Cinéaste vraiment méconnu du grand public, Paul Vecchiali est un de ces esthètes que je compare assez facilement à des réalisateurs comme Jean Rollin. Peu de moyens, un public potentiel très restreint, et une vraie volonté de surprendre, de déconcerter.
Rosa la rose est sûrement un de ses films les plus poétiques. C’est sûr, il ne faudra pas être un féru d’action et de rythme pour apprécier ce métrage qui en est presque entièrement dépourvu, mais le film dégage une vraie poésie. Se voulant assez atemporel, le métrage se présente comme un conte, mélancolique, sombre, qui semble drôle parfois mais ce n’est qu’une impression car le propos est généralement grinçant. Vecchiali introduit beaucoup de thèmes qu’il aborde avec une réelle audace, à défaut de le faire toujours avec clarté et limpidité. Son film conserve un certain hermétisme, pas désagréable en soi, mais toujours un peu gênant quand il s’agit de traiter de sentiments, surtout fort comme ici.
Pour son métrage le réalisateur s’est entouré d’acteurs talentueux, surtout du côté du casting féminin en fait. Marianne Basler, superbe joue avec beaucoup de finesse et de talent. Elle impose un charisme certain, et sa présence magnétique est pour beaucoup dans l’intérêt du métrage. On reconnaitra aussi la toujours agréable Evelyne Buyle dans un second rôle. Le casting masculin est plus quelconque, même si les personnages ne manquent pas d’un certain relief. Les acteurs sont moins forts, moins emballants, notamment Pierre Cosso, fadasse, qui se fait facilement voler la vedette par ses comparses.
Visuellement Vecchiali signe un film très propre, marqué par un travail des plus soignés sur la photographie, l’ambiance, et le réalisateur se montre toujours audacieux et imaginatif dans les scènes érotiques. Peu nombreuses, elles sont réussies et bénéficient du travail du réalisateur qui leur donne de l’allure un cachet plaisant. Le tout est servi par une bande son, qui, là encore comme souvent chez le réalisateur, est une réussite. Elle donne beaucoup de sens au film, et sert son ambiance.
Vecchiali a indéniablement un cinéma exigeant. Parfois c’est un ratage, parfois c’est une réussite et là on est sur une réussite. Tout comme ceux à qui on peut le comparer, Rollin ou Franco, lorsque leurs ambitions trouvent un écrin, ça peut donner une belle pépite méconnue, par contre lorsque ce n’est pas le cas ça devient vite du cinéma boursouflé et indigeste. 4