Filatures marque les débuts à la réalisation, à 38 ans, de Yau Nai Hoi, connu jusqu'alors comme scénariste de Johnnie To. Il a écrit ou co-écrit la quasi-totalité (soit une grosse vingtaine !) des films du maître de Hong kong à partir de Bare foot kid en 1993 -Fulltime Killer et Breaking news faisant partie des rares exceptions. "Cela faisait longtemps que Johnnie To m'encourageait à passer à la mise en scène", confie le réalisateur.
Filatures a été présenté en 2007 au Festival de Berlin dans le cadre de la section Forum puis au Festival du Film policier de Cognac.
Yau Nai Hoi parle de ses différentes expériences pour le petit et le grand écran : "J'ai travaillé durant trois ans pour la télévision et cela m'a appris les bases essentielles en ce qui concerne l'écriture. Le cinéma, je l'ai découvert en rencontrant Johnnie To et Wai Ka-Fai. Ce sont eux qui m'ont tout appris. Wai Ka Fai maîtrise parfaitement les techniques narratives. Johnnie To gère comme personne une équipe et un plateau. Quant à la mise en scène, c'est un maître. Quand on passe dix ans à leur coté, forcément, on apprend beaucoup." Wai-Ka Fai a écrit, produit et co-réalisé de nombreux films de Johnnie To.
Pour composer son casting, Yau Nai Hoi a choisi nombre d'acteurs qu'il a connus sur les plateaux des films de Johnnie To. Parmi eux figurent la star Tony Leung Ka Fai, vue entre autres dans Election 1, mais aussi l'un des acteurs fétiches de To, Simon Yam (The Mission, PTU, Election 1 et 2...).
La jeune recrue de la police est interprétée dans le film par une jeune femme qui débute elle-même comme actrice. Elle n'est cependant pas inconnue en Asie puisqu'elle fut Miss Hong Kong en 2004. C'est Johnnie To (encore lui...), qui faisait partie du jury, qui a soufflé son son nom à Yau Nai Hoi.
L'habileté de la mise en scène, le rythme du film ainsi que sa thématique ont rappelé à certains spectateurs l'atmosphère de la série à succès 24 heures chrono. Pourtant, Yau Nai Hoi confie : "Contrairement à ce qui m'a été répété au Festival de Berlin, où le film était présenté en première mondiale, je n'avais jamais vu la série 24h chrono que j'ai évidemment visionné dès mon retour en Asie ! Ce qui m'a donné l'idée de ce scénario, c'est un article de presse sur ce service de la police de Hong Kong qui fait exclusivement des filatures. Ils n'ont pas le droit de procéder à une arrestation, ils ne sont pas policiers. Suivre cette unité composée de gens qui agissent dans l'ombre m'a semblé une idée séduisante."
Le cinéaste évoque les difficultés du tournage : "Tourner à Hong Kong est compliqué si vous n'avez pas de gros moyens. Je ne pouvais pas me permettre de construire des décors ou de bloquer la circulation, ou de gérer la foule des passants. Donc parfois on plaçait la caméra suffisamment loin pour que nul ne la remarque, ce qui allait parfaitement avec ce que raconte le film : donner le sentiment de surveiller les choses et les gens à distance, comme des proies qui ignorent qu'elles en sont une. Le plus difficile, c'est qu'on avait rarement droit à une deuxième prise dans les rues. Tout va tellement vite que d'une prise à l'autre, rien n'est raccord : ni les voitures, ni les métros, ni les gens !"