C'est au cœur du moyen-âge nippon durant le XVIème siècle qu'Akira Kurosawa nous emmène avec La Forteresse Cachée, évoquant deux idiots cherchant un trésor, avec comme fond une guerre des clans et une princesse.
En tout cas, ça fait du bien de voir Akira Kurosawa s'éloigner des films plus sérieux et sous tension auxquels il avait habitué, lorgnant ici vers l'aventure teintée d'une comédie où le burlesque est roi. On ressent d'ailleurs toutes les influences du cinéma muet avec une oeuvre renvoyant parfois vers les comédies de ce temps-là ou même l'expressionnisme. L'écriture est de qualité, et Kurosawa se montre toujours particulièrement adroit derrière la caméra, sachant rendre les personnages et enjeux passionnants.
C'est effectivement dans les personnages que l'oeuvre qui a fortement influencé George Lucas pour Star Wars (et ça se ressent notamment dans les deux premières minutes, rappelant l'arrivé des deux droïdes sur Tatooine) trouve son salut, que ce soit la jolie princesse courageuse et plutôt capricieuse, le samouraï sous ses ordres ou encore les deux paysans cupides, idiots et égoïstes faisant un peu penser à un Laurel et Hardy japonais. Les rebondissements sont bien foutus et surtout bien amenés, le suspense tenant tout de même de bout en bout avec plusieurs séquences plutôt mémorables, notamment celles qui lorgnent vers un côté spectaculaire (que ce soit celle où les deux paysans sont prisonniers au début, tout simplement magistrale, ou le long et savoureux duel à la lance).
Parfois cocasse, l'oeuvre se voit comme une épopée onirique, et Kurosawa maîtrise tout de la première à la dernière minute, signant une mise en scène assez énergétique et bénéficiant d'une reconstitution de qualité. Le procédé en CinémaScope est bien utilisé et assez plaisant, le cinéaste japonais sachant bien mettre en valeurs personnages, notamment lorsqu'il propose des plans se limitant aux expressions, à l'image de ceux mémorables et magistrales de la princesse) et paysages tandis que devant la caméra, les comédiens sont remarquables, notamment Toshirō Mifune ainsi que la belle et surprenante Misa Uehara, devenant l'une des plus belles et fascinantes héroïnes qu'il m'ait été donné de voir au cinéma.
Avec La Forteresse Cachée, Kurosawa s'aventure au moyen-âge et propose une oeuvre palpitante et passionnante, lorgnant parfois vers la comédie et bénéficiant d'un cadre de grande qualité, tout comme les comédiens.