Le film surprend par la subtilité des relations entre nos flics (Richard Widmark et Harry Guardino) et leurs femmes. En particulier entre Richard Widmark et sa femme (Inger Stevens, dans le rôle de la femme au foyer parfaite) à la maison, puis à la réception organisée par la police où son mari la lâche (littéralement) ou son amie chanteuse (Sheree North, belle scène, courte, mais qui contribue à rendre le personnage de Richard Widmark sympathique, ou pas). Et aussi entre Henri Fonda et sa maitresse, Susan Clark, qui a de beaux dialogues, qui donnent lieu à la belle scène dans le parc. Et aussi l'unique scène entre son acolyte Harry Guardino et sa femme au téléphone (dont sa relation semble moins conflictuelle que les deux autres).
Il faut dire que leur préoccupation est de retrouver leurs armes de services volées par un psychopathe, très vite, sinon ils seront mis à pied.
La direction d'acteur est subtile et se remarque par le travail avec les seconds rôles: la performance de Don Stroud, personnage d'indicateur surexcité, Susan Clark ou Sheree North, ou le mutisme d'Henry Fonda. Le personnage d'Henry Fonda, droit dans ses bottes dans le rôle du commissaire à la vertu très élevée, mais mutique, qui parle peu. Et qui perd un peu de son aura lorsque l'on comprend que Susan Clark est mariée, et n'est donc pas sa femme.
La musique pêche un peu et parait peu piquante par rapport aux images. C'est le principal défaut du film. Elle date le film dans le début des années soixante (elle n'a pas le côté jazzy qu'apportera Lalo Schiffrin).
La thématique du film est sur le fait que ce que l'on voit cache toujours quelque chose: Henry Fonda, très vertueux, est impliqué dans une relation adultérine; Henri Guardino, le plus violent du duo, semble le mari parfait et prévenant avec sa femme; Richard Widmark, marié et aimant sa femme, file a une liaison épistolaire avec Sheree North et semble avoir deux femmes; Don Stroud en rabatteur de filles excité se révèle un indiceur de qualité; le chef de la police, James Whitmore, est impliqué dans un dessous de table. Le scénario est d'une richesse qui donne une saveur particulière à ce film.
Le format Techniscope est fluide, et Russell Metty donne à ce film policier une patine assez flamboyante. Don Siegel maîtrise son sujet, c'est indéniable. Don Siegel enchainera ensuite son premier, mais pas le dernier film, avec Clint Eastwood avec Un Sherif A New-York (1968).