Plouf.
Je préfère avouer ma partialité tout de suite. J’adore Michael Mann pour tout un tas de raisons. Il y a une dizaine d’années, j’avais vu ce Public Ennemies qui sur le papier était très alléchant du fait de sa combinaison Mann + Bale + Depp + grand banditisme. Je l’avais alors trouvé quelconque. Voici donc un deuxième essai. L’histoire est celle de John Dillinger, bandit de grands chemins, filou à fort potentiel, star médiatique. Autour de lui, des acolytes plus ou moins recommandables, célébrités de leur temps. Leur temps, ce sont les années 1930, période de vertige, de violence, de chute et construction. On suit donc John qui mène sa vie comme un conducteur de locomotive fait marcher sa bécane (c’est bien une référence au Mécano de la Générale). Il tombe amoureux et bien sûr, le pire ennemi du braqueur, ce n’est pas le flic, c’est la femme. C’est au départ intéressant de voir l’esthétique de Mann transposée à une époque qui n’est pas la sienne. Lui qui aime les hélicos, le chic, la transparence et le bruit numérique nous propose ici un objet qui est presque anachronique. Ça a du charme … mais ça ne fonctionne pas. Parfois, on se demande même ce qui peut motiver ce changement de lumière ou de couleurs sur telle ou telle scène. Ça heurte plus que ça ne réveille. Si on parle de ronron, on évoquera aussi un scénario brouillon qui ne sait pas bien où il va, probablement le résultat de la grève des scénaristes d’alors qui a empêché la réécriture d’une ébauche de scénar foireuse. Symbole de cet échec, la confrontation sans intérêt des deux adversaires. C’est clairement raté. Ratée aussi, la dramatisation des enjeux qui ne fonctionne pas faute de rythme adéquat. On pourra se consoler par quelques très belles scènes de course-poursuite qui nous rappellent qui est aux commandes. Quant à l’interprétation, ça ne colle jamais. Hormis Bale (très bien), les acteurs ne savent pas ce qu’ils font, surjouent ou sont absents, en particulier un Depp à côté de ses pompes et une Cotillard aussi agaçante que d’habitude. Avec un tel bilan, personne ne s’étonnera que le film soit jugé trop long. En clair, s’il doit y avoir un véritable échec dans la filmo assez impeccable de Michael Mann, le voici. Pas grave, perso, je ne lui en veux pas.