Les hommages aux classiques du cinéma western et de gangsters se sont multipliées ces derniers temps et Public Enemies se fond dans cette mouvance nostalgique et très attractive du cinéma contemporain. Pourtant, le spectateur lambda se rendra rapidement compte qu'il n'a pas à faire ici à un film banal et aux scènes maintes et maintes fois visitées. Avec Micheal Mann, on sait forcément que le film touche originale et particulièrement sombre, à en voir ses dernières réalisations (Collatéral, Miami Vice). Le bougre ne déroge pas à la règle et privilégie incontestablement la qualité à la quantité: un film tous les 2-3 ans, mais un film osé, mature et qui en jette un max. Public Enemies est tout ça à la fois et bien plus encore. J'ai été totalement bluffé par l'ambiance générale qui se dégageait de se film, étouffante et réaliste. A la fois rétro et drôlement moderne, blafarde, froide et violente, l’Amérique des années 30 n'aura jamais été aussi bien retranscrite. Pour réussir cette prouesse, Michael Mann a usé d'une mise en scène toujours aussi dynamique et extrêmement travaillée. Les scènes musclées ne manquent pas (fusillades, courses-poursuites) et cette incroyable histoire de traque sait aussi se montrer plus subtile, voir même émouvante. Un rythme parfaitement calibré et dosé. un montage nerveux et très professionnel, Public Enemies à en main toutes les cartes du succès... et sait les utiliser à bon escient! La caméra est survitaminée, parfois à la limite embarquée. Le ton visuel est incroyablement paufinée, le jeu d'obmre et de couleurs est glacé et fascinant. Le film s'est donné les moyens de reconstituer des décors très réalistes et fidèles à l'époque. Scénaristiquement parlant, le film tient là encore la route. Ne vous attendez certes pas à une prise de tête faramineuse et un labyrinthe tortueux d'évènements, l'histoire n’emprunte pas cette optique. Préférant le sensationnel aux expérimentations intellectuelles, l'histoire est suffisamment bien lotie pour nous tenir en haleine 2h durant. Un panaché de thriller noir, d'action mais aussi de drame psychologique doublé d'une histoire d'amour assez forte, jamais un braqueur de banque n'aura été autant attachant.Le film prend parti d'explorer les peurs, hésitations et actions du colossal gangster John Dillinger (joué par Johnny Depp), apparaissant avant tout comme une simple être humain. Face aux sentiments exacerbés et aux techniques parfois mal habiles des agents gouvernementaux, Public Enemies affiche une intrigue simple bien que très complète: Tandis qu'apparait en premier plan la traque de Dillinger et de sa bande de gangsters par Melvin Purvis, un agent froid mais extrêmement déterminé, d'autres évènements simultanés sont ingénieusement mis en scène: la création pour la moins difficiles et les prémices laborieuses du FBI par J.Edgar Hoover, les relations de Dillinger avec ses contacts mafieux et sa bande de gangster, l'abandonnant ou succombant peu à peu, l'histoire d'amour aussi étrange que puissante de Dillinger (quel dragueur!) avec Billie Frechette. Le film se penche aussi sur les émotions de ce héros braquage qui, à bout de souffle et à l'aube de sa brillante "carrière", va se retrouver sacrifier entre l'amour, l'argent, la notoriété, la fuite... autant d'éléments originaux et très bien retranscrits qui cassent littéralement le mythe du "méchant voleur d'argent", réveillant en nous un étonnant sentiment d'empathie.
Les interprétations sont remarquables: Johnny Depp est parfait dans le rôle de Dillinger, n'en faisant pour une fois pas des tonnes à la "Spparow". Christian Bale est aussi stoïque que d'habitude, presque basique, mais sans fausse note. La starlette Hollywood made in France, Marion Cotillard, ferme quant à elle la marche, avec une sensibilité et justesse.
N'hésitez pas une seconde, car sous sa houppette de superproduction un peu "démodée" se cache une œuvre bien plus charnue, à la fois atypique et classique. 16/20