Public Enemies est un film de gangsters plutôt solide de Michael Mann, même s’il reste un peu trop superficiel et en deçà de certains films du genre récent, comme Des Hommes sans loi.
Coté interprétation d’abord, c’est plutôt pas mal du tout. Bon Johnny Depp est un poil flegmatique quand même ici, c’est un peu dommage car il a un personnage qui aurait du lui permettre au contraire de livrer une interprétation nerveuse et intense, mais enfin, c’est tout de même convenable. Christian Bale pour sa part est très solide, très investi dans son rôle, et pique plus d’une fois la vedette à Depp. Il est réellement intéressant à suivre pour sa part, et se débrouille fort bien. A ses cotés je relève d’ailleurs l’excellente prestation de Stephen Lang. Pour le reste donc, on a Marion Cotillard. Non pas qu’elle ne s’en sort pas, loin de là au contraire, mais son personnage est malheureusement très largement occulté. En fait elle n’apporte rien au film, si ce n’est quelques passages qui plombent globalement le rythme du métrage au début. C’est regrettable qu’elle ait été sous-exploitée de la sorte.
Le scénario de Public Enemies est relativement plaisant, mais souffre de quelques défauts gênants. Le premier c’est un vrai manque de fluidité. Le film enchaine des passages sans de réelles transitions, sans harmonie narrative, et même si dans la deuxième partie les choses tendent à s’améliorer, la première partie en souffre clairement. Par ailleurs le métrage aurait pu, en s’attachant spécifiquement à une figure du banditisme, aller plus loin dans l’établissement de la complexité du personnage principal, essayer de décortiquer une réelle dimension psychologique, qui est ici trop surfaite. Pour le reste il ne faut pas nier à Public Enemies un rythme tout à fait appréciable, quelques bonnes surprises et une fin à la hauteur.
Visuellement le film se rattrape. Michael Mann livre une mise en scène aux petits oignons, qui fait des miracles dans les scènes d’action. Indéniablement il fait un travail remarquable, avec quelques fusillades qui en jettent réellement. La photographie et les décors sont ultra-classieux, avec une superbe reconstitution d’époque. Le budget a réellement était bien investi. De ce point de vue donc rien à redire. Quant à la musique, elle est un peu en dessous des attentes pour ce genre de film. Elle manque de diversité, et n’est pas non plus exceptionnelle, même si là aussi elle est passable.
Au bout du compte Public Enemies offre de très belles images, un travail technique quasi-irréprochable, au service d’une histoire un peu trop mineure finalement. Mann se fait plaisir c’est certain, mais c’est au détriment tout de même de l’approfondissement du personnage de Dillinger, et de l’inclusion effective et efficace de personnages secondaires à l’image de celui de Cotillard, qui ne présente vraiment pas beaucoup d’intérêt. Trop ambitieux peut-être, il essaye par ailleurs de contenir en moins de 2 heures une histoire vaste et à multiple imbrications, ce qui nuit plus d’une fois à la fluidité de l’ensemble. Quant au casting il est quand même un peu en dessous que ce qu’il promettait sur le papier, alors je donne un 3.5.