De la Guerre de Bertrand Bonello débute par un postulat loufoque, celui d'un type, réalisateur approchant la quarantaine, qui focalise sur la mort et les cercueils ! Déjà, rien que ça ... Mais là ou Bonello pousse le délire, c'est qu'il entrouvre une porte sur on l'imagine un épisode bien perso, ne serait-ce que de par le nom de son personnage, sa profession, même Tiresia est invoqué à quelques reprises. Alors, il y va, il s'enferme dans l'objet de désir et en ressort encore plus chtarbé !
S'en suit un récital expérimental jouissif et corrosive, entre pathétisme et drôlerie acerbe distillé par la clique de cinglés devant et derrière la caméra. Guillaume Depardieu dont c'est l'un des derniers longs-métrages trouve un espace dingue pour exprimer son talent, sa démonstration oratoire sur l'époque est perché et illuminé par son impression bizarre qu'il inspire. Je m'étais déjà fait la remarque lorsque je l'avais vu dans le film de Rivette il y'a de cela quelques années, quel acteur ! Mathieu Amalric lui aussi regorge de folie dans son genre bien à lui. " - Faire quelque chose de beau, c'est faire quelque chose d'étonnant et puisque l'on ne fait jamais rien d'étonnant car ce serait prendre un risque, rien n'est beau. " Je paraphrase un peu, mais je respecte la folie passagère qui lui fais dire cela ( un pique est atteint question bonne tranche de rire ). Son, " - Mais si c'est grave, c'est très grave " après sa déclaration d'amour à sa copine ( Clotilde Hesme génial au passage ) sur fond de supermarché à aussi de quoi rivalisé. La guerre final dans laquelle il prend une part considérable m'a aussi pas mal amusé. De l'escargot à sa nage, son initiation à l'absurde par l'absurde est un symbole de farce unique. Le voir sur son banc, les bras en croix à accepter qu'il ne chantera jamais comme Bob Dylan reste tout de même son summum.
Asia Argento elle aussi démontre de réelle appétence dans ce personnage de gourou incitatrice de transe. Uma refuse et récuse le monde actuel et s'enivre de spiritualité dans ces lectures, pour elle seule ou partagé au plus grand nombre ... Une d'entre elle est particulièrement savoureuse, je suis en fou rire rien que d'écrire ça ici ! A contre courant ou non, cette secte du bonheur est habité par son envie d'un communautarisme d'ordre élégiaque. Je pleure, donc je suis heureux. Oui, tout est fou ...
De la Guerre à bien des égards se rapproche des premiers films de Bertrand Bonello mais annonce aussi sa mue en ce qui concerne la suite de sa filmographie avec des Œuvres de plus grandes ampleurs. On y retrouve un amour pour la langue française, tout comme de ses silences qui la sublime, une exubérance variable dans ce domaine. L'ambiance de fin du monde et d'abandon de la société est un conflit qui est intérieur à ce réalisateur qui ressort avec technique les morceaux les mieux taillés. Il choisit l'alternative, Nocturama m'a aussi fait ce genre d'impression par rapport à son impossibilité à communiquer de ses motivations / émotions, que seul la fin se doit d'être une option. Ce film traite néanmoins avec une façon plus " joyeuse " le problème. La place de la singularité dans le groupe, l'identité au sens large, l'appartenance au culte est vue comme une dérive accueillante, barge mais simple et accessible.
Un film monstre. Un petit totem à reprendre en cours un de ces quatre ...