On considère que la RAF (Fraction Armée Rouge, appelée plus communément Bande à Baader ou Baader-Meinhof) est née le 2 avril 1968, créée par Andreas Baader et Ulrike Meinhof. Appuyée sur une idéologie d'inspiration maoïste de guérilla urbaine et le dégoût de la période nazie, elle a procédé à de nombreux attentats, mais surtout à des enlèvements et des assassinats spectaculaires qui ont défrayé la chronique jusqu'en mars 1998 (date de signature de l'acte d'auto-dissolution du groupe).
Le film est adapté d'un ouvrage éponyme de Stefan Aust relatant l'épopée de la bande. Cet ouvrage est devenue une référence historique en la matière.
Le réalisateur Uli Edel revient dans son pays natal, avec une production uniquement allemande, ce qui n'était pas le cas au cinéma depuis son premier film Moi, Christiane F. ..13 ans, droguée et prostituée en 1981, donc depuis 27 ans.
Les deux acteurs principaux du film ont un lien cinématographique avec l'histoire allemande, et notamment la période nazie. En effet Moritz Bleibtreu a joué le colonel SS Heindrich dans Les Femmes de l'ombre de Jean-Paul Salomé alors que Bruno Ganz n'est autre que le Hitler de La Chute d'Oliver Hirschbiegel.
La Bande à Baader affiche le plus gros budget de l'histoire du cinéma allemand, 20 millions d'euros, et a été sélectionné pour représenter l'Allemagne aux Oscars 2009.
La plupart des scènes du film ont été tournés sur les lieux réels des faits, trente ans plus tard."Lorsque nous avons tourné la mort de Benno Ohnesorg près du Deutsche Oper Berlin, exactement à l'endroit où il a été tué le 2 juin 1967, j'ai été tellement bouleversé que j'ai eu du mal à diriger la scène. Quand nous avons filmé la scène dans laquelle Rudi Dutschke se fait tirer dessus, toute l'équipe a été si émue que certains ont dû quitter le plateau." rapporte le réalisateur.
Pour Martina Gedeck, interprête de Ulrike Meinhof, la limite entre réalité et fiction a été très compliquée à sentir : " Pour un acteur ou une actrice, il y existe toujours une limite étroite entre la fiction et laréalité. Lors de la création de La Bande à Baader, cette limite s'est brouillée à tel point qu'il était parfois impossible de faire la différence. Nous avons cessé de fairesemblant. Pour les gens que nous incarnions, c'était une question de vie ou de mort."
Uli Edel ne pensait pas en 1981 à faire un film sur la bande à Baader. Et pourtant..."Si vous regardez attentivement ce dernier film (Moi, Christiane F. ..13 ans, droguée et prostituée), vous pourrez voir une unique photo suspendue au-dessus du lit dans l'appartement de la junkie. C'est un portrait d'Ulrike Meinhof ! À l'époque, je l'ai placée là moi-même, sans savoir exactement pourquoi j'avais choisi précisément Ulrike. À présent, je le sais.
Le scénariste et producteur Bernd Eichinger explique sa manière d'envisager le film : "Le premier défi a été de condenser dix ans d'histoire dans un long métrage. Une approche traditionnelle était inenvisageable. J'ai préféré opter pour une forme de dramaturgie discontinue que j'appelle la " Fetzendramaturgie ". Plutôt qu'une structure de narration linéaire, le film consiste en un certain nombre de pièces de puzzle que le public doit assembler pour obtenir l'image complète. Au plan pratique, cela signifie que les personnages apparaissent, souvent sans avoir de nom, et qu'ils disparaissent lorsqu'ils ne jouent plus de rôle dans l'histoire. Il n'y a personne à qui le spectateur puisse s'identifier, parce que je ne voulais pas que le film dépende émotionnellement d'un personnage."
Le film suscite de vives réactions en Allemagne ou le mythe de la bande renaît au lieu d'être détruit. Là ou les médias auraient préféré une critique, ils se retrouvent en face d'un film réaliste. Un journaliste Allemand du Bild déclare néanmoins "Même si cela me fait mal de voir ça, c'est la seule manière de montrer clairement aux jeunes à quel point la RAF était violente et assoifée de sang: c'était pas des rebelles, c'était des assassins."