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JoeyTai
20 abonnés
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4,0
Publiée le 11 juin 2009
Pour un petit film qui date déjà pas mal et qui est très peu connu, j'avoue avoir été agréablement surpris. Il faut évidemment ne pas s'attarder sur les scènes faciles, les incohérences du récit ou l'inégalité de la qualité de la mise en scène. Les interprétations sont jubilatoires, notamment Michael Lonsdale, irrésistible avec son ridicule accent, Francis Blanche, ou encore le personnage minable dans sa baignoire : "Lave-toi d'abord ! ". Ce n'est certes pas un grand film, mais il recèle des perles dont il serait dommage de se priver.
Le décès du patron d’une coopérative laitière ouvre la porte à quatre prétendants. Sera élu celui qui convaincra les paysans, et obtiendra l’importante commande de Monsieur Moloch (Francis Blanche). On fait ici dans la satire sociale, et on le fait sans retenue. Chaque postulant au poste de patron compte ses alliés, manœuvre de manière hypocrite, cherche à discréditer ses concurrents. Une galerie de portraits à l’emporte-pièce donc, à laquelle s’ajoute des pirouettes grinçantes (le prétendant catholique envoyé en enfer) et des traits relevant de l’humour noir (camp de scout meurtrier). Dans sa forme, la réalisation rappelle les comédies italiennes de la même époque ; l’ensemble, parfois drôle, se laisse voir, tout en donnant l’impression d’un travail de dilettante. Pour un regard actuel, cette charge facile n’a hélas guère d’intérêt, et lasse assez vite, malgré l’excellent jeu des acteurs.
Après s’être intéressé de fort belle manière aux rapports amoureux, dans Les Dragueurs d’abord, dans Un Couple ensuite, avec un style respirant bien la Nouvelle Vague, Jean-Pierre Mocky change radicalement de cap pour son troisième film, en signant une farce dont les années 50 et 60 nous ont copieusement abreuvé. Truffée de gags, celle-ci est toutefois agrémentée par la dénonciation du snobisme, dont Mocky voyait des adeptes partout dans la société, de la Magistrature au Clergé, en passant l’Armée. L’occasion d’envoyer quelques petites piques envers ces milieux du pouvoir – et au passage aussi, envers Monsieur Tout-Le-Monde – ce qui valut au film d’être conspué à sa sortie et presque directement ôté de l’affiche.
Longtemps interdit, il obtiendra pourtant la sympathie de …Woody Allen (qui racheta plusieurs gags à Mocky!) et des plus prestigieuses universités anglaises (Oxford et Cambridge) qui avaient apprécié l’humour très …british du film. Nul n’étant prophète en son pays, il faudra attendre en France une critique élogieuse d’un journal à la fin des années 70, couplée d’une ressortie sur grand écran, pour qu’il soit reconnu à une plus juste valeur. Les acteurs, de Francis Blanche à Michel Lonsdale en passant Noël Roquevert, offrent une touche supplémentaire fort appréciable à leur personnage.
Au final, l’ensemble – qui peut sembler parfois brouillon – a relativement bien vieilli, et mérite donc un détour. On regrettera néanmoins de ne plus y trouver le traitement poétique qui avait fait la force des deux premiers films de Mocky.