Une très belle surprise que ce Mocky, moins connu que certains autres .Et pourtant une réussite aussi bien au niveau de la forme que du fonds .Une sorte de farce , de comédie surréaliste féroce, avec pour cadre une petite ville de province de Normandie . Le directeur d’une laiterie, principale entreprise de la région, décède , il se noie dans une cuve de lait , par accident ( à la Mocky). Les quatre membres du « board » vont alors se disputer la place de n. 1. S’en suivra un parcours de lobbying, d’intrigues pour essayer de ramener un grosse commande qui flatterait le vainqueur et ferai la différence .Tout y passe, il y a le clergé, avec un évêque corrompu mais influent, la bourgeoisie locale « snob » et une peu bête ,le terme snob ( à la mode dans les années 60/70) représente ici les parvenus , bien installés dans leur conformisme, qui vont soutenir l’un ou l’autre des candidats, dans des montages machiavéliques et un peu surréaliste . C’est la grande force du film , d’être ancré dans le réel , il est tout à fait d’actualité qui décrit les luttes d’influence ou de lobbying , mais les sujets sont traités avec distanciation et humour , parfois complétement barré, il y a un air de Buñuel, en plus féroce avec beaucoup de trouvailles. Un film très créatif aussi, ou chaque plan innove. Quelques scènes culte, Lonsdale qui est excellent, suppliant l’archevêque, Francis Blanche en prescripteur, encadrant un groupe de jeunes, en haut d’un phare pour un acte contre nature, il est absolument formidable. Le plus malin des 4 est joué par Gérard Hoffmann, excellent acteur qui pourtant ne fera pas grande carrière juste quelques films avec Mocky. Il arrive à intriguer, à manipuler, en s’aidant d’une jolie jeune fille mineure (à l’époque -21 ans ) ,son amoureuse, la très belle Véronique Nordey ( épouse de J.P. Mocky à l’époque ). Une très belle scène où les deux amoureux sont dénudés, roulés dans la farine érotisante. Les acteurs sont tous excellents : on découvre Jacques Dufilho, qui lui fera un grande carrière , en jeune premier, milliardaire bien né, partant faire une croisière autour du monde, délirant . Des « grande gueule » de second rôles comme Tissier, ou Roquemert, et même Pierre Dac , comique culte des années 50/60 dans un petit rôle. Un scénario très malin, bien fichu, des thèmes forts, comme une forme de féminisme, avec le personnage de Nordey, l’anticléricalisme, et bien sûr l’antisystème, cher à Mocky, mais ici bien maitrisé , avec ce mélange de critique sociale fine et féroce, et de délire surréaliste et loufoque . On ne s’ennuie pas une seconde.