux fois qu'une. Ce sera la plus belle découverte de votre année.
Un film remarquablement fait, avec une vraie qualité d'image, ce qui réconforte après certains films chinois de cette année, un vrai scénario, des personnages assez fascinants, et de l'humour! Pourquoi ce film excellent n'est -il pas porté aux nues comme d'autres qui n'en méritaient pas tant, mystère. Si vous pouvez le voir, n'hésitez pas, vous ne serez pas déçus!