Musée haut, musée bas est l'adaptation cinématographie de la pièce homonyme écrite par Jean-Michel Ribes. Celui-ci nous rappelle comment sa pièce est née : "Je me suis mis à écrire des personnages qui se promenaient dans un musée, un peu comme on tapote sur un piano pour trouver un air, et peu à peu, ils m'ont entraîné dans ce lieu libre et fou où se mêlent l'imaginaire, le sublime, l'élevé, mais aussi le grotesque, le ridicule, le moche, bref le haut et le bas. Je me suis vite aperçu que les chefs-d'oeuvre qui m'intéressaient étaient les gens qui regardaient les chefs-d'oeuvre. Je suis parti m'isoler quelques jours à Naples pour essayer de mettre tout cela sur le papier et puis en rentrant à Paris, je me suis décidé à placer ce charivari sur scène."
C'est après avoir assisté à la première représentation de la pièce que Dominique Besnehard, qui était alors l'agent de Jean-Michel Ribes à l'époque, lui conseilla d'en faire un film. "C'est un homme d'intuition, confie le réalisateur. Il m'a présenté le producteur Frédéric Brillion d'Epithète films. Rencontre qui fut déterminante pour moi." "Cette fois, j'ai l'impression d'avoir réussi à réaliser le film que j'avais imaginé, poursuit le cinéaste. C'est avant tout grâce à la complicité que j'ai eue avec les producteurs Frédéric Brillion et Dominique Besnehard, à leur confiance, à leur soutien permanent - nous voulions vraiment faire le même film, et aussi à l'adhésion des acteurs et de l'équipe. Ce plaisir que j'éprouvais chaque jour sur le plateau ne m'était plus arrivé depuis "Palace"."
Avec un tel casting, on pourrait penser que Jean-Michel Ribes a éprouvé quelques difficultés à gérer le tournage. Et pourtant ce ne fut pas le cas, car, comme il l'explique, il a senti une véritable adhésion des acteurs pour le scénario. "Il est vrai que j'avais déjà travaillé avec beaucoup d'entre eux et que la plupart avaient vu la pièce à laquelle ils avaient beaucoup ri, confie le cinéaste. Ils savaient tous qu'il n'y avait pas 120 petits rôles mais d'une certaine façon 120 premiers rôles. Ils ont tous accepté sans considération d'ego... enfin presque."
Jean-Michel Ribes ne se voit ni comme un ethnologue, ni comme un sociologue et surtout pas comme un donneur de leçons. "Je ne me dis jamais que je suis en train de brosser un portrait de la société, explique-t-il. Je cherche juste à me surprendre, à me faire rire. Je suis toujours dans la position d'un gamin dans une cour de récréation (re-création) qui s'amuse avec des amis à ridiculiser les profs et l'esprit de sérieux. Disons que je suis un auteur ou un cinéaste d'aéroport, je monte dans un avion et j'aime qu'il décolle m'emmenant vers une destination inconnue."
Musée haut, musée bas se veut être un film politiquement incorrect en s'attaquant notamment à l'écologie. Jean-Michel Ribes s'en explique : "Je ne suis pas un partisan de la pollution ni des oiseaux dans le goudron mais c'est vrai que la grande messe de l'écologie m'agace. C'est devenu une sorte d'église, le MEDEF de la bonne conscience. Quel homme politique aujourd'hui ne veut pas sauver la planète ? On nous culpabilise à chaque fois qu'un scarabée meurt en Amazonie. Moi je vous avoue ne pas trouver tout détestable dans le progrès. Je préfère habiter Venise que dans une yourte en roseaux et c'est vrai que je suis plus sensible au génie de Michel-Ange qu'à celui d'un champ de poireaux. J'aime la nature quand elle imite l'art, j'aime les jardins japonais parce qu'ils sont philosophiques avant d'être naturels. Je respire mieux dans un musée que dans une forêt. Et on semble oublier que beaucoup d'hommes passent leur vie à combattre quotidiennement la nature comme les médecins par exemple, qui luttent chaque jour contre cette chose très naturelle qu'est le cancer."
Les plus observateurs découvreront au détour de certains plans quelques apparitions quasi-hitchockiennes de Jean-Michel Ribes. "Ce n'était pas une volonté délibérée, explique le réalisateur, j'ai simplement remplacé au pied levé un acteur qui n'a pas pu venir, mais ce sont des apparitions infimes."
A l'origine, quatre actrices de renom devaient faire partie du casting mais ont finalement manqué à l'appel. Il s'agit de Sabine Azéma, Fanny Ardant, Nathalie Baye et Valérie Bonneton.