Lettre d’une connasse.
Je suis sortie vendredi soir du Racine, après avoir vue DE LA GUERRE de Bertrand Bonello, totalement bouleversée, emmenée, conquise, avec le sentiment d’avoir été comprise dans mes plus profonds secrets et fantasmes. J’étais heureuse et pleine. Comme le dit le personnage, sublime Mathieu Amalric, j’étais enfin là.
Le lendemain, je flottais encore dans les sensations. J’étais encore bien.
Le lendemain soir, dimanche, j’allume la télévision, LE CERCLE, animé par Beigbeider.
A la fin de l’émission, on vient à parler de DE LA GUERRE. Ça commence bien, Beigbeider aime, mime une scène, retrouve la joie du film. Monsieur Bonnaud le trouve passionnant et en parle remarquablement bien. Je me sens moins seule, même si j’avoue que j’aimais l’être avec ce film.
Et puis arrive Marie Sauvion du PARISIEN, oui, Marie Sauvion, je répète le nom car il ne faut pas l’oublier. Elle n’aime pas le film. Soit. Le film n’est pas toujours facile ou aimable. Elle se moque de lui. Soit. C’est facile. Elle s’énerve. Soit. C’est du spectacle. Et puis, elle commence à insulter Bonello. Le ton continue à monter. Et là, elle lâche : Restons bien entre connards confinés abscons! J’ai envie de le buter.
Et moi, j’ai eu envie de pleurer. Comment un film peut-il déclencher une haine aussi laide. Buter un cinéaste ? Le traiter lui et les gens qui aiment son film de connards ? J’ai eu envie de pleurer.
Le lendemain, j’ai revu l’émission sur Internet, cafardeuse. Je ne pouvais le croire. Mais les mots sont bien là.
Restons bien entre connards confinés abscons! J’ai envie de le buter.
Tout d’un coup, je me suis sentie forte. Alors oui, je suis une conasse, et je n’ai jamais été aussi contente d’en être une.
Je suis une conasse, je suis une conasse, je suis une conasse.
Et si j’aime demain le film de Philippe Garrel, je serai peut-être une pute.