Les histoires vraies ont en général un parfum particulier, et "Hatchi" ne déroge pas à la règle. Le sujet dévoilé à Lasse Hallström par Richard Gere lui-même a pourtant été vivement éreinté par la presse, résumant ce film à un homme, un chien, une rencontre, une heure de câlins puis le reste en deuil canin au cours de laquelle on hurle à la mort sur des violons. Désolé messieurs les journalistes, mais vous n’avez rien compris, et ne comprendrez jamais tant que vous n’aimerez pas les animaux en tant que… êtres vivants. Car ce SONT des êtres vivants à part entière, et qui vivent sur la même planète que nous les humains. Il faut dire que vous, les journaleux de bas-étage, éprouvez davantage de sentiments envers les écrits qu’envers les choses essentielles qui composent votre entourage, n’obéissant qu’aux appels incessants de la plume, instrument de votre appétit pécuniaire sans limite et qui fait de vous des pantins anonymes de l’argent et du renom. D’accord, vos écrits se révèlent nettement plus lucratifs qu’une osmose parfaite entre un compagnon à quatre pattes et un être humain. D’accord, le monde ne tourne que grâce au fric et aux histoires de mœurs, pour parler poliment. Et ça dure depuis la nuit des temps. Mais le cloporte, lui, colporte… Alors vous considérez que l’amour entre un chien et un homme n’a pas sa place ? Oh pardon, vous considérez que l’amour tout court n’a pas sa place ? L’Amour avec un grand A ? Bien sûr que si, et heureusement ! Heureusement car la vie sur notre bonne vieille planète n’aurait plus aucun sens. D’ailleurs il existe un dicton qui dit ceci : "plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien". Alors taisez-vous, vous les mécréants qui n’avez pas de cœur. Car oui, il aurait mieux valu que vous vous taisiez. Messieurs les journalistes, quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait. N’oubliez pas que l’intelligence, c’est comme les parachutes : quand on n’en a pas, on s’écrase. Je reconnais que "Hatchi" déborde de sentimentalisme, mais il ne tombe pas pour autant dans l’excès. Ce film est inspiré d’une histoire vraie. Une histoire vraie qui a touché des cœurs. Une histoire vraie qui a suscité des émotions. Du respect. De l’admiration. Suffisamment pour que des personnes rendent hommage à cette fidélité inouïe. Une statue de bronze a donc été dressée pour rendre hommage à ce chien et sa fidélité, devant la gare de Shibuya, arrondissement de Tokyo. C’est d’ailleurs devenu aujourd’hui un lieu de pèlerinage où les jeunes amoureux se donnent rendez-vous pour mutuellement prêter serment de fidélité. Car qui n’a pas rêvé d’avoir quelqu’un d’aussi fidèle dans sa vie ? Car c’est de ça qu’il s’agit : attachement, loyauté et amour inconditionnel. Autrement dit, des sentiments purs. J’en ai encore le frisson, d’autant plus que ça me rappelle une histoire de gosse : un cheval qui m’attendait tous les jours au coin du champ, tout près du point où je descendais du bus de ramassage scolaire. Le clavier sur lequel je tape cet avis est encore humide des larmes qui tombent encore. Ce film joue énormément sur les sentiments, et j’en frissonne encore. Le chien est évidemment incroyable, la mise en scène est poétique à souhait, la musique finit de vous tourner les sens, et Richard Gere est carrément énorme. Voulant révéler au monde entier cette belle histoire, qui a à l’époque sauvé la race canine des Akita Inu alors proche de l’extinction, l’acteur vedette a activement participé à la production du film. Et en tant que comédien, il a rendu une copie impeccable malgré ce rôle particulier. Remake du film japonais "Hachiko monogatari", "Hatchi" sait nous toucher au plus profond de notre être. Plus qu’un film sublime, c’est un film inoubliable, pas seulement réservé à un jeune public. Un film intergénérationnel.