Humain ou l’apogée du genre
D’abord des bureaux aseptisés qui nous plongent immédiatement dans une ambiance lourde, lourde visuellement et dans le ressentiment mais aussi lourde de sens. Le crâne humain, sur l’ordinateur de Sarah Forestier, l’abîme d’un monde qu’elle cherche à synthétiser, nous renvoi à notre moi et nous enferme immédiatement dans une interrogation qui ne nous lâchera plus de tout le film…Qu’est ce que l’humain ? Une définition ? Un mystère ? L'intérêt du film se trouve encore plus loin: c'est dans le mouvement, la cadence, que le film se détermine. Le film nous embarque, sans nous laisser le choix.
On reprend souffle après le cauchemar prémonitoire de Sarah Forestier, scotché par un raccord magistral de brutalité avec l’extérieure. Celui-ci, subtilement éclairé par Aleksander Kauffman qui bouscule nos sens tantôt vers une lumière chaude et confuse, on pense à Van Gogh, tantôt puissante et terrifiante, on pense à Rembrandt.
L'image nous interroge à chaque mouvement, elle nous balade comme un gosse, qui verrait la mer pour la première fois. Dans le train, notre héroïne Sarah engage la discussion, dans une scène sublime de douceur et d'humour, avec ses voisins, hasard ? destin ? Mystère, encore fois les réalisateurs brouillent les pistes pour mieux nous renvoyer a nos profondes peurs et interrogations.
Sur le quai, on découvre ébahis Philippe Nahon en irrésistible aventurier, farceur et charmeur, père de l'évidence, et son digne fils Laurent Deutsh, qui regorge de nuances et de puissance, (on pense à l'intensité d'un De Niro dans Taxi Driver). Ils sont là, ils attendent Sarah, ils attendent le spectateur pour nous emmener tous dans une aventure qu'on prédit incroyable ! Mais qui, je vous le confesse, dépasse toutes attentes !!