Bon, je ne crois pas qu’il faille trop s’enflammer sur Warcraft. Ok, ce n’est pas le nanar attendu, mais ce n’est pas fameux non plus, et pour le coup. Et le souci principal est clairement formel.
Ok, niveau design des créatures rien à redire. On retrouve le jeu, et l’esthétique est fidèle, seulement, on est plus dans un jeu ! Le travail sur les textures est très mauvais, les citadelles, les bâtiments ne respire pas du tout, il n’y a aucune perspective atmosphérique dans ce film qui ressemble à ce qu’il est : un produit numérique sans matérialité. C’est très décevant, et il y a des décors qui font vraiment toc.
Je souligne aussi une mise en scène très mauvaise. Le réalisateur est peut-être bon dans d’autres registres, mais là, il est perdu. Les scènes d’action sont très mauvaises, sans relief, sans ambition, elles sont courtes et brouillonnes. Le final frôle tout de même le désastre, et dans la même orientation consensuelle (sans sang et violence trop méchante), le Seigneur des anneaux parvenait tellement mieux à cacher cette « censure » contrainte.
Bref, voilà ce qui est spécialement dérangeant dans Warcraft, qui curieusement se rattrape un peu sur d’autres aspects souvent délaissés du blockbuster. Le scénario n’est pas indigent, du moins il met en bouche pour une trilogie potentielle avec une certaine efficacité, et il sait surprendre. Il y a des rebondissements intéressants, et une méchanceté d fond à défaut d’une méchanceté visuelle. Il y a des aspects prévisibles et ça manque d’approfondissements (le film aurait pu durer un peu plus longtemps), mais c’est au-dessus de pas mal de produits du même acabit, et c’est déjà cela.
Le casting est largement dominé par des créatures numériques, sur lesquelles je ne me prononcerai pas trop. De façon générale, les personnages sont plutôt plaisants, et assez bien dégrossis pour voir leur nombre et la durée du film. Il y a des surprises agréables (genre le roi n’est pas un gros lourd), et des choix scénaristiques qui mettent en valeur les personnages. Dans l’ensemble c’est solide, avec quelques acteurs à la hauteur, spécialement dans les seconds rôles, à l’instar de Paula Patton, Ben Foster ou Dominic Cooper, qui ne m’a pas toujours convaincu pourtant.
Finalement, Warcraft est une déception visuelle qui sonne trop toc, mais il y a des choses bien vues sur le fond. Plus méchant et déconcertant que la plupart des blockbusters actuels, il a surtout manqué à ce film un réalisateur rodé au spectacle et à l’épique, pour transcender les combats et la force émotionnelle. 2.5 pour l’instant car le visuel est essentiel dans un film qui mise autant sur les fx, mais dans une suite avec un tir corrigé, Warcraft pourrait devenir une petite réussite.